

Assar Santana : Bouillon de culture
Elle a l’air d’une vraie lionne avec sa crinière fauve et son regard lointain. Mais Assar Santana est née sous le signe de la Balance, à Boa Vista, au Brésil.
Ralph Boncy
Elle a l’air d’une vraie lionne avec sa crinière fauve et son regard lointain. Mais Assar Santana est née sous le signe de la Balance, à Boa Vista, au Brésil. Juste à la frontière de l’Amazonie, le paradis des toucans multicolores et magnifiques qu’elle chante dans son nouvel album Ironia. "J’ai quitté très tôt le Brésil pour le Venezuela, précise-t-elle avec son accent si particulier. La musique m’est venue là-bas, à travers le théâtre qui était ma première vocation." Une artiste intense, pensive souvent, mais qui semble tout prendre avec calme et détachement comme si elle voulait se préserver de toute vanité.
Pourtant Assar en a bavé! Dieu sait qu’elle a bourlingué sur les scènes montréalaises. Comme percussionniste, à droite et à gauche, et comme leader de plusieurs formations féminines locales, dont l’une rassemblait Kat Dyson à la guitare et Susan Jackson à la basse. On peut la croire amère, car la dame Santana ressemble à ces femmes qui ont tant à dire, mais qui préfèrent se taire… Qui ont tant vu, mais qui contemplent un monde intérieur. "Il y a eu Zibuwa, Mistura Fina et deux moutures de Shamel, entre autres, se rappelle-t-elle. Avant, je jouais dans une tendance plus jazz; ça a beaucoup changé maintenant. Ce que vous allez voir est mon groupe le plus stable."
Et pour cause! En plus d’une trompettiste d’origine anglaise et d’un bassiste né à Cuba de parents brésiliens et français, la formation en question pourrait être les Nations unies de la musique québécoise, d’où émergent la saxophoniste chinoise Janet Lamb, la bouillante Denise Rachel du Lac-Saint-Jean aux claviers, sans compter le formidable batteur ivoirien Mohamed Coulibari, que la percussionniste a repéré dès son arrivée à Montréal.
"Mon idée était de rassembler le maximum possible de gens différents, non seulement par leur nationalité, mais aussi par leur formation musicale", avoue-t-elle sans détour. Un vrai melting-pot qui semble de plus en plus représentatif de l’environnement culturel.
"J’avais du mal à faire entendre ma musique. Maintenant, il y a beaucoup plus d’ouverture. Les gens à Montréal ont écouté énormément de choses diverses: les musiques caraïbes, africaines, le Buena Vista Social Club, même la pop latine. Les horizons se sont bien élargis." Assar sait de quoi elle parle: son fils joue du piano dans un groupe de compas haïtien.
De plus, il y aura des invités au Kola Note. Les guitaristes Harold Faustin, Geneviève Paris et Sylvie Paquette – qui chantent aussi – et le Sénégalais Bouba Fall, qui participera aux deux shows. "Le principe, c’est qu’ils viennent faire une ou deux chansons; ensuite, ils se greffent au band." Tout simplement.
Friande de contes et de littérature sud-américaine, notre poétesse a trouvé le moyen de publier deux romans et elle achève actuellement un troisième, dont le titre de travail est L’Envolée du condor. Va-t-elle lâcher le tambour pour la plume? "J’aime les deux, dit-elle avec une petite moue candide. Mais je n’ai pas vraiment de raison d’arrêter la musique: regarde Mongo Santamaria, il aura bientôt 80 ans. Il joue encore pourtant!" Pas folle, la lionne.
Au Kola Note
Les 17 et 18 novembre
Voir calendrier Jazz, Blues, etc.