Gilles Bernard : Le tour du chapeau
Musique

Gilles Bernard : Le tour du chapeau

Le pianiste de jazz québécois GILLES BERNARD vient de faire paraître en novembre un nouveau disque, Le Chapeau de ma soeur. Un album frais, plein de lumière, où le lyrisme et l’intériorité font un bel équilibre avec les formes plus ouvertes et l’énergie des rythmes latino-américains.

La critique est enthousiaste, chaleureuse à l’endroit du dernier disque de Gilles Bernard, Le Chapeau de ma soeur. Elle traduit le plaisir relativement à la réussite de l’oeuvre, mais aussi le respect face à une démarche qui s’étend sur plus de 25 ans. Le pianiste exprime ainsi son sentiment vis-à-vis ce disque: "On dirait que ça a mûri… Je suis satisfait de voir jusqu’où les pièces ont été amenées. Le disque a rendu l’essentiel, les éléments que je voulais voir sortir: l’architecture de tout ça, un certain espace, une respiration… le romantisme… une façon de faire chanter le piano." Le disque, pour reprendre une expression consacrée, est une carte de visite, mais ne remplace pas le concert.

Pour le musicien de jazz, si le disque peut avoir une vie autonome, il n’est rien s’il ne débouche pas sur le concert. Le disque apparaît comme une sorte de partition, qui devient référence, non pas pour la répéter, mais pour la sublimer, pour la transgresser. Le quartette de Gilles Bernard est une formation stable: Alain Boies (saxophones), Pierre Côté (contrebasse) et Raymond Drouin (batterie) sont de vieux renards, de fidèles complices. Gilles Bernard exprime sa fébrilité à la veille du concert à venir: "Ce qui m’anime le plus, c’est l’envie de continuer, le fait qu’un disque peut permettre de jouer." Il souhaite donner des concerts à Montréal, en Europe, et qu’il n’y ait pas de nouveau disque sans le mûrissement que permet une série de concerts: "C’est en concert que le groupe progresse. Ça nous permet d’être à notre meilleur. Il se produit un échange d’énergie entre le public et les musiciens. Le seul succès, c’est celui d’après le concert."

Le vendredi soir 8 décembre, le quartette de Gilles Bernard se produit en concert à la Maison de la Chanson. Nous pourrons entendre l’intégrale ou presque du Chapeau de ma soeur, quelques pièces du disque précédent, Mot, deux pièces de Noël intégrant des rythmes sud-américains comme le tango et la bossa nova, regroupées sous le titre Noël au Pérou et enfin deux pièces de musiciens de Québec ayant marqué la scène du jazz ici: Maurice Bouchard et Raynald Drouin. Bernard affirme qu’il existe de nombreuses pièces écrites par des musiciens de Québec, mais qui restent méconnues faute d’enregistrement.

La vie de musicien de jazz n’a jamais été facile à Québec. Plusieurs musiciens sont souvent demeurés dans l’ombre faute de lieux pour jouer. Gilles Bernard tient à évoquer la vitalité et l’effervescence des années 70 et 80, une sorte d’âge d’or. Il tient à se situer par rapport à une génération, par rapport à une tradition. Dans les années 70, des musiciens comme Bouchard et Drouin ont exercé une sorte de leadership, dégageant beaucoup de charisme. Leur exemple suffisait à donner confiance: "On arrivait dans un moment où l’école n’existait pas. Eux, ils ont ouvert le chemin. Allez-y! Avec toutes vos illusions." Les musiciens n’ont pas tardé à s’ouvrir à tout: musique d’avant-garde, musique noire d’Amérique ou d’Afrique. Mais, Bernard insiste pour le dire: "On a par-dessus tout accordé une place primordiale à la mélodie." Le Chapeau de ma soeur s’inscrit donc dans cette continuité et le concert du quartette de Gilles Bernard ne peut qu’illustrer comment cette musique se conjugue au présent.

Le 8 décembre
À la Maison de la Chanson
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