

La Bottine Souriante/Mes Aïeux : Swinguez votre compagnie
Nous avons parlé à Éric Desranleau (Mes Aïeux) et à l’incontournable Yves Lambert (La Bottine Souriante). Deux générations. Quatre questions.
Claude Côté
C’est connu, la région de Lanaudière est le berceau de la musique traditionnelle au Québec. C’est connu aussi, depuis l’émergence du super groupe La Bottine Souriante et des Productions Mille Pattes, plusieurs autres ont vu le jour: Les Batinses, La Vesse de Loup, Chasse-Galerie, La Volée d’Castors; tous revendiquent une musique traditionnelle renouvelée, vivante, tout sauf nostalgique. Chaque année depuis dix ans s’ajoutent de nouveaux groupes "trad" qui côtoient l’emblématique Bottine. Mes Aïeux est l’un de ceux-là. Sur scène, les cinq trentenaires sont costumés et incarnent des personnages: le curé, l’Indien, le diable, le coureur des bois et l’ange. Les Village People du "trad"? Nous avons parlé à Éric Desranleau (Mes Aïeux) et à l’incontournable Yves Lambert (La Bottine Souriante). Deux générations. Quatre questions.
Le temps des Fêtes est-il le seul moment pour apprécier la musique traditionnelle?
Yves Lambert: Lorsqu’on se produit à l’extérieur du Québec, il n’y a personne qui dise: "Tiens! Voilà un groupe du jour de l’An!" Nous sommes considérés comme un groupe à part entière avec un produit musical complètement artistique. Au Québec, c’est le contraire: nous sommes étiquetés "temps des Fêtes" et je trouve que c’est un réflexe de colonisés. Par souci de modernisme, les créateurs, les médias, la télé, pour être à la mode, font fi du patrimoine musical. Pourtant, tout part de la tradition, c’est Salvador Dali qui l’a dit; si tu t’en coupes, tu te retrouves suspendu dans les airs.
Éric Desranleau: Les gens sont confondus à cause d’un instrument: le violon. Le trip rigodon. Nous, on traite de toutes sortes de sujets, qui ne sont pas liés aux Fêtes. Mais là, on va tout de même se mettre dans l’ambiance.
Pourquoi y a-t-il autant de nouveaux groupes du genre?
YL: Sans se vanter, La Bottine a un peu ouvert la voie, mais les jeunes ont aussi surmonté les préjugés face à la musique traditionnelle. Ils en ont saisi l’importance et ont découvert un style musical qui leur est propre: en la modernisant à leur goût, ils veulent rendre hommage au passé, et ce, même s’ils ne bénéficient pas d’une large diffusion. S’il y a eu une mode, c’était avant le référendum, durant les années 70: tous les chanteurs pop jouaient de la cuillère à un moment donné dans leur show.
ÉD: On a besoin de garder nos racines parce qu’on est enseveli de tous bords, tous côtés de musique anglophone, plus souvent qu’autrement commerciale. C’est un peu en réaction à ça. On veut préserver notre patrimoine, mais ce n’est pas un geste politique. Disons que c’est par patriotisme.
Qu’est-ce que ça prend pour faire un bon groupe de musique traditionnelle?
YL: Il s’agit d’abord de se trouver une personnalité (lire se démarquer), d’avoir de bonnes idées, mais aussi d’avoir une source où puiser. Il y a des pièges à éviter, comme de jouer au vieux. Il faut aussi savoir développer. Musicalement, les jeunes sont plus talentueux: notre violoniste André Brunet a juste 23 ans et il joue comme un diable! Faut être bon conteur aussi.
ÉD: Je ne pense pas qu’on soit un groupe de musique traditionnelle puisqu’on pige autant dans la chanson française que dans la musique latine. En créant des amalgames de genres, on est plus dans le folklore. On ne reprend pas de vieilles chansons comme le fait La Bottine, sauf la pièce Dondaine, où on essaie de faire une espèce de drum’n’bass!
Qu’est-ce qui fait un bon show?
YL: Une bonne cohésion. De bonnes chansons. De bons arrangements. De bonnes intros. Savoir faire le lien entre des chansons traditionnelles à répondre, et la façon contemporaine de les jouer. Même si j’aimerai toujours un vieux violoneux dans sa cuisine, faut être conscient que tu fais de la scène et pas de la cuisine. Faut que ce soit percutant.
ÉD: Nous, ce qui nous intéresse, c’est raconter des histoires. Faut dire que sur scène, nous sommes costumés et que la moitié des musiciens du groupe sont aussi comédiens, que notre percussionniste est un gros tripeux de djembé et de bongos; bref, on mélange le tout.
Mes Aïeux
Le 30 décembre
Au Cabaret
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La Bottine Souriante et ses neuf musiciens avec la danseuse Sandy Silva, une danseuse de flamenco et un danseur à claquettes; en première partie, Joaquim Diaz.
Les 30 et 31 décembre
Au Centre Pierre-Charbonneau
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