DJ Maüs : Soeur sonique
Musique

DJ Maüs : Soeur sonique

Avec ses vinyles sous le bras et un disque à son actif, DJ MAÜS s’est promenée un peu partout en Europe l’an dernier. On a profité de sa première incursion dans la salle principale du Sona pour faire le point avec elle sur cette année de rêve et sur ses projets.

On la connaît depuis quelques années pour son dévouement total au drum’n’bass. On voit régulièrement ce petit bout de femme derrière les tables tournantes du Laïka, du Blizzart et dans plusieurs événements techno. Après avoir lancé son premier disque mixé l’an dernier, Intersections, Louise Gauvreau, alias DJ Maüs, semble être passée dans les ligues majeures, puisqu’elle bourlingue à présent aux quatre coins de l’Europe (au moment de l’entrevue, elle revenait tout juste d’Allemagne). Une autre étape importante sera franchie vendredi: elle prendra le contrôle pour la première fois de la salle principale du Sona lors d’un set beaucoup plus techno. "Je suis encore plus nerveuse de jouer au Sona que devant une foule en Allemagne", confie celle qui a spinné, au cours des derniers mois, en France, en Espagne, au Portugal et en République tchèque.

Entre deux gorgées de café au lait, la D.J. se remémore d’ailleurs les grands moments de cette année de rêve: "C’est vraiment la tournée du MEG [avec Les Jardiniers, entre autres] qui a été mon tremplin vers l’Europe. Depuis cet événement, je me rends régulièrement là-bas. Puis, il y a eu le disque. C’est tout un accomplissement. C’est certain que j’aurais aimé faire mieux, mais c’est derrière moi."

De plus en plus connue ici comme en Europe, DJ Maüs se retrouve à la croisée des chemins. Après avoir mixé pendant des années les pièces des autres, elle veut maintenant produire sa propre musique. Elle parle d’ailleurs avec enthousiasme des projets qu’elle prépare avec son partenaire Olivier Baier. Pour une fille "impatiente qui a de la difficulté à rester en place", c’était tout un choc de s’enfermer pendant de longues heures dans un studio pour concocter de nouvelles sonorités. "J’ai eu énormément d’apprentissage à faire en studio parce que je n’ai pas de background musical. J’ai dû me donner une couple de claques pour me pousser parce que j’aime les choses qui se font vite, qui sont spontanées. Et j’ai l’habitude de travailler avec le public, d’avoir une drive. Toute seule devant des machines, j’ai l’impression de tomber dans le vide…"

On va toutefois devoir attendre un peu avant d’entendre les premières compositions de DJ Maüs. Pour Louise, il est capital de prendre le temps qu’il faut afin de sortir un produit à son goût. Elle promet cependant quelques maxis d’ici la fin de l’année, pour attiser le désir du public. Mais à quoi cela va-t-il ressembler? "On cherche encore notre son, on fait des jams… On travaille en ce moment sur une pièce électro, on se promène dans le drum’n’bass. On veut avoir des chanteurs, des musiciens invités."

Avec ces nombreux projets, DJ Maüs espère surprendre, étonner son public qui est habitué à l’entendre spinner du drum’n’bass. Malgré tout, elle se demande si ce dernier va la suivre, même si elle ne s’est jamais confinée dans ce style musical. Dans les petites soirées, elle a souvent exploré, entre autres, le down-tempo, le house ou le breakbeat. Mais le doute demeure quand même présent… "D’après moi, un musicien ou un D.J. ne doit jamais se limiter à un seul genre. Inconsciemment, je suis en train de vérifier justement si mon public veut me suivre, même si je pars dans une autre direction. Généralement, j’ai toujours réussi à faire passer les choses que j’aimais." Selon Louise, la chose la plus importante, c’est de se faire plaisir, bien sûr, mais il faut également créer une synergie avec le public, le faire danser: "J’espère que j’apporte aux gens un moyen de se libérer, que je leur transmets ce que la musique me fait à moi."

Il faut dire que le fait de côtoyer les Européens a permis à DJ Maüs d’ouvrir encore plus ses horizons. Au cours de ses nombreux déplacements, elle a eu l’occasion de profiter d’une foule d’opportunités qu’elle n’aurait jamais pensé vivre auparavant. Comme cette visite à Lisbonne, au Portugal, où on lui a demandé de jouer pour un défilé de mode d’Yves Saint-Laurent. Avec une collègue bulgare, elle a dû se débrouiller avec les moyens du bord pour ajouter de la musique aux chorégraphies. Malgré son côté improvisé et un peu bordélique, ce défilé a donné le goût à Louise de pousser peut-être plus loin cette aventure: "J’aimerais beaucoup travailler dans le monde de la mode, préparer des sets ou des pièces spécifiques pour des défilés. Cette expérience m’a rappelé qu’à 16 ans, c’est ce que je voulais faire, des performances multimédias…"

Justement, est-ce que la fille de 16 ans croyait qu’un jour, elle ferait bouger les Européens? Pas du tout, répond tout de go DJ Maüs. "Je pensais m’en aller en danse: je croyais que la musique m’inspirerait pour inventer des mouvements et non que j’allais faire moi-même de la musique!"

Le 12 janvier
Au Sona
Voir calendrier D.J.