Projet Mozart : Le grand oeuvre
Musique

Projet Mozart : Le grand oeuvre

Ceux qui aiment Mozart, sa musique, son univers seront servis cette semaine. En effet, Pierre Jasmin, professeur et musicien, présente, et ce gratuitement, son Projet Mozart, une série de récitals-conférences sur le grand  compositeur.

Que dire de la semaine musicale qui vient, sinon qu’elle est riche par la diversité de ce qui nous est proposé, bien qu’un grand maître de la musique y occupe une large place.

Depuis hier, et jusqu’au 28 mars, se tiennent les concerts du mercredi midi, à midi quinze, dans le hall du Centre Pierre-Péladeau. Dans le cadre de ce Projet Mozart, le musicien et professeur Pierre Jasmin exécutera trente pièces pour piano seul du compositeur, dont les dix-huit sonates, le tout réparti en neuf mini-récitals.

Interrogé au téléphone sur le public à qui la série est destinée, le pianiste déclare: "C’est pour toute la communauté universitaire – un couloir relie l’UQAM au hall du Centre Pierre-Péladeau -, les gens du Quartier latin, les jeunes surtout; c’est pour eux qu’on a voulu que ce soit gratuit."

En plus d’aborder de grands thèmes propres à l’univers du compositeur (thèmes sur lesquels le musicien-professeur livrera des propos quelques minutes avant l’exécution des oeuvres au programme), ce Projet Mozart a une autre raison d’être. "C’est aussi une démonstration irréfutable de ce que j’appelle la théorie du supra-rythme, c’est-à-dire la théorie de la hiérarchie rythmique dans la musique, faisant alterner mesures fortes et mesures faibles, que l’on retrouve aujourd’hui dans les chansons populaires. C’est ce qui explique leur succès d’ailleurs, c’est ce que les gens aiment entendre, ce qu’ils s’attendent à entendre." Ces explications sont accompagnées d’exemples qu’entonne Jasmin au bout du fil, comme les variations sur Ah vous dirai-je, maman, avec enchaînement sur la musique de Gaston Rochon pour Gens du pays.
Parmi les thèmes choisis, on peut également signaler celui, surprenant, du féminisme du compositeur (7 février). "Mozart était-il féministe? C’est une question qu’on peut se poser, à propos des personnages féminins de ses opéras, et que j’ai déjà soulevée. Je tenterai donc de poursuivre, confie Jasmin, l’exploration que j’ai entamée dans les notes accompagnant un CD d’Ivo Pogorelich… "

Le jour de la Saint-Valentin, quoi de plus pertinent que d’évoquer les amours de Wolfgang? On remarque toutefois au programme une pièce intitulée Marche funèbre del Signor Maestro Contrapunto. "Sans doute un choix curieux, admet Jasmin, mais une belle démonstration des jeux de l’amour chez Mozart, un adieu aux anciennes amours pour passer à la fidélité à son épouse." Enfin, qui aurait pensé à examiner la diversité culturelle chez Amadeus? C’est pourtant le thème du récital du 28 février. "On a tendance à oublier cette ouverture au monde chez lui, mais on n’a qu’à penser à son opéra L’Enlèvement au sérail, entre autres, pour s’en rendre compte."

Tous les autres thèmes mériteraient d’être mentionnés, mais passons au dernier récital, celui du 28 mars, où il sera question de la place de la politique dans l’oeuvre du compositeur. "Liberté, égalité et fraternité, ce sont bien des idéaux de Mozart, comme en témoignent ses opéras. On voudrait lui coller cette image d’esthète, et le confiner à cela; mais ce serait occulter tout un aspect de son oeuvre et de sa vie. N’a-t-il pas abouti dans la fosse commune?"

Quant au musicologue Claude Dauphin, il se penchera sur les caractéristiques proprement musicales des oeuvres; et, à la fin de chaque récital, Jasmin et lui s’efforceront de faire une synthèse des propos qu’ils auront chacun tenus.

Des invités spéciaux seront aussi présents. La liste serait trop longue pour les citer tous. Mentionnons donc Maryvonne Kendergi le 14 février, qui représentera les Artistes pour la paix, et le syndicaliste Michel Chartrand le 28 mars.

Les Noces de Figaro
Depuis hier également, et jusqu’au samedi 27, Dixie Ross-Niell, directrice d’Opéra McGill, nous convie aux Noces de Figaro. Il s’agit bien sûr de l’opéra Le Nozze di Figaro, premier fruit de la collaboration entre W.A. Mozart et le librettiste Lorenzo da Ponte, et premier des grands chefs-d’oeuvre destinés à la scène, par Mozart, où théâtre et musique ne font qu’un. Créée à Vienne en 1786, cette commedia per musica, ou comédie en musique, en quatre actes s’inspire de la pièce de Beaumarchais au titre révélateur de La Folle Journée ou Le Mariage de Figaro. (En fait, c’est aussi la suite, si l’on peut dire, du Barbier de Séville que Rossini allait faire créer à Rome en 1816.)

Que se passe-t-il donc durant cette "folle journée"? Au lever du rideau, dans une chambre du château du comte d’Almaviva, Figaro, valet du comte, et Suzanne, servante de la comtesse, sont à préparer leurs noces prochaines. Mais les jeux de l’amour étant ce qu’ils sont, leur union devra surmonter les différents obstacles que lui opposeront Marcelline (qui détient une promesse de mariage que Figaro a signée en reconnaissance d’une dette), Chérubin (amoureux de la comtesse qui souhaite que Suzanne intervienne en sa faveur auprès du comte), le comte d’Almaviva (qui poursuit Suzanne de ses assiduités) et Bartolo (qui aimerait se venger de Figaro qui l’a jadis berné). Interviendra aussi Don Basile, le maître de chapelle, qui fera part à Suzanne de la passion de Chérubin pour la comtesse, sans savoir que le comte est caché mais entend tout… À la suite d’une série de quiproquos avec rendez-vous secrets (et manqués) et travestissements, les maris jaloux reconnaîtront finalement leurs torts et tout le monde se réconciliera!

Tous les rôles seront interprétés par des étudiants de la Faculté de musique de l’Université McGill; Tania Miller sera à la tête de l’Orchestre symphonique de McGill, et Guillermo Silva-Marin assumera la mise en scène.

Henri Pousseur
Ce soir et demain, les Visages 3 et 4 d’Henri Pousseur nous sont offerts. Célèbre dans les années 60 pour sa fantaisie variable genre opéra Votre Faust (avec la collaboration de l’écrivain Michel Butor) et toute une série d’oeuvres gravitant autour de cet ouvrage comme Échos de Votre Faust, le compositeur belge, maintenant âgé de 71 ans, a accepté l’invitation de l’Ensemble Contemporain de Montréal et du Conservatoire de musique de Montréal, et participe depuis quelques jours déjà à toute une série d’entrevues, conférences et concerts (représentant les Visages 1 et 2). Ce soir, 20 h, au Conservatoire, le Trio de Liège donne un concert conjoint avec l’ECM_relève, sous la direction de Véronique Lacroix; à l’affiche: Sur le qui-vive d’Henri Pousseur (texte de Michel Butor) et Tierkreis de Karlheinz Stockhausen. Demain, à 20 h, la classe d’interprétation de musique contemporaine du Conservatoire se produit dans un concert Pousseur Grands Formats, dirigé par Véronique Lacroix et Jean-Pierre Peuvion; au programme: la Seconde Apothéose de Rameau et Icare apprenti.

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