

Retour de son : RenaudConga
Nicolas Houle, Thierry Bissonnette
Renaud
Le 18 janvier, à la salle Louis-Fréchette
Le refus de toute promotion et l’absence de promesses n’ont pas empêché Renaud de remplir le Grand Théâtre de spectateurs et d’une électricité peu commune. Accueilli par une ovation debout à la mesure de ses huit années d’absence ici, Renaud n’était pas là pour surprendre, mais pour des retrouvailles légitimes avec ceux qui l’aiment, ce qui fut bien réussi. Dès la Ballade de Willy Brouillard, on est toutefois frappé par le vieillissement un peu difficile de l’individu, légèrement voûté, faisant monter ses syllabes finales avec peine. Mais comme à travers un miroir brisé, on réintègre finalement en entier l’univers que nous partageons avec Renaud, dans une atmosphère moins intime que prévu puisqu’une boîte à rythmes s’ajoute au fabuleux travail du guitariste Jean-Pierre "Titi" Bucolo et du pianiste Alain Lanti. Tour d’horizon d’un répertoire toujours aussi pertinent, la soirée sera aussi l’occasion d’entendre deux des rares nouvelles chansons: Boucan d’enfer, assurément sa plus glauque à vie, écrite après que sa femme eût claqué la porte, puis Elle a vu le loup, qui ne manquera pas de susciter la controverse en France. L’auteur s’y adresse à sa fille par le détour de sa séduisante copine de 15 ans qui vient de perdre sa virginité, avec une ambiguïté qui se résout en pure finesse d’écriture. Si Renaud n’a plus beaucoup de chances d’attirer un nouveau public avec ses prestations, son prochain disque sera probablement une grande révélation. (T.B.)
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Conga
Le 18 janvier, à l’Université Laval
On aura eu droit à une soirée enlevante pour cette finale du Conga. Jouant d’audace en se présentant avec un spectacle presque entièrement différent de celui qu’il avait offert mardi dernier et affrontant avec beaucoup de professionnalisme les maintes tuiles qui lui sont tombées dessus tout au long du spectacle – problèmes de sono, d’éclairages et d’équipement – le Kitchose Band a été le grand gagnant. Les textes débridés et les musiques acoustiques métissées du groupe montréalais ont peu à peu conquis le public qui lui avait réservé un accueil plutôt froid. La lutte aura été serrée toutefois, Pat the White et sa bande, bons deuxièmes, ont offert une performance redoutable, s’acoquinant aisément la foule à force de soli réussis, parvenant ainsi à éclipser les quelques longueurs ou répétitions que comportaient certaines de leurs pièces. Quant au groupe Jack of All Trades, si dans l’ensemble sa performance était supérieure à celle de son show précédent, ses faiblesses étaient plus évidentes: ses compos, qui oscillent d’un style à l’autre sans contourner les clichés du genre, trahissent son identité musicale mal définie. À quand les albums ? (N.H.)