

Petru Guelfucci : La vita è bella
Après s’être éclipsé de la scène québécoise durant plus de quatre ans, PETRU GUELFUCCI revient au Québec avec un nouvel album sous le bras, Vita, curieux de savoir ce qu’il reste de ses amours avec la Belle Province.
Nicolas Houle
Depuis la parution de l’album Corsica et de la chanson du même nom qui avait séduit le Québec tout entier, Petru Guelfucci s’est fait fort discret. Ce n’est pas tellement de son gré, remarquez. C’est plutôt attribuable à ses interminables ennuis avec les compagnies de disques. Il eut d’abord, on s’en souviendra, un très long litige avec la compagnie BMG concernant ses droits d’auteur pour l’album Corsica, litige qui a considérablement nui à la parution et à la promotion de l’album subséquent, Memoria. Pour y remédier, Guelfucci a décidé de signer chez EMI. Peine perdue, l’histoire s’est répétée autrement: pas le moindre soutien n’a été accordé à la parution de Vita, son plus récent album. "Là, il n’y en a plus de maison de disques! lance Guelfucci avec fermeté. On a cassé le contrat avec EMI, je fais donc tout tout seul. Ils n’ont pas voulu de clip, ils n’ont rien voulu, et c’est pour ça que le disque est passé tout droit ici. Alors, je trouve des gens ici qui veulent de moi pour relancer le disque et l’accompagner d’une tournée."
La vita continue…
Qu’a donc fait Guelfucci durant ces longues années de silence? Il a poursuivi son chemin sur la route qu’il a toujours empruntée, pétrissant tantôt les rimes avec l’émotion qui lui est propre, cultivant tantôt les produits de sa terre natale avec beaucoup de souci. "En plus du miel et en plus de la farine, maintenant, j’ai des cochons, raconte-t-il avec un entrain qui illumine son visage tout entier, faisant de grands mouvements avec les deux mains solides qui trahissent son emploi du temps. Je ne dis pas ça pour faire bien ou pour faire différent, mais ma vie, c’est l’agriculture d’abord. Là on a ramassé les châtaignes. On va les mouliner bientôt pour faire de la farine…"
Bien sûr, Guelfucci est demeuré le même homme, cet apiculteur passionné à l’oeil pétillant, ce nationaliste réfléchi qui n’hésite pas à vous décrire de long en large la situation de sa Corse chérie, ce chanteur amateur de la polyphonie vocale. Mais durant cette période où il s’est éclipsé, bien des choses ont changé chez lui. Son plus récent album, Vita, en témoigne: sa musique s’est nourrie des autres cultures qui sont venues visiter son petit village à l’occasion de festivités musicales, et ses textes, toujours fidèles à sa langue natale, sont devenus plus personnels que jamais. "Il y a eu pas mal de passages dans ma vie, confie-t-il. Il y a eu un divorce, il y a eu la disparition de mon père, il y a des amis à moi qui sont morts… En quelque part, ça a été le début d’autre chose. Pour moi, cet album est quelque chose de très fort. C’est très différent de Corsica, où il y avait un titre fort qui se démarquait des autres. C’est un album qui forme un tout."
S’il est heureux de revenir au Québec, Guelfucci n’en est pas moins angoissé. Que restera-t-il de son histoire d’amour avec Québec? Les Québécois se rappelleront-ils de lui? Accepteront-ils les chansons de son nouvel album? Autant de questions qui tiraillent continuellement le chanteur et qu’il ne parvient à taire. C’est que bien que Corsica ait été pour lui une sorte de consécration, la chanson est également devenue une espèce de boulet, une ombre sur son travail actuel. Mais le chanteur corse dit tout de même bien vivre avec ce poids et, qu’importe le résultat de cette tournée, il est là pour rester: "D’une certaine façon, tout le monde m’attend au tournant et attend la chanson qui sera peut-être supérieure ou au moins égale à Corsica. Franchement, je n’ai pas envie de tomber là- dedans. Je ne suis pas un faiseur de tubes, je ne vends pas des lessives! J’essaie d’être un artiste avec mes tripes. J’essaie de faire rêver les gens, de faire connaître mon pays comme je le vois et comme je le vis. Si ça ne plaît pas, tant pis! Ce sera un disque de plus dans mes tiroirs… Je ne vais pas me flinguer! Reste que j’angoisse tout de même: si le public ne répondait pas, ce serait une claque…"
Le 4 février
À la salle Albert-Rousseau
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