Diane Dufresne : Rebelle de jour
Musique

Diane Dufresne : Rebelle de jour

Après une série de spectacles intimistes, Diane Dufresne, femme des extrêmes, revient présenter, en compagnie de l’OSQ, Couleurs symphoniques, un spectacle grandiose. Émotions et extravagance seront au rendez-vous.

Couleurs symphoniques

marque un tournant important dans la carrière de Diane Dufresne. Le spectacle au titre évocateur rappelle les préoccupations qui animent désormais la chanteuse. Elle accorde effectivement de plus en plus d’importance à sa carrière de peintre, comme en témoignent les expositions qu’elle présente actuellement à Montréal et à New York. Pour l’artiste, chanter et peindre sont deux métiers qui s’accordent très mal: "Chanter, c’est la prison; peindre, c’est la liberté. Quand je peins, personne ne me regarde; c’est pour ça que je parle de liberté. Les deux ne se marient pas tellement", lance Diane Dufresne, rencontrée par un frileux après-midi de décembre que le soleil réchauffe timidement.

Couleurs symphoniques, par son concept, comme par son titre, séduit pourtant et la chanteuse et la peintre. D’abord parce que Diane Dufresne travaille avec Gilles Ouellet, un créateur à qui elle accorde toute sa confiance; ensuite parce que travailler avec l’Orchestre symphonique de Québec – c’est-à-dire avec près de 65 musiciens sur scène – représente une extraordinaire palette de couleurs propice à un traitement fabuleux pour la sonorité de ses chansons. Dufresne et Ouellet se sont connus en 1988, lorsqu’ils avaient créé le spectacle Symphonique’n’roll présenté au Colisée de Québec. La chanteuse insiste sur le talent de créateur de Gilles Ouellet qui fera les orchestrations de ses incontournables succès. "Comme le dit mon mari Richard Langevin: "Ça me rassure de voir des gens comme Gilles qui, dans leur tête, peuvent inventer toute cette musique. Il y a des gens qui font la guerre; d’autres qui inventent la beauté.""

Diane Dufresne n’a pas voulu dévoiler le titre des chansons qu’elle interprétera lors du spectacle; pour ne pas vendre la mèche, mais surtout, précise-t-elle, "parce que ça appartient au public". Il est certain cependant que l’émotion qu’elle seule sait livrer sera au rendez-vous et que ses "remerciements symphoniques" envers son public seront inoubliables. La Diva réserve à l’auditoire de nombreuses surprises. Sur scène, les arts visuels s’intégreront au spectacle puisqu’on pourra apercevoir quelques-uns de ses tableaux. Des créateurs viendront de surcroît parfaire l’ensemble: Richard Langevin, Éric Villeneuve, et les éclairagistes. Madame Dufresne insiste pour dire que le spectacle est l’oeuvre de tous ces gens: "Je fournis les points de repère et les autres créateurs font le reste. C’est un travail d’équipe."

Cette approche multidisciplinaire rejoint d’ailleurs à merveille ce qu’elle considère comme le véritable métier de chanteur. Ses grands succès, Le Parc Belmont ou Oxygène, par exemple, ont un côté théâtral; chacun porte en lui une petite histoire, ce qui n’est pas toujours le cas pour les chansons actuelles. "Maintenant, on n’interprète plus, on chante des chansons, ce qui est bien; mais c’est une autre histoire. Chaque chanson doit posséder sa couleur, son environnement." Les disques Détournement majeur, Diane Dufresne et Merci, paru l’an dernier, témoignent d’ailleurs de cette appropriation des chansons grâce à une nouvelle dimension de cette artiste aux multiples facettes: l’écriture. Après avoir longtemps incarné les chansons de Luc Plamondon, l’interprète a voulu livrer les secrets de son coeur. Son répertoire, au bout du compte, est très varié. Diane Dufresne, pour sa part, confie maintenant que sa capacité à interpréter autant de styles, sa polyvalence, lui vient "parce que ça me motive, parce que je suis sûrement plusieurs aussi. J’ai plusieurs caractères. Alors je pense que ça correspond à ce que je suis".

Chose certaine (et le fait qu’on ait dû déplacer le concert de la Place des Arts au Centre Molson tend à le prouver), le public de Diane Dufresne lui est toujours très fidèle. Certaines personnes ont même confié à la chanteuse qu’elle avait transformé le cours de leur existence, des femmes surtout. Il est certain qu’à travers les oeuvres de Plamondon, elle a défendu certaines causes à caractère féministe puisque les textes montrent une femme libérée des carcans ancestraux (L’Homme de ma vie, Oxygène, Une fille funky, etc.). La chanteuse affirme: "Je ne sais pas si j’ai aidé à l’émancipation des femmes. Je suis quelqu’un de très sauvage, qui n’est pas très sociable. Mais quand je sors, j’en rencontre qui me disent des choses qui me surprennent. Un jour que j’accompagnais quelqu’un à l’hôpital, une infirmière m’a dit: "Vous ne savez pas tout ce que vous avez fait pour moi." Je n’en reviens pas. Tant mieux si je peux aider les femmes. J’aimerais aider les femmes, les enfants, les pompiers, ajoute-t-elle en riant. Mais c’est la femme qui fait le monde."

Pour ce qui est de l’aspect plus provocateur de sa personnalité, et du tumulte qu’elle a parfois suscité, Dufresne affirme: "Moi, quand je suis montée sur scène les seins nus ou les jambes écartées, c’était parce que je ne voyais pas clair. C’est-à-dire que je viens sur une patte et que je retombe sur l’autre… Ça n’a jamais été fait pour provoquer. Je me suis avant tout provoquée moi-même."

Le 18 février
Au Centre Molson
Voir calendrier Rock et Pop