Pocket Dwellers : Métisser sa toile
Musique

Pocket Dwellers : Métisser sa toile

Le génie des Pocket Dwellers tient moins à leur inventivité qu’à une capacité hors du commun d’homogénéiser différentes sonorités. Il en ressort une musique à la fois léchée et invitante. Un appel à l’esthétisme, à l’amour et à la fête en paroles et en musique.

Acid jazz, hip-hop, rock, R&B et soul sont passés au tordeur des Pocket Dwellers pour en ressortir reverdis et parsemés d’une touche franchement intemporelle. Ils voguent sur le funk de Maceo Parker et James Brown, effleurent le cool jazz des Davis et cie tout en conservant une facture plutôt moderne.

Le titre de leur second album, Digitally Organic, appelle d’ailleurs à une flagrante contradiction d’ordre sémantique. En effet, l’aspect numérique (digital) qui évoque la technologie moderne peut habituellement être considéré comme l’antithèse de la musique traditionnelle. "Nous sommes tous des fanatiques de musique électronique mais, en même temps, nous jouons tous avec des instruments conventionnels. En ce sens, l’album a été enregistré de façon >cybernétique<", explique Nigel Williams, le MC de la formation qui compte, au total, huit musiciens. "Nous avions une boîte à rythmes avec laquelle jouaient les musiciens. Nous utilisions ensuite ces enregistrements afin de les échantillonner et de les réutiliser dans la chanson. La musique est réellement organique, c’est son traitement qui est numérique." Outre le plaisir de jouer la musique en soi, le parolier de la formation croit qu’il est normal de revenir à la tradition puisque: "nous nous sommes beaucoup trop éloignés de l’esprit live de la musique".

Originaire de la région de Toronto, Williams n’avait pas vraiment envisagé de devenir un musicien et de se produire en spectacle à l’époque où il étudiait. Avec le recul, il constate qu’il s’agit pourtant de l’expérience la plus libératrice qu’il ait vécue. Ses textes, recherchés et rendus avec un flow irréprochable, sont imprégnés de cette idée de liberté. "Je crois que les gens seraient beaucoup plus heureux s’ils faisaient ce dont ils ont envie plutôt que ce qui leur est dicté", affirme-t-il. "Pour moi, faire de la musique est l’expérience la plus libératrice qui soit."

À l’intérieur de ces mêmes textes se manifeste aussi l’idée d’une compréhension d’autrui, d’un regard sur le monde. Williams cite Marvin Gaye afin d’expliquer en quoi consistent principalement ses préoccupations: "Il disait que >le mandat de chaque artiste est d’ouvrir les yeux du public<. Avec ma connaissance limitée du monde, c’est ce que j’essaie de faire. Je tente de donner un sens aux choses, pas de façon spécifique, en abordant un thème précis, c’est plus vague… En fait, ce que je prône, c’est l’amour… des autres et de soi."

Puisqu’elle n’appartient pas à un genre défini, la musique des Pocket Dwellers ne trouve pas de créneau distinct au sein des hautes instances de la musique. Williams, d’une voix posée et assurée, conclut sur une vision très zen de l’industrie du disque. Le rappeur la considère essentielle et même saine: "S’il n’y avait pas de musique commerciale, il n’y aurait pas d’underground. C’est l’équilibre des choses, c’est inévitable. Hey, de toute manière, tout le monde avait Thriller, non?"

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