Yvon Krevé : Rappeur choc

La première édition de la tournée tant attendue Les Boyz est finalement en marche. Ayant pour objectif de nous brosser un solide tableau d’une scène en constante évolution, la série de spectacles hip-hop (qui visitera même Thetford Mines!) compte nous servir la version live de la compilation mix tape du même nom. L’artiste-vedette et idéateur de l’entreprise, Yvon Krevé, tentera de mettre en lumière le travail des artistes québécois les plus prometteurs du moment. On parle ici des formations rap Sans Pression, Fang, Spider, L’Yncomprise, Un gars une fille, Harcelle La Source, le D.J. Short Cut, ainsi que Boîte de son, un beatbox humain apparemment surprenant.

"Je voulais présenter d’autres artistes au public, dans les différentes villes où j’ai déjà joué. Il va y avoir toutes sortes de vibes: de l’anglais, du français, Ti-Kid et son créole, de nouvelles pièces", annonce Yvon Krevé sur un ton enthousiaste.

Dans un autre ordre d’idées, le rappeur se réjouit de ses trois nominations au gala des MIMI dans les catégories Album de l’année, Vidéoclip de l’année et Artiste hip-hop; cela semble représenter, pour lui, beaucoup plus une mission qu’un simple défi personnel: "Je compétitionne avec d’autres styles de musique. Si je gagne, c’est le hip-hop qui gagne. Notre style est en montée: c’est la voix du public qui parle", ajoute-t-il avec conviction.

Visiblement, Yvon Krevé ne semble aucunement préoccupé par le cirque médiatique traçant le portrait d’un mouvement négatif, calqué sur le gangter rap, en orbite autour du phénomène Eminem. Selon lui, il n’en tient qu’aux adeptes du hip-hop de décider du sort de ce mouvement en pleine ascension. "Le hip-hop, c’est une culture. C’est comme la religion: seuls ceux qui la suivent peuvent vraiment la comprendre. Le M.C. et le public ne sont pas deux choses à part. Que les médias descendent la culture hip-hop n’empêchera pas le public de l’aimer. Personne n’est obligé d’écouter du rap. De toute façon, c’est mieux pour nous, ça nous donnera quelque chose de plus à dénoncer."

"On est sur le point de se faire connaître partout, renchérit-il. On sort du Québec. Peut-être que si les gens d’ailleurs nous donnent des "props" (nous apprécient), alors ici, on nous respectera un peu plus. Muzion arrive de France, et nous, on y va cette année. Ça bouge, ça s’en vient."

Malgré les nombreux obstacles qui l’ont contraint à mettre son premier album (L’Accent grave) en suspens durant plusieurs mois, Yvon Krevé demeure optimiste: "Aussitôt que l’album est sorti, les problèmes ont commencé; par exemple, avec mon premier vidéo. Je ne voulais pas qu’il sorte, ce n’était pas à mon image. De plus, un des dirigeants de mon label, Mont Real, s’est "split" (est parti). Pendant tout ce temps-là, il n’y avait pas de promo. C’est sûr que ça m’a frustré; mais je me dis qu’au moins, ils m’ont donné la chance de faire mon album. Peut-être que le destin fera que mon prochain disque sera une bombe. Mais maintenant que les histoires de papier sont réglées, ça repart. Je suis toujours chez Mont Real. Je suis présentement en tournée et, vers le mois de juin, je devrais sortir un vinyle avec trois nouveaux titres, avant de partir pour La Rochelle en France. Je prépare déjà mon album pour 2002…"

Le 4 mars
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