Live à Montréal : Andre Williams/Les Sexareenos Damon & Naomi/Frankie Sparo
Andre Williams/Les Sexareenos
Le 24 mars au Petit Campus
Ce sont les Montréalais Sexareenos qui avaient la tâche de réchauffer la salle pour la venue du légendaire Andre Williams chez nous samedi dernier. J’aime bien leur rock garage sympathique (les claviers apportent une touche bonbon pas désagréable), mais dans l’enceinte du Petit Campus, on se demandait s’il n’était pas un peu propret. Bref, on aimerait bien les voir se déchaîner un tantinet, surtout lorsqu’il s’agit de mettre la table pour un personnage aussi salace que Williams. Lorsque ce dernier est finalement monté sur scène, j’ai ressenti une petite déception: pour une légende, l’homme n’en impose guère. Où étaient les manteaux de fourrure blanche, les chapeaux de proxénète et les chaînes en or? Derrière lui, The Strap, jeune groupe garage de Toronto, s’est fort bien acquitté de sa tâche de soutien: assez à l’aise pour prendre les solos lorsque Williams s’effaçait (souvent), assez discret pour le soutenir lorsqu’il prenait le crachoir. Les guitares sonnaient grassement lors des morceaux plus punk, et on nous a balancé quelques vieilleries bien senties (dont Bacon Fat et Jailbait, un blues cochon qui sonne sûrement aussi bien aujourd’hui que lors de sa création il y a près de 45 ans). C’est d’ailleurs ce qui fascine le plus dans un concert pareil: pour reprendre les propos de Plastik Patrik, chanteur de 1-976 (l’un des nombreux représentants de la gent rock’n’roll montréalaise rencontrés ce soir-là): "S’il avait 20 ans de moins, peut-être qu’on trouverait ça moins bon." Très juste, en effet. Mais Andre Williams a, justement, 65 ans; et si je pouvais rocker comme ça à son âge, j’aurais de quoi être fier.
Damon & Naomi/Frankie Sparo
Le 26 mars à la Casa del Popolo
Bien sûr, on allait à la Casa del Popolo pour goûter au folk intimiste des Bostoniens Damon and Naomi, qui en étaient à leur premier passage chez nous; mais on y allait aussi pour découvrir sur scène le Néo-Montréalais originaire de Victoria Frankie Sparo, dont on avait adoré le disque My Red Scare. Sobre à l’extrême, Sparo, à la guitare et à la voix, était accompagné d’une discrète pianiste (électrique) qui faisait aussi office de choriste. Étrangement, malgré l’allure spartiate de ses mélodies de Tom Waits anémique, il est moins déprimant "en vrai" que sur disque, comme si une lumière se dégageait de la grisaille qu’il distille à petites gouttes. Il a même fini le concert avec Caméra, une charmante pièce en français dédiée à ses "amis francophones" que l’on pourrait retrouver sur son prochain album. Parlez-moi d’intégration. Damon Krukowski (à la guitare) et Naomi Yang (à la basse et à l’harmonium) ont continué dans la même veine tranquille, affichant un côté plus folk et plus d’échanges masculin-féminin. Entre une reprise de Gram Parsons et des réarrangements de pièces de leur récent disque (enregistré avec le groupe japonais Ghost), le duo s’est fait caressant et discret. Timide mais parfois drôle, Krukowski s’est extasié en observant le public du petit café où il mettait les pieds pour la première fois: "S’il y avait des Casa del Popolo dans chaque ville, le monde serait bien meilleur." Indeed. Par un lundi soir tranquille, rien de tel que d’écouter de la jolie musique dans un lieu où les spectateurs sont tellement respectueux qu’ils attendent l’entracte pour commander une bière.