Luciano : Le prophète
Musique

Luciano : Le prophète

Depuis que le regretté Garnett Silk a réussi à réintroduire la doctrine rasta dans les dancehalls jamaïcains, vers 1994, un nouveau prophète issu du comté de Manchester s’est donné la mission de reprendre là où Bob Marley avait laissé et de propager le message aux quatre coins de la planète: Jephter McClymount, surnommé Luciano – en raison de ses attributs vocaux – en est déjà à sa quatrième tournée mondiale.

Depuis que le regretté Garnett Silk a réussi à réintroduire la doctrine rasta dans les dancehalls jamaïcains, vers 1994, un nouveau prophète issu du comté de Manchester s’est donné la mission de reprendre là où Bob Marley avait laissé et de propager le message aux quatre coins de la planète: Jephter McClymount, surnommé Luciano – en raison de ses attributs vocaux – en est déjà à sa quatrième tournée mondiale.Y a-t-il une formule secrète derrière cet engouement? "Quand je me suis rendu compte que j’étais doué pour exprimer ma réalité et mes croyances, j’ai su que je devais transmettre le message le plus clairement possible. Et le faire de manière universelle, dans un anglais correct, et en gardant mes textes dignes et propres comme le faisait Bob" spécifie le chanteur qui a, au cours de ses nombreux voyages, eu le bonheur de visiter l’Afrique de l’Ouest et d’enregistrer avec Baaba Maal. "J’ai vraiment eu l’impression de rentrer chez moi: comme c’est stimulant de tremper dans l’histoire ancienne, l’histoire de notre civilisation!" Son expérience de studio avec ce griot moderne lui a donné le goût de participer encore plus activement à ce mouvement des musiques du monde qui fusionne le classique et le moderne. "Depuis que j’ai laissé l’équipe d’Xterminator et fondé ma maison de production, Jah Messenjah, Dean Fraser, mon arrangeur et chef d’orchestre depuis les débuts est devenu mon réalisateur. Il me connaît bien et sait que je tiens à rester près de mes racines. Il s’agit d’une évolution naturelle et normale", tient-il à spécifier. Devrait-on croire que les tentatives de chansons à saveur latino, country et autres leurres commerciaux sont bel et bien choses du passé? "Pour mon quatrième album, dit-il, j’ai mis encore plus l’accent sur les textes – aussi universels que possible, bien entendu – et Dean s’est chargé des arrangements et des sonorités."

Mais ce nouveau prophète n’a pas toujours eu la tâche facile. Tôt dans sa carrière, il tenta sa chance à Kingston, et dut retourner dans son comté natal pour rembourrer des meubles et vendre des fruits et légumes au marché avant que le succès ne lui sourie à la deuxième tentative. "Ces quelques années de recherche spirituelle m’ont apporté une bonne compréhension de la nature humaine, dit Luciano. Mais je crois bien que j’aurais développé la même sagesse en débutant plus tôt, comme ce fut le cas pour Dennis Brown (son mentor vocal, que l’on hissait sur une caisse d’oranges pour qu’il puisse chanter dans les concours amateurs alors qu’il n’avait que 11 ans). On s’étonne d’ailleurs d’apprendre que Luciano ne l’a rencontré qu’à de rares occasions. "J’ai senti tout de suite qu’on était amis, presque de la famille. En fait, on n’a enregistré qu’à une seule reprise ensemble. Il s’agissait d’un dubplate pour le sound system… (il hésite) Saxxon, je crois." Si ses souvenirs semblent un peu flous, on peut confirmer que c’est bien pour le compte de ce groupe britannique majeur des années 70 (toujours en activité) que les deux hommes se sont croisés. Et même aujourd’hui, le lien existe encore: sur son nouvel album A New Day, Luciano reprend la rythmique de Sitting & Watching de Brown pour Oh Father I Love Thee. Vocalement, la ressemblance entre les deux est frappante: "C’est une sorte d’hommage, pour souligner qu’il était mon inspiration, lance Luciano. Je sentais Dennis tout près de moi en studio."

Le 30 mars
Au Métropolis

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