Projet Orange : Changement de garde
Musique

Projet Orange : Changement de garde

On ne peut pas dire que l’arrivée de PROJET ORANGE dans le petit monde de la musique québécoise se soit déroulée avec facilité. Cependant, avec le succès de la pièce De héros à zéro, le vent a changé de bord. Malgré le départ de trois membres et la venue de deux nouveaux, le groupe de Québec semble au meilleur de sa forme.

"On se sent comme des enfants qui jouent dans un carré de sable et pour qui, plus ça avance, et plus les jouets deviennent gros!" Pas de doute, Jean-Christophe Boies, chanteur et guitariste de Projet Orange, ne manque pas d’enthousiasme. Pour lui, son groupe est toujours en plein apprentissage (ce thème reviendra souvent au cours de l’entretien), bien qu’une foule d’occasions se soient présentées à eux depuis qu’ils ont remporté le concours L’Empire des Futures Stars à la fin de 1998: un premier album assez bien reçu, plusieurs spectacles partout au Québec, un gros succès avec la chanson De héros à zéro, écrite pour une campagne de sensibilisation de la SAAQ contre la vitesse au volant, et même une participation à la populaire émission La Fureur. Pas mal pour des gars de Québec partis de rien, il n’y a même pas cinq ans…

Malgré tout, bien des choses ont changé depuis que Projet Orange a lancé son premier disque en juin dernier. En effet, avant les Fêtes, le groupe est subitement passé de cinq à deux membres quand le bassiste Louis Lalancette (qui restera cependant pour la tournée), le batteur David Gendron et le guitariste Stéphane Langelier ont décidé de quitter. "Ce sont des départs volontaires, confirme Jean-Christophe. La formation demeure dans une ambiance positive, même avec les anciens membres." Pour pallier ce manque, deux nouveaux musiciens se sont joints à Jean-Christophe et à son frère, le guitariste Jean-Sébastien Boies: l’ancien Tribes of March Stéphane Gaudreau à la batterie et Guillaume Doiron à la guitare.

Même si Jean-Christophe et Jean-Sébastien forment le noyau dur de Projet Orange, on veut laisser beaucoup de latitude aux deux nouveaux venus. Et surtout, n’allez pas croire que le groupe soit devenu un duo… "Stéphane et Guillaume étaient contents de se joindre à nous parce qu’ils ne sont pas juste des accessoires, lance Jean-Sébastien. Et c’était un critère important, on voulait qu’ils embarquent pleinement dans cette aventure." Jean-Christophe ajoute qu’on sent déjà l’énergie des nouveaux venus sur scène. "On était cinq au départ et on veut rester cinq. On ne pourrait pas faire cela avec des musiciens en arrière qui ne s’exprimeraient pas."

Si l’album de Projet Orange a été bien accueilli par la critique, quoiqu’on ait reproché au groupe d’offrir des pièces trop léchées, il semble que le succès populaire ait tardé à venir. Avec son rock atmosphérique basé sur la voix solide de Jean-Christophe, sur sa poésie souvent floue et sur trois guitares puissantes, le groupe a eu un peu de mal à se dénicher une place sur les ondes radiophoniques. Merci à De héros à zéro, un véritable catalyseur qui a créé un engouement pour Projet Orange. Ce retournement de situation a pris tout le monde par surprise, Jean-Christophe et Jean-Sébastien les premiers, mais aussi les radios qui avaient commencé à jouer La Pomme comme deuxième extrait de l’album. "Le Québec est un marché bien spécial, constate Jean-Sébastien. Il faut un focus pour que les gens se réveillent et s’aperçoivent qu’il y a un groupe ayant des choses à dire. C’est ce qui est arrivé avec De héros à zéro."

Mais, à un moment donné, vu la lenteur du succès, est-ce que le groupe avait le goût de lancer l’éponge? Pas du tout, si l’on se fie à Jean-Christophe, car leur entourage les avait préparés à cette éventualité. "Même si le nombre d’albums vendus ne nous a pas fait passer de zéro à héros, je reste heureux. De toute façon, je ne pensais jamais que mes chansons allaient jouer à la radio."

Autre étape difficile, mais ô combien enrichissante (ce n’est pas moi qui le dis, mais Jean-Christophe) pour Projet Orange: les critiques ont descendu en flammes ses prestations à Montréal. Lors de ses deux passages aux FrancoFolies, on a accusé Jean-Christophe de manquer cruellement de présence, de ne pas transcender sa musique. Loin de le décourager, ces critiques négatives ont plutôt poussé le chanteur à se surpasser, à travailler encore plus fort. Et ça devrait se sentir lors de leur rentrée officielle dans la Métropole, après avoir donné quelques spectacles plus anonymes au cours des derniers mois. "Les critiques, ça me donne juste le goût d’en faire plus pour qu’ils virent de bord et disent l’inverse", lance le chanteur en riant.

Même si ça fait mal, ce ne sont pas de mauvaises critiques qui vont amener le groupe à perdre son enthousiasme. Comme le fait remarquer Jean-Christophe, rien ne peut lui enlever son amour de la musique. "Quand on part à 6 h du matin pour aller faire un show, on trippe, on parle juste de ça, on est heureux. D’une certaine façon, toutes ces histoires de radio, de vidéo, d’album et d’industrie sont complètement effacées par notre passion de la musique." En espérant que le groupe ne soit pas blasé dans deux ans, comme l’a lancé Jean-Sébastien. À la blague, évidemment.

Le 5 avril
Au Café Campus

Voir calendrier Rock et Pop