Ganesh Anandan : Doigts donneurs
Musique

Ganesh Anandan : Doigts donneurs

C’est pas compliqué: le premier spectacle de Fingerworks, présenté au Théâtre La Chapelle au printemps 99, reste un des shows les plus tripants que j’aie vus à Montréal depuis deux ans.

C’est pas compliqué: le premier spectacle de Fingerworks, présenté au Théâtre La Chapelle au printemps 99, reste un des shows les plus tripants que j’aie vus à Montréal depuis deux ans. Qu’un maître percussionniste du Sud de l’Inde s’installe dans notre ville est déjà une bonne chose en soi. Mais qu’il initie deux Québécois à son art, au point d’en faire des experts des différents tambourins comme le tar du Moyen-Orient ou le bodhran irlandais pour créer une musique originale, à la fois complexe et complètement accessible, ça devient littéralement fabuleux. Ce soir-là les trois gars ont littéralement joué des pieds et des mains avec leur invité new-yorkais, le gigantesque Glen Velez, tirant des sons musicaux de tous les morceaux de peau et de bois réunis sur le stage, y compris le plancher même de la scène. C’est que la musique de Fingerworks passe de la mathématique étriquée des formules rythmiques indiennes et se transforme sur scène en complicité perpétuelle, en magie pure aux bout des doigts. Évidemment, ce n’était pas assez pour le chef Ganesh Anandan.

"Je suis retourné en Inde pour cinq ou six mois l’année passée, m’explique-t-il avec cette voix toujours apaisante et dans un français impeccable. J’allais voir mon maître T.N. Shashikumar, à Bengalore, pour lui montrer mes transpositions et comparer les méthodes. On a donné des spectacles, puis je me suis mis à écrire de nouvelles pièces pour plus d’instruments mais toujours à partir du vocabulaire karnatic, c’est-à-dire basé sur du solfège indien. Il se passe beaucoup de choses là-bas au sur le plan musical, plus que jamais je dirais."

Ganesh Anandan est un technicien remarquable mais surtout un musicien honnête doublé d’un artisan consciencieux. Doté en plus d’un tempérament naturellement aventureux, le gars est complètement passionné de son art, il invente des instruments bizarres dans l’intimité de son atelier, tel le "métalophone". On l’a vu sur scène avec Ramasutra et, plus curieusement encore, au Kola Note avec le Cubain Omar Sosa. Au pied levé, il est monté sur scène sans répétition pour intégrer la pulsion asiatique à la musique afro-cubaine. Et dans son show cette fois, il y aura saxophone, hautbois, contrebasse, guitare et batterie, mais ce n’est pas de la musique world à proprement parler ni du jazz fusion non plus.

"Ça va être un show assez varié, si je puis dire. Il y aura des parties en solo, en duo en trio, parfois acoustiques parfois mélangées avec un instrument électrique et des percussions. J’ai aussi écrit des pièces pour notre invité spécial, l’Italien Carlo Rizzo avec son tambourin modifié. Il va jouer avec le trio Fingerworks, ainsi que quelques pièces avec le band. On pourrait appeler ça du "funk karnatique", ajoute en riant le principal intéressé.

Un curieux démo de six pièces, baptisé provisoirement Ganesh Funk, permet d’entrevoir un album audacieux pour l’automne, mais le musicien n’hésite pas à travailler parallèlement avec Michel Cusson ou dans des projets multimédia, qui impliquent aussi des chorégraphies. Considérant les talents en présence et leur capacité d’innover, il faudra plus qu’une autre tempête de neige pour me faire rater ce concert.

Les 6 et 7 avril
Au Théâtre La Chapelle

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