Live à Montréal : Idlewild/BrassyRichard Séguin
Musique

Live à Montréal : Idlewild/BrassyRichard Séguin

Idlewild/Brassy
Le 28 mars au Cabaret

L’affiche paraissait alléchante: deux formations britanniques, Idlewild et Brassy, venant nous présenter leurs deux excellents disques, on peut parler d’un événement. Malheureusement, les attentes étaient très élevées, peut-être trop. Je ne parlerai pas d’échec, loin de là, mais bien d’une certaine déception. Au moins, le Cabaret était presque plein, ce qui montre que le public montréalais est prêt à aller entendre deux groupes peu ou pas connus. C’est encourageant.

Pour amorcer la soirée, les Écossais d’Idlewild ont joué fort, tellement fort en fait qu’on avait de la difficulté à percevoir ce qu’ils interprétaient. On ne peut pas dire que le groupe manque de conviction ni que leur matériel soit inintéressant. Mais ils auraient intérêt à baisser les amplis pour entendre ce qu’ils font car, dans la salle, c’était vraiment insupportable. Et ça permettrait au chanteur Roddy Woomble de cesser de crier qu’il y a un retour de son sur la scène. Pour bien apprécier les chansons d’Idlewild, rabattez-vous plutôt sur leur deuxième album, 100 Broken Windows. Ils seront de retour également avec Placebo, le 27 avril.

Ensuite, ce fut l’arrivée de Brassy et de la charmante Muffin Spencer, vêtue d’une culotte de boxe bleue et d’une camisole blanche. Sans vouloir faire mon "casseux" de party, je ne peux pas dire que le spectacle ait été mémorable. Bien sûr, les quatre membres du groupe sont sympathiques, il fallait voir le guitariste Stefan Gordon jouer le meneur de claques, mais musicalement, ça restait souvent sur le même ton. Toujours cette mixture, mais ô combien énergisante, de rock mélangé avec du punk et du hip-hop. C’est certain qu’avec un seul album à son actif, on ne pouvait pas espérer avoir plus de matériel; mais une petite heure sur scène, ça me semble trop court. Bon, on a dansé et on a eu du plaisir, sauf qu’on est sortis du Cabaret avec l’impression que la soirée avait passé vite. Trop vite. (Frédéric Boudreault)

Richard Séguin
Le 30 mars au Monument-National
Il arrive au pas de course et gagne tout de suite son poste. La clameur de la foule s’élève, dans laquelle résonnent quatre ans d’attente. Avant d’empoigner sa guitare pour entamer Sous les cheminées, il se frappe dans les mains comme un artisan qui entre dans son atelier. Richard Séguin est fébrile et ça se comprend: après avoir éprouvé son Microclimat en région (où il a reçu l’approbation générale), il a maintenant un Monument à ses pieds. La Double Vie de 85, la Journée d’Amérique de 88, Les Portes du matin de 91, les Vagabondages de 93 et le D’instinct de 95 sont autant de galons mérités. Et, contrairement à ses craintes récemment exprimées, Séguin n’a pas été oublié. Le non-fan que je suis reconnaît sans problème l’intégrité du gars: ses nouvelles chansons s’inscrivent dans la continuité logique de son oeuvre. D’ailleurs, on n’attend pas de lui que des hits, et c’est grâce à ses chansons intermédiaires qu’on comprend mieux l’univers de Séguin. Sa poésie en est une du terroir: il oppose le vent, le fleuve et les arbres à la bêtise humaine. Ce n’est pas nouveau. Mais l’harmonica de L’Ange vagabond crée une onde de choc aussi vraie qu’En cherchant son étoile. En "laissant ouvert un peu la fenêtre", comme la chanson le suggère, les douceurs de Microclimat sont intimement liées à ses chansons-phares qu’il ne se gêne d’ailleurs pas pour revisiter. La qualité indéniable des arrangements, le son toujours impeccable et les fondus de couleurs judicieux sont autant de détails importants que Séguin accorde et maîtrise. On s’incline. Hugo Perrault, et ses textures de guitares impressionnistes, est solide; Patricia Deslauriers est exubérante à la basse, et les quatre solistes aux cordes ajoutent à la qualité de la présentation. Malgré tout le professionnalisme de cet homme entier, et c’est une remarque très personnelle, le corpus de chansons de Richard Séguin ne m’atteint à peu près pas. Mais ne vous privez surtout pas pour moi: il est de retour le 7 avril au même endroit. (Claude Côté)