Tagada Jones : Manipulateurs parmi nous
Musique

Tagada Jones : Manipulateurs parmi nous

Depuis la parution du mini-album intitulé Split, l’an dernier, Tagada Jones s’est enrichi d’un cinquième membre, venu renforcer le son de la formation: Gus, second chanteur et échantillonneur.

Depuis la parution du mini-album intitulé Split, l’an dernier, Tagada Jones s’est enrichi d’un cinquième membre, venu renforcer le son de la formation. C’est ainsi que le groupe breton présente l’arrivée de Gus, second chanteur et échantillonneur, sur la pochette de presse qui accompagne Manipulé, son troisième disque. "Depuis nos débuts, en 1993, on essaie d’aller vers autre chose, d’ouvrir des portes sur le plan de la création musicale. À un certain moment, on avait l’impression de tourner en rond et on s’est dit qu’on pourrait ajouter des machines à notre son. Mais surtout, on voulait un deuxième chanteur parce qu’on trouvait qu’une seule voix, la mienne, c’était monocorde à la longue. Étant donné que Gus est un copain à nous, son intégration au sein de Tagada Jones n’a pas été difficile", explique le chanteur-guitariste Niko, en direct des bureaux des productions Enragés, l’étiquette fondée par le groupe, en France.

Si l’ajout d’une seconde voix n’est pas chose rare dans un band, celle des échantillonnages, particulièrement chez une formation punk-hardcore, est beaucoup moins commune. D’ailleurs, Niko admet ne pas savoir si d’autres formations du même style ont eu l’audace, jusqu’à présent, d’ajouter des sonorités électroniques à leur musique. "Je ne sais pas comment les amateurs de punk-hardcore réagissent ailleurs, mais je sais qu’en France, on est mis un peu à l’écart parce que c’est différent", affirme-t-il. Mais justement, l’électronique, n’est-ce pas une démarche légèrement anti-punk? "Tout d’abord, le style musical de Tagada Jones n’est pas essentiellement punk. En fait, on est qualifié de groupe punk à cause de l’aspect revendicateur des messages qu’on veut faire passer à travers nos textes. C’est sûr qu’il y a des gens qui se demandent ce que les machines viennent faire dans notre musique, mais le message du groupe reste le même", assure le chanteur-guitariste.

D’ailleurs, la pochette de Manipulé – un personnage tiré par des ficelles – décrit assez clairement le thème du premier extrait et chanson-titre de l’album. "Le personnage représente quelqu’un qui a envie de s’exprimer, qui n’est pas d’accord avec le système. Le fait qu’il soit retenu dans son mouvement par des fils démontre qu’il y a toujours quelqu’un au-dessus de nous pour nous empêcher de faire ce qu’on veut", lance Niko. Si tous les textes ne portent pas sur la manipulation, un thème revient toutefois régulièrement dans les chansons: "On ne sait pas réellement la vérité sur ce qui se passe autour de nous. On est d’ailleurs contents de venir au Québec durant le Sommet des Amériques. Les médias nous montrent toujours ce qu’ils veulent bien nous montrer, alors ça va être marrant d’aller voir comment ça se passe réellement", précise le leader de la formation également composée de Stef à la guitare, de Boiboi à la batterie, de Pepel à la basse et de Gus.

L’automne dernier, Tagada Jones a invité Les Vulgaires Machins, qu’il distribue sur son étiquette Enragés, à faire une tournée européenne avec lui. Le quartette de Granby a vraiment apprécié l’expérience. "Tourner en Europe représentait l’un de nos rêves; alors donner 15 concerts en un mois était très impressionnant, lance la chanteuse Marie-Ève. Comme les gens ne nous connaissaient pas, ils se contentaient de nous écouter. Par contre, beaucoup de gens nous ont dit qu’ils aimaient notre façon de parler." C’est au tour des Vulgaires Machins de rendre l’invitation à Tagada Jones. Reste à savoir si le public québécois réagira de la même manière que les Français…

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