Oh Susanna : Folk Fiction
Musique

Oh Susanna : Folk Fiction

Suzie Ungerleider a choisi comme nom de scène Oh Susanna: "En hommage à une obscure chanson du même nom écrite au 19e siècle par un certain Steven Foster", révèle-t-elle lors de notre entretien téléphonique.

Suzie Ungerleider a choisi comme nom de scène Oh Susanna: "En hommage à une obscure chanson du même nom écrite au 19e siècle par un certain Steven Foster", révèle-t-elle lors de notre entretien téléphonique. Voilà une première chose de réglée puisque je ne connaissais absolument rien d’Oh Susanna, ce petit brin de femme à la voix ténue, fragile, qui écrit tout son répertoire.

Élevée à Vancouver et résidant maintenant à Toronto (pour des raisons de carrière évidentes), Oh Suzanna donne elle aussi dans le singing-songwriting à tendance folk sous l’inévitable bannière indépendante. En effet, les chanteuses à textes pullulent de partout. La garde folk formée des Lucinda Williams, Stacey Earle et Suzanne Vega a maintenant sa nouvelle génération: Neko Case, Ani DiFranco (même si sa réputation n’est plus à faire) et Oh Susanna, pour ne citer que celles-là.

"Plusieurs raisons expliquent ce phénomène, dit-elle. Socialement, il est davantage accepté qu’une femme puisse composer et jouer sa propre musique. C’est même encouragé. Les femmes se sentent plus en confiance et dépassent le rôle qui leur était prédestiné. Comprenez-moi bien: il y a toujours eu des musical women (l’expression est de son cru), mais faire sa propre affaire est maintenant chose courante."

Dans cette évolution, il y a eu le festival itinérant entièrement féminin Lillith Fair, qui a modifié les données. Mais Suzie Ungerleider n’y voit pas un si grand précédent: "Évidemment, cela a généré beaucoup de publicité, j’y ai moi-même fait quelques spectacles, mais c’était beaucoup trop commercial et pas nécessairement radical, comme ç’aurait dû l’être."

Deux disques, Sleepy Little Sailor et Johnstown, plus un mini-album démo garnissent la modeste discographie de cette femme de 30 ans. Johnstown (1998) était son disque revendicatif, rempli de murder ballads, la facture country-rock assurée par Bob Eagan de Wilco et Bazil Donovan de Blue Rodeo. La vénération en était presque suspecte: Johnny Cash, Hank Williams, chansons de déchéance, chansons de déchirement. Les meilleures.

Et arrive Sleepy Little Sailor, diamétralement opposé. L’accalmie. La sérénité. La lumière au bout du tunnel. L’album d’une femme qui a passé le cap de la trentaine. "C’est bien certain que lorsqu’on atteint cet âge, si l’on n’a pas tout à fait conjuré ses démons, on se demande au moins ce qu’on doit en faire, explique-t-elle candidement. L’image que je me fais des chansons de Sleepy Little Sailor en est une de ciels bleus avec quelques nuages, pas plus; c’est résolument une vision aérienne. Comme si l’on m’entendait réfléchir sur mes observations et mes questions. Tandis que Johnstown se passe au sol, tout est fermement implanté dans la terre. Il y a bien quelques détresses exprimées sur SLS mais elles ne sont pas aussi extrêmes et finales."

Des chansons autobiographiques? "À peine, mes chansons sont surtout le produit de mon imaginaire. Elles puisent beaucoup dans mes émotions. Elles sont tout près de la fiction."

À l’occasion de sa visite, la troisième ou quatrième à Montréal, elle-même n’en est pas tout à fait certaine, Oh Susanna sera accompagnée d’un bassiste et d’un batteur. Aussi au programme: Bob Eagan et Pigeon Hole.

Le 25 mai
Au Cabaret
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