

Alain Flick : Journal d’un Dimey
Le fantôme de Bernard Dimey n’a pas fini de hanter les bistrots de Montmartre. Triste anniversaire, les 20 ans écoulés depuis son décès n’ont heureusement pas suffi à effacer son souvenir. Après Jehan, c’est au tour du comédien ALAIN FLICK de venir rendre hommage au poète de comptoirs.
David Desjardins
Ami personnel et compagnon d’ivresses tardives de Bernard Dimey, le comédien français Alain Flick s’amène à Québec afin de célébrer le travail du poète zingueur. Si la vie lui a commandé d’attendre la cinquantaine avant de s’approprier l’oeuvre de celui qu’il désigne comme étant son père adoptif, force est d’admettre qu’il s’agit d’une collaboration – posthume dans le cas de Dimey – à la limite de la symbiose. L’acteur semble y avoir trouvé le rôle de sa vie.
"J’ai rencontré Dimey au début des années 70 dans un cabaret qui s’appelait La Méthode, à la Contrescarpe. J’étais venu comme spectateur et je suis resté stupéfait devant ce monsieur hirsute, à la barbe grisonnante et portant un veston qui ne lui allait pas bien, mais qui disait des textes authentiques", raconte Alain Flick de sa voix typée.
Le comédien au physique imposant raconte avoir été frappé de plein fouet par l’authenticité (il répète le terme à de multiples reprises) des textes de Dimey, poète écumeur de bars qui était fasciné non seulement par la vie des bas-fonds, mais par l’humanité au sens le plus large. Rapprochés par leur inclinaison commune pour les plaisirs de la table et de l’alcool, ce sont cependant les finances en souffrance du poète qui rapprochèrent définitivement les deux personnages: Dimey étant poursuivi par le fisc, Flick s’offrit afin de jouer l’intermédiaire entre l’État et le poète. Leur amitié devait durer jusqu’à la mort de Dimey en 1981.
Auteur s’imprégnant d’autrui, Bernard Dimey était l’antithèse du poète à l’ego démesuré. Une facette importante de sa personnalité et de son approche artistique qui lui a valu tant d’éloges et une telle compassion. "Il avait mal aux autres. Dimey, c’était une ouverture permanente sur l’humanité, mais ici, maintenant, là où il était", explique Flick. Il ajoute, afin d’expliquer la propension du poète à écrire les paumés de Montmartre: "Bernard est né comme ça. Il est venu au monde sans système de défense face à la négativité. On peut dire que Bernard Dimey était une éponge, aussi bien dans le coeur que dans la tête et dans le corps."
Surtout connu pour ses chansons (plusieurs se souviennent de Syracuse), Dimey a écrit de nombreux textes d’une beauté remarquable et d’une honnêteté souvent désarmante. "Son oeuvre est tellement diversifiée que chacun peut y trouver un texte qui lui convient", affirme Flick, convaincu de l’accessibilité de l’oeuvre. "Vérité, humanité et authenticité sont les mots qui résument le mieux son travail", conclut-il, posant au final un regard tendre sur le souvenir de son ami à propos duquel il affirme: "Il ne voulait qu’une chose, qu’on le prenne dans nos bras comme un enfant; il regrettait l’innocence de l’enfance."
Les 19 et 20 juin
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