Freeman : Mars attaque!

"MarsEyes, ce sont les yeux de Mars (Marseille). Ils tournent autour des gens qu’on n’arrive à capter qu’avec le recul, lance Malek alias Freeman, annonçant aussitôt les couleurs de son nouveau maxi. J’y exprime, entre autres, le rapport avec ceux qui nous rendent différents parce qu’ils nous voient différemment. C’est aussi une réflexion par rapport à mon ancien album."

D’abord connu en tant que danseur/breakeur du désormais légendaire IAM, le "M.C. Arabica" s’est également illustré dans des productions de taille telles Chronique de Mars et la bande originale du film Comme un aimant. Deux ans et demi après la sortie d’un premier solo écoulé à plus de 180 000 exemplaires (L’Palais d’justice), Freeman rapplique avec MarsEyes, un mini-album de sept titres annonçant la transition entre l’ancien et le nouveau M.C. "Pour ce E.P., j’ai décidé d’aller voir d’autres producteurs. Je l’ai fait exprès parce que je n’avais pas envie de revenir aux mêmes produits; et pour le prochain album, je me ferai encore plus plaisir, confie Freeman. Il n’y a pas longtemps, j’ai travaillé avec RZA du Wu Tang Clan sur un morceau où l’on retrouve également Akhenaton et Shurikn’. Beaucoup de connexions se font avec des producteurs américains, je pense entre autres à DJ Premier et à Pete Rock."

L’intensité et la rigueur de ses nouveaux morceaux nous rappellent par moments ce rappeur opiniâtre d’autrefois, toujours dans sa rage de comprendre. Il se considère toutefois moins naïf, plus mûr, et plus précis dans sa vision du monde et sa perception de certaines réalités auxquelles les hommes sont confrontés. "Sur MarsEyes, je me suis positionné par rapport à plein de choses", enchaîne le jeune Maghrébin. En effet, puisque son E.P. n’hésite pas à ouvrir une fenêtre sur un thème aussi délicat que le conflit israélo-palestinien, sur lequel Freeman prend définitivement position. "Sur le morceau P.I., je prends une position qui n’est pas la leur: celle de penser en être humain. Pas selon la race ou encore selon la religion. Ces préjugés ne devraient pas servir à tuer des enfants et des familles entières. Pour moi, les deux peuples ont tort. La seule façon que j’avais d’attaquer ce texte était de m’imaginer en tant qu’ange. C’est un pays où il y a trois religions rassemblées et c’est horrible de voir qu’au 21e siècle, il y a encore des gens qui s’entretuent pour un petit bout de terre. Surtout qu’ils montrent le mauvais exemple", insiste-t-il, visiblement secoué par l’ampleur de la guérilla.

En attendant de se poser sur Montréal le 21 juin, Freeman travaille déjà sur le prochain disque d’IAM, qui sera suivi du sien. Parallèlement, il s’applique à l’élaboration de la ligne de vêtements MarsEyes, de même qu’à l’animation d’une émission mensuelle live consacrée à la relève hip-hop et à tous ceux qui n’ont pas la chance d’être au premier plan.

Justement, les 20 et 21 juin seront des journées fastes pour le hip-hop local. Sous le thème "L’underground Contre-Attakk", le spectacle "Derrière la fumée, la nouvelle vague", qui aura lieu le 20 juin, réunira plusieurs artistes locaux dont Comatoze, Andromaïk et autres invités. Et le 21, en première partie de Freeman, on retrouvera de solides artistes d’ici tels Latitude Nord; les M.C. 01 Étranjj et Kasheem; les D.J. Redd Dredd et Puppa Sacha, et, bien sûr, Les Architekts, à qui l’on doit l’esquisse d’un événement d’une telle envergure. La même journée, à minuit tapant, on célébrera Freeman et K-Rhyme, le roi au club Angels, avec, aux platines, les D.J. Devious, Renagade et Majestic, porte-étendard des M.C. Arabica. Un événement à ne pas manquer.

Le 16 juin
Au Club Soda
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