

Mononc’ Serge : Garde trash
De Plamondon à Mario Dumont en passant par La Fureur, rien ni personne ne résiste à MONONC’ SERGE. Grand pourfendeur de bêtises devant l’éternel, ledit mononcle s’arrête à Québec deux fois plutôt qu’une. Shows trash devant!
Nicolas Houle
Tout semble au beau fixe pour Mononc’ Serge. Il n’y a pas si longtemps, on pouvait entendre sur les ondes des radios commerciales sa ballade où il en venait à la conclusion que "Mieux vaut se payer une danse à 10/Qu’aller au gala de l’ADISQ". Ces jours-ci, c’est l’énergique Marijuana qu’on entend, notamment à MusiquePlus où l’on peut voir régulièrement le vidéoclip qu’il a consciencieusement réalisé par ordinateur. "C’est du travail! J’ai fait ça pendant deux mois, jour et nuit, sans arrêt, se remémore-t-il. Après une semaine, je n’avais que huit secondes de fait, j’étais découragé, mais j’ai trouvé des trucs pour aller plus vite. À la fin, j’étais vraiment écoeuré, tout ça pour 2 minutes 20! Mais je suis quand même content de l’avoir fait et, en plus, de voir qu’on le fait tourner, c’est une petite victoire pour moi!"
Voyager pour le Canada
Puisqu’il n’est pas question de s’arrêter sur cette lancée, Mononc’ s’apprête à récidiver avec son cinquième album. Toujours pris d’affection pour le Canada, celui qui voulait naguère mourir pour son pays fera paraître Mon voyage au Canada vers la fin août, un voyage en musique et en textes explosifs bien sûr, qui l’amènera à travers les 10 provinces canadiennes. "L’idée au départ était un peu de me moquer de la façon dont Radio-Canada fait la promotion du français hors Québec sans jamais parler de l’assimilation, mais j’avais quasiment l’impression de faire des pamphlets contre les francophones hors Québec, raconte-t-il. Je n’avais pas envie de leur taper dessus, alors après deux, trois tounes, j’ai changé mon optique. Je fais même des tounes qui ne sont pas politisées, qui sont ben heavy avec des paroles assez violentes. Je ne soupçonnais pas ça, mais ça a été comme une espèce d’exutoire!"
Mononc’ Serge poursuit donc dans la même lignée qu’avec ses 13 Tounes trash, où commentaire social s’entremêlait avec joyeuses grivoiseries, le tout sur un énergique fond musical. Prenant quelque peu ses distances de l’actualité, il se constitue du même coup un répertoire beaucoup plus durable avec ses Patates, son Couscous et autres Ogunquit. "Les tounes d’actualité que je faisais étaient souvent très proches des événements et les références que je faisais à un contexte particulier ne soutiennent pas l’épreuve du temps, explique le bassiste. Mais ce n’est pas nécessairement pour ça que je me suis éloigné des tounes politiques, c’est surtout parce que je ne fais plus de chroniques sur l’actualité."
L’écriture des pamphlets
Mononc’ Serge a beau laisser macérer sa plume jour et nuit dans le vitriol, faire cohabiter les plus insidieuses grivoiseries sur des pièces comme Saint-Fortunat qui relate l’élection de candidats à la mairie selon la longueur de leur membre; ou sur Simone, qui fait un cru bilan des ébats amoureux d’une "conne", il ne peut s’empêcher de soigner ses textes. Aux côtés des "avaleurs de bittes", des "danses à 10" et des "tabarnak" ont retrouve des "thaumaturges", des "ménisques" et des "bathyscaphes", un lexique peu commun dans la chanson. "Je ne me force pas pour écrire de même, ce sont des mots que je connais, que je lis et que j’utilise. Je suis quand même quelqu’un qui lit pas mal, je suis allé à l’université, j’ai fait des études en histoire et en philo, c’est sûr que j’ai un certain vocabulaire, mais en même temps j’ai mon côté plus vulgaire, qui se manifeste par les hot dogs et les grosses boules. C’est moi tout ça!"
N’empêche, si Mononc’ dit ne pas consacrer un soin particulier à ses textes, on s’étonne tout de même de voir avec quelle efficacité il pond les calembours, notamment dans La Führer, cette pièce où il voit des parentés entre Guy Cloutier, sa blonde progéniture et Hitler: "Elle a pas de classe Barbie [Klaus Barbie]/Quelle nouille…/Mais une chance, elle rit [chancellerie]/Hon, qu’c’est pas fin… au fond, elle a bon coeur [bunker]/Quand on la voit, on s’écrie en choeur/Reichsfürer… la fureur".
À la veille de la parution de son nouvel album, le digne fils spirituel de Plume a plusieurs projets en tête. Des projets qui, tout en étant nombreux, demeurent pourtant flous car Mononc’ ne voit pas tellement à long terme. Peut-être qu’un bouquin de ses chansons et de textes inédits verra le jour, peut-être qu’une nouvelle aventure musicale, entièrement acoustique et sous un autre nom aura lieu, il ne sait trop. "J’ai une démarche artistique irréfléchie, rigole-t-il. Quand je commence à trop réfléchir, je me dis que ça n’a pas de bon sens de faire des affaires comme je fais et qu’il faut que je me lance dans la comptabilité!"
Les 2 et 3 août
En différents lieux
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