

Festiblues/Nanette Workman : Mémoires et racines
L’été est fort occupé pour Nanette Workman. On le comprend: grâce au disque Roots’n Blues, la prêtresse du rock, du blues, du country et du gospel écume les salles de la Belle Province, où on l’acclame unanimement. Vendredi prochain, c’est au Festiblues du parc Ahuntsic qu’elle poursuivra l’aventure accompagnée du Steve Hill Band.
Claude Côté
L’été est fort occupé pour Nanette Workman. On le comprend: grâce au disque Roots’n Blues, la prêtresse du rock, du blues, du country et du gospel écume les salles de la Belle Province, où on l’acclame unanimement. Vendredi prochain, c’est au Festiblues du parc Ahuntsic qu’elle poursuivra l’aventure, accompagnée du Steve Hill Band.
La coïncidence est heureuse: deux jours avant d’interviewer Nanette Workman, je suis tombé par hasard sur sa musicographie diffusée à Musimax. La vocation de la dame y est patente: choriste des Rolling Stones, de Johnny Hallyday et de Peter Frampton; égérie pop avec Tony Roman; reine du disco avec Angelo Finaldi; rockeuse d’opéra avec Luc Plamondon; puis le retour sur terre dans le rôle de mère de famille il y a 14 ans. Après 30 ans d’une vie pareille, pas étonnant qu’à 56 ans, le besoin du retour aux sources se fasse sentir.
Ce qui n’empêche pas Nanette de s’emballer: "C’est à la fois inespéré et bizarre comme sensation que de recevoir tant d’attention pour le disque que j’ai toujours voulu faire. Il y a 30 ans d’expérience de vie là-dedans. Te rends-tu compte? On est numéro 1 à Sherbrooke! J’ai voulu incorporer plusieurs styles de musiques des racines, explique-t-elle, et pas seulement du blues. Par exemple, lorsque j’étais plus jeune, notre "nanny" ne chantait que du gospel dans la maison, à Jackson, au Mississippi, c’était donc une inclination naturelle". Et comment! Vous n’avez qu’à écouter sa version de Hallelujah, de Leonard Cohen, pour vous en convaincre…
Comme on le sait, le disque bénéficie également de l’apport de Steve Hill, ici plus arrangeur que guitariste, éminence bleue plutôt que prestidigitateur du manche. Malgré l’indéniable esprit blues qu’apporte Hill au projet, c’est Nanette qui en a tiré toutes les ficelles. "C’est ce qui m’a le plus emballée avec ce disque: réagir avec spontanéité sur le choix du répertoire et la façon de le chanter. Une façon qui, à cause des gars qui m’accompagnent, me donne un peu de testostérone à moi aussi!"
Nanette Workman vit des moments grisants ces-jours-ci. Car Root’n Blues n’est pas que "le retour aux sources d’une femme mûre", c’est un véritable geyser d’émotions. On sent chez Nanette l’urgence de se tenir debout et d’exorciser le méchant, notamment par le biais du gospel puisé à même les terres du Sud de son enfance. Pour tout dire, Roots’n Blues est l’album de racines que l’on n’espérait plus chez nos chanteuses.
Et puisqu’on parle de racines, profitons-en pour régler une question qui nous travaille: était-ce bien Nanette qu’on entendait sur Gimme Shelter des Stones? "Non; mais c’est moi sur You Can’t Always Get What You Want, Country Honk et Honky Tonk Women, ainsi que sur Ain’t No Use Crying, de l’album Tatoo You", confirme-t-elle. D’ailleurs, Mick Jagger aurait même changé le nom de Memphis pour Jackson (Mississippi) dans le texte de Country Honk, histoire de rendre hommage à Nanette. Ça, c’est de l’histoire…
Le 17 août
Au parc Ahuntsic
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