Hamid Baroudi : Le baroudeur
Musique

Hamid Baroudi : Le baroudeur

Mettant à profit son tempérament de nomade, le chanteur algérien Hamid Baroudi fait naître une world on ne peut plus métissée. Né en Algérie mais élevé en France, le chanteur a plié bagage pour l’Allemagne au tournant de la vingtaine.

Mettant à profit son tempérament de nomade, le chanteur algérien Hamid Baroudi fait naître une world on ne peut plus métissée. Né en Algérie mais élevé en France, le chanteur a plié bagage pour l’Allemagne au tournant de la vingtaine. Sa destination ultime était la Grande-Bretagne, où il comptait marcher sur les traces des Beatles, mais il s’est arrêté en chemin, s’installant au sein du groupe Dissidenten, avec lequel il a travaillé à l’émancipation de la world dans les années 80. "C’est très difficile de percer en Allemagne et c’est pour ça que je vis encore ici, indique-t-il. Frank Sinatra a dit : "If you make it in New York you can make it anywhere", moi je dis: "If you make it in Berlin…"
Chanteur engagé, Baroudi n’hésite pas à se qualifier de rebelle. Il a chanté pour de nombreuses causes, dénonçant la Guerre du Golfe avec Caravan to Bagdad et les assassinats commis contre les journalistes à Alger avec Alone. Après ses années passées à chanter Hakmet lakdar au sein de Dissidenten, il fait cavalier seul au début des années 90 et lance son premier album solo, City No Mad, un véritable succès qui occupa le sommet des palmarès 12 semaines durant dans 17 pays. À la suite de ce succès, Peter Gabriel l’invite à maintes éditions du prestigieux Womad et plusieurs compagnies de disques tentent de l’approcher, en vain. "Les majors, j’ai connu ça avec Dissidenten; le problème, c’est qu’on gagne beaucoup d’argent, on devient gros, gras et paresseux, et, pendant ce temps, la pauvre musique souffre! Je préfère vendre un peu moins d’albums mais rester fidèle à ce que je veux faire. Je cherche la vraie ethno pop, quelque chose de tout à fait spécial."

Ce quelque chose de spécial, Baroudi croit l’avoir trouvé à travers une fusion où raï, pop, techno, jazz et rap cohabitent dans un équilibre quasi parfait. Considérant que la world va de pair avec un long voyage, tant musical que physique, Baroudi travaille près de trois années sur chacun de ses albums, leur donnant naissance à travers ses déplacements. "J’ai toujours mon petit huit pistes digital avec moi et au lieu d’inviter des musiciens d’autres pays, je pars rencontrer ces gens-là chez eux, explique-t-il. Je mange, je m’habille et je dors avec eux, pour savoir comment ils vivent, puis on mélange nos musiques."

À ce métissage musical s’ajoute un langage pluriel. Sur l’album Five, chiffre mystique dans plusieurs cultures, Baroudi chante dans cinq langues: anglais, français, arabe, espagnol et wolof. "Dans ma musique on trouve des Africains, des Arabes, des Allemands et toutes les races; c’est ça, la vraie world music, indique-t-il. Moi, je préfère les mélanges aux ghettos, pas seulement musicalement, mais du côté des langues aussi, car je veux que les gens comprennent mon message."

Bien que le chanteur préfère ne pas trop dévoiler les détails entourant la parution de Sidi, son prochain album (disponible en septembre), on sait tout de même qu’il y inclura de nouvelles rencontres, notamment avec la musique orientale. Et puisque le chanteur est toujours prêt, sa visite au Canada pourrait bien lui permettre de poursuivre son aventure… "Je suis fier de ma culture, mais ce n’est pas pour ça que je ne peux pas aller ailleurs et m’épanouir, fait-il remarquer. Je bouge beaucoup, je flirte avec toutes les autres cultures et je suis très content de revenir au Canada parce que ce voyage me permettra notamment de rencontrer la communauté crie. Peut-être que demain on me verra faire de la musique avec les Amérindiens!"

Les 17 et 18 août
Au Kola Note
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