Eric's Trip : Le dernier voyage
Musique

Eric’s Trip : Le dernier voyage

C’est en 1994, dans la grande froidure de janvier. Dehors, une saison blanche et sèche. Idem à l’intérieur du Café Campus, où s’exécutent quatre gringalets de Moncton répondant au nom d’Eric’s Trip

Nous sommes en 1994, dans la grande froidure de janvier. Dehors, une saison blanche et sèche. Idem à l’intérieur du Café Campus, où s’exécutent quatre gringalets de Moncton répondant au nom d’Eric’s Trip. Ils sont penchés sur des guitares qui déversent un torrent de décibels dignes de Dinosaur Jr. et, en guise d’éclairage, ils ont suspendu deux ampoules de 60 watts complètement nues. C’est cru, c’est croche, et c’est tout à fait dans l’air du temps, quelque part entre le post-grunge et le post-shoegazing.

Sept ans plus tard, Eric’s Trip n’est plus, mais vous pouvez revivre cette soirée dans le confort de votre maison, puisque huit des 22 chansons que l’on retrouve sur le récent disque The Eric’s Trip Show ont été captées lors de leur passage au Campus. "Ces ampoules, ça représentait bien notre façon de voir la musique, qui a toujours été très low-fi", confirme la bassiste et chanteuse Julie Doiron, jointe à Calgary au beau milieu de la tournée réunion de son ex-groupe.

La tournée en question risque de raviver la flamme entre le public et ce qui fut un jour l’un des groupes les plus prometteurs de l’underground canadien, signé par Sub Pop à l’époque où l’on s’imaginait que les Maritimes allaient devenir la Seattle du Nord. "La réaction a été vraiment bonne jusqu’ici, en particulier à Thunder Bay, où l’on n’avait jamais joué. Ça me remet dans le bain et ça me fait renouer avec les grosses guitares et, surtout, avec le public, qui est très enthousiaste à l’idée de cette rencontre. C’est drôle, parce que lorsqu’on a commencé, on ne pensait jamais qu’Eric’s Trip sortirait de Moncton!"

À Calgary, Julie s’ennuie ferme, coincée entre les Prairies, où elle vient de jouer, et la Côte-Ouest, où elle ne se rendra malheureusement pas. "Je suis vraiment déçue, car on a dû annuler le concert de Vancouver à cause d’un petit accident. Rick (White, chanteur et guitariste) s’est démoli la hanche en faisant du skateboard hier. Il arrive à peine à se lever! Pourtant, Rick pratique ce sport depuis des années et il est vraiment bon, alors c’est d’autant plus étonnant; mais, en même temps, il est tellement maigre qu’il n’a pas assez de gras pour amortir les chocs! Je ne suis pas du genre à voir des signes du destin un peu partout, mais j’avais un mauvais pressentiment avant de partir pour cette tournée; par contre, j’imaginais plutôt un truc du genre accident d’auto…"

Parlant de destin, cette réunion impromptue nous apportera-t-elle du nouveau matériel de la part d’Eric’s Trip, qui n’a rien enregistré depuis Purple Blue, en 1996? Rien n’est moins sûr, même si Julie pense qu’un 45 tours pourrait voir le jour. Cer qui est sûr, c’est que, séparément, les membres du groupe de Moncton ne chômeront pas: Julie s’apprête à sortir (en octobre) un premier album entièrement en français sur Endearing Records; et elle participe également au nouveau projet solo de Gord Downie, chanteur des Tragically Hip. Quant à Rick, il poursuit ses projets à saveur plus psychédélique au sein de son groupe Elevator. Quant à son dernier tour de piste avec Eric’s Trip, il risque bien de se faire sur une chaise.

Le 26 août
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