Yes : On arrête pas le progressif
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Yes : On arrête pas le progressif

Le progressif n’est peut-être plus au goût du jour, mais le groupe Yes est loin de s’en formaliser: il s’apprête à lancer un nouvel album en plus d’une tournée mondiale en compagnie d’un orchestre symphonique, rien de moins!

Le quatuor britannique Yes n’a plus vraiment besoin de présentation. Groupe phare du mouvement progressif, il s’est vite imposé comme l’une des réussites de l’art rock durant les années 70 grâce à des pièces complexes et à grand déploiement, à des albums aux concepts finement élaborés et à des musiciens auxquels les fans vouent encore aujourd’hui un véritable culte, qu’il s’agisse du chanteur Jon Anderson, du guitariste Steve Howe, du claviériste Rick Wakeman ou du batteur Bill Bruford.

Malgré le va-et-vient incessant de ses membres, Yes a été l’une des rares formations progressives à survivre aux années 80. Comptant sur l’arrivée du guitariste Trevor Rabin, le quintette a pris une tangente pop réussie pour ensuite se réconcilier avec son passé à travers le projet Union et franchir les années 90 avec une relative aisance, non sans de nouveaux changements de musiciens. "Ces changements font partie de la dynamique de Yes, indique le bassiste Chris Squire, seul musicien à avoir été de toutes les incarnations du groupe. On a eu trois joueurs de guitare, deux batteurs, six joueurs de clavier et deux chanteurs si l’on compte l’album où chantait Trevor Horn. Ça n’a rien de négatif, ça rend notre aventure intéressante et c’est pourquoi Yes est capable d’être encore là après plus de 30 ans et d’apporter du neuf."

Formation élargie
La présente mouture de Yes compte Jon Anderson au chant, Steve Howe à la guitare, Alan White à la batterie et Chris Squire à la basse. Pour la première fois, le poste de claviériste est demeuré vacant. En effet, plutôt que de faire appel a l’un des maints remplaçants de Rick Wakeman, les quatre collègues ont préféré créer un nouvel album, Magnification, avec une nouvelle orchestration: "On a fait l’album en entier sans claviériste parce que l’on voulait qu’un orchestre symphonique prenne la place des claviers, explique Squire. Jon, Steve, Alan et moi avons écrit la musique et l’avons fait orchestrer par Larry Groupé, qui est aussi l’un des chefs d’orchestre qui nous accompagnent en tournée."

Lorsqu’on connaît le répertoire de Yes, on ne s’étonne guère de voir la formation oeuvrer avec un orchestre symphonique. Pourtant, il faut remonter à plus de 30 ans, en l’an 1970 pour être plus précis, pour recenser la précédente aventure live du groupe avec une telle orchestration. "Depuis plusieurs années, nos fans nous demandaient si nous pouvions faire ce type de tournée, raconte Squire. On a toujours voulu et finalement ce n’est que cette année que l’occasion s’est présentée et que nous avons pris la décision de l’essayer."

Enchantés des résultats de ce nouveau partenariat musical, Squire et sa bande ont déjà plusieurs spectacles à leur actif où ils n’hésitent pas à présenter des pièces de Magnification, bien que l’album ne soit pas encore paru – il paraîtra le 11 septembre prochain. Cela dit, c’est toutefois les classiques qui demeurent à l’honneur, les pièces de Tales from Topographic Oceans, Relayer et Close to the Edge qui prennent une nouvelle dimension sonore tout en demeurant fidèle à leur version originale puisque le quatuor a invité un claviériste, Tom Brislin, à venir jouer les lignes et les sons que l’orchestre ne saurait reproduire. Quant à l’orchestre qui accompagne le groupe, il change d’une ville à l’autre. Pour Québec, ce sera le Gala Philarmonic de Montréal qui sera de la partie.

Les groupes se consacrant au rock progressif se faisant de plus en plus rares, devrons-nous assister au Yessymphonic Tour avec l’oreille de l’historien musical, de l’archéologue du rock ou du fan nostalgique? "Plusieurs personnes croient que Radiohead est un groupe progressif. Ce groupe est peut-être le nouveau progressif et des groupes comme Tool peuvent aussi être une nouvelle version du prog, suggère Chris Squire. Ce n’est pas nécessairement semblable à ce que nous faisons, mais je crois qu’il y aura toujours des possibilités pour les musiciens qui veulent jouer un peu plus que de la pop."

Le 26 août
Au Colisée
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