Denis Gougeon : Haute saison
Musique

Denis Gougeon : Haute saison

L’année du compositeur DENIS GOUGEON est encore très chargée. Sollicité de toutes parts pour ses talents de créateur, il oeuvrera tant auprès du jeune public que des mélomanes avertis. Une saison dans la vie de Denis Gougeon.

Denis Gougeon

est à n’en pas douter l’un des compositeurs les plus fertiles en sol québécois. On lui commande des ballets depuis l’Allemagne ou la Norvège, et des musiques de toutes sortes, du solo à l’orchestre, de partout au Canada. Ce n’est pas pour rien que le Conseil québécois de la musique lui remettait en novembre dernier le prix Opus du compositeur de l’année! Loin de se reposer sur ses lauriers après cet hommage, Denis Gougeon en a profité pour concocter une saison 2001-2002 qui pourrait bien lui valoir le prix une autre fois!

C’est dans la deuxième partie de la saison que le compositeur nous fera entendre ses nouvelles créations. En février, d’abord, à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, Claude Régimbald et Claude Webster interpréteront La Voix de l’oiseau, pour flûte et piano. Puis, dans le cadre de l’événement Musimars, c’est le grand ensemble de la SMCQ et la soprano Marie-Danielle Parent qui feront la création d’une oeuvre dont le titre reste à venir. On me dit, à la SMCQ, que le concert présentera des pièces de compositeurs canadiens d’aujourd’hui dans des tonalités inspirées de la Chine éternelle. Le compositeur, lorsque je lui ai parlé, ne semblait pas connaître ce détail… Enfin, les Jeunesse Musicales du Canada ont tablé sur la grande expérience de Gougeon en matière d’art vocal et lui ont commandé l’oeuvre imposée pour la première édition du Concours international de Montréal, consacré cette année à la voix. Les participants à ce concours viendront évidemment d’un peu partout, et le choix du texte pour une telle pièce n’est pas anodin. Le compositeur jongle pour le moment entre le français et le latin. L’oeuvre sera interprétée par l’OSM sous la direction de Charles Dutoit.

Scène ouverte
Au chapitre des reprises, notons celle de l’OSM, dont Gougeon est un habitué. Il y fut compositeur en résidence de 1989 à 1992 et sa pièce À l’aventure, de 1990, était interprétée par l’orchestre lors de sa tournée sud-américaine de 1991. C’est justement celle-là que nous aurons le plaisir d’entendre à Wilfrid-Pelletier en mai prochain. Il y a aussi l’Orchestre national du Québec qui inscrit au programme de son deuxième concert, le 6 décembre prochain, Un train pour l’Enfer, pièce commandée à l’origine par le NEM et les Percussions de Strasbourg. La seule réunion de "l’instrumentarium" nécessaire à son interprétation relève déjà du défi. Disons que la marche est haute pour le nouvel orchestre.

Denis Gougeon est doué d’une polyvalence que les diverses contraintes venant avec les commandes ne contribuent qu’à élargir. Il n’est donc pas étonnant de le trouver associé au Théâtre UBU de Denis Marleau, pour lequel il a déjà réalisé les musiques de quatre spectacles. La prochaine production d’Ubu, Au coeur de la rose, sur un texte de Pierre Perreault, portera encore sa griffe. "Quand on travaille avec quelqu’un comme Marleau, m’a confié le compositeur, on a envie de tout donner, toute l’équipe travaille à ce que ça marche; bien sûr c’est un travail différent, mais c’est extrêmement stimulant." Le résultat de leurs premières collaborations peut être entendu sur un disque paru chez Analekta.

Jeune public
Le volet jeunesse de la Société de musique contemporaine du Québec commandait en 1995 à Denis Gougeon la musique du conte musical Le Piano muet, sur un texte de Gilles Vigneault. Le succès fut tel que l’oeuvre a été traduite en anglais et même en catalan! L’Arsenal à musique ne s’est donc pas trompé en lui demandant d’écrire la musique, en tandem avec Yves Daoust pour la partie électroacoustique du spectacle Planète Baobab (6 à 12 ans) qui fut créé en avril 2000 avec l’Orchestre symphonique de Québec. Le spectacle, basé sur Le Petit Prince de Saint-Exupéry adapté par Michèle Marineau, revient à Montréal à la faveur de la tournée Jouer dans l’Île. D’octobre à janvier, il sera donc possible de le voir dans sa version pour quintette à vent et deux solistes (la partie orchestrale accompagnant le tout sur disque compact). Denis Gougeon a vraiment un public de 7 à 77 ans!

La SMCQ-jeunesse accueille au mois d’octobre, après Québec et pour quelques jours seulement, le spectacle Cocotte perchées, opéra de basse-cour pour les 6 à 10 ans; et Le Plancher musical, atelier sonore et espace de jeu pour les 3 à 10 ans. Il s’agit d’une coproduction présentée dans le cadre de l’événement France au Québec/la saison et les activités sont présentées par le groupe Éclats, de Bordeaux. On dit de lui qu’il a développé une approche vivante et singulière de la musique d’aujourd’hui, qu’il propose avec une pédagogie dont l’humour n’est pas exclu.

Du côté des spectacles pour jeune public, les Jeunesses Musicales ont une expérience non négligeable; l’organisme propose cette année pas moins de huit productions différentes destinées à un public âgé de 5 à 12 ans. Récemment installé dans sa propre maison, au coeur du Plateau-Mont-Royal, le mouvement JM s’est donné une magnifique salle de musique de chambre capable d’accueillir une centaine de personnes. Pour favoriser l’éveil au monde de la musique, les approches sont pour le moins variées: du tromboniste solo, qui joue aussi du didjeridu, au duo harpe et percussions en passant par le duo de flûtes "barocambolesques" et le quintette de cuivres: on peut dire qu’il y en a vraiment pour tous les goûts! Les Jeunesses Musicales ont le vent dans les voiles et cette saison sera marquée par la première édition du Concours international de Montréal, un événement d’envergure sur lequel nous aurons l’occasion de revenir.

La formation du public de demain n’est pas laissée de côté par nos grands orchestres. L’Orchestre symphonique de Montréal programme ainsi Le Petit Chaperon rouge et Bouledogue Bazar pour faire découvrir aux plus jeunes les grandes oeuvres du répertoire symphonique. Quant à l’Orchestre Métropolitain, il reprend les classiques Guide des jeunes à l’orchestre, de Britten, et L’Apprenti-sorcier, de Dukas; et promet de tisser des liens entre musique symphonique et musique traitée pas ordinateur avec Tubby le Tuba.

Il ne reste plus qu’à souhaiter aux services de garde et aux écoles les budgets nécessaires pour offrir aux enfants toutes ces activités!

Renseignements:
L’Arsenal à musique, (514) 738-0336 – SMCQ, (514) 843-9305
Jeunesses Musicales, 845-4108
OSM, 842-9951 – OM, 598-0878

France au Québec/la saison
Cette manifestation, dont on a relativement peu entendu parler jusqu’à maintenant, se veut un écho au Printemps du Québec organisé en France en 1999. Bizarrement, les organisateurs se félicitent de ce que l’une des grandes caractéristiques de l’événement soit l’impertinence de ses propositions artistiques. Il semble dans ce cas que l’on puisse prendre de ce côté-ci de la grande mare une bonne dose de cette impertinence. Théâtre, danse, nouveau cirque, musiques (baroque, actuelle, électronique, chanson), arts plastiques, cinéma, littérature, et j’en passe. Bref, on parle de 70 projets comptant quelque 600 artistes; tout ça, entre septembre et novembre.

En ce qui nous concerne, le colloque Interactivité musique/technologie présenté en association par le Conservatoire de musique de Montréal, l’Ensemble contemporain de Montréal, la SMCQ, et les ensembles de Lyon Les Temps modernes et Grame (ouf!) risque d’être très enrichissant pour les amateurs de musiques mixte ou électroacoustique (20 au 28 octobre). Également, dans le cadre du festival Orgue et couleurs, un concert de musique contemporaine par Jean-Pierre Lecaudey, organiste français, accompagné par la percussionniste Marie-Josée Simard, et la soprano Pauline Vaillancourt, à l’église Saint-Nom de Jésus à Montréal, le 3 octobre.

Il y aura d’autres manifestations sur lesquelles nous aurons à revenir, tout comme sur celles-ci d’ailleurs, plus longuement. Coup d’envoi à Montréal le 15 septembre.

À suivre.