Des accords de guitare plaqués avec insistance, une musique qui s’impose par la force et l’énergie plutôt que par la virtuosité, tel est le lot des Frenetics. Basé à Montréal, le groupe propose une approche musicale conjuguant le punk britannique de la première heure et les bases mélodiques du indie rock. Son premier album de longue durée, These Mistakes Took Years of Practice, en fait foi. Empruntant à ces courants, The Frenetics chantent, crient, invoquent quelque divinité païenne usant d’une prière syncopée à quatre temps.
Née en 1999, la formation montréalaise reçoit l’aval des critiques et réconcilie les fans des différentes scènes rock et punk. Se voyant récemment octroyés la tête d’affiche d’un spectacle que devaient donner les Weakerthans à Québec (annulé au lendemain du 11 septembre), The Frenetics sont parvenus à soulever une foule nombreuse qui ne les attendait pourtant pas là, pas comme ça. Cet ostensible magnétisme musical résiderait, selon leurs fans, dans leur habileté à cristalliser les principaux mouvements rock et punk: "Les gens ont l’impression que notre son est une synthèse entre le vieux punk de 77 et ce qui s’est fait au début des années 90, comme Fugazi ou Jawbreaker", rapporte Philippe Tremblay, bassiste de la formation, accessoirement originaire de Québec.
Un son qui franchit les frontières, le groupe parvenant à voyager à travers Canada et États-Unis, allant jusqu’à faire la tournée des sous-sols états-uniens, une voie de service propice aux formations en devenir. Philippe Tremblay explique: "C’est un phénomène [propre] aux États-Unis. Quelques punks qui louent une maison, souvent dans des quartiers universitaires, utilisent leur sous-sol comme local de pratique et, quand il y a des groupes en tournée dans le coin, ils les font jouer chez eux. On est arrivés là, on était des inconnus et ils nous ont invités. Tu te ramasses avec 30, 50 personnes. Il y a une bonne interaction avec les gens. Au Québec, c’est pas la même structure [urbaine], il y a moins de maisons à louer, tandis qu’aux États-Unis, c’est beaucoup plus fréquent comme phénomène."
Complété par Anne Gauthier à la batterie et Malcolm Bauld à la guitare et aux voix, le trio convainc par sa lucidité; son porte-parole faisant preuve d’un calme aux antipodes de la frénésie, posant au passage un regard non pas critique, mais toutefois réaliste, sur le milieu duquel ils sourdent. La relation exemplaire qu’entretient la formation avec The Union, sa maison de disques, qui abrite aussi de nombreuses formations montréalaises indépendantes, n’est sans doute pas étrangère à cette impression de sérénité qui transpire de l’entretien: "C’est assez ouvert, explique Tremblay, plus convenable finalement. On fait les shows qu’on veut, l’association de Union à Greenland [promoteur] nous permet aussi de jouer pour de gros événements; comme là, on vient d’apprendre qu’on jouera avec Sloan et The Dears en fin de semaine [à Montréal]. Aussi, on aura une bourse pour réaliser un vidéoclip et ce sont des choses pour lesquelles The Union travaille beaucoup pour nous; on n’a plus besoin de se préoccuper de toute la merde administrative et on peut jouer."
Le 27 octobre
Au Cube
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