Chasse et Pêche et Rock'n'Roll: Coup de chapeau à Serge Deyglun : Un air de famille
Musique

Chasse et Pêche et Rock’n’Roll: Coup de chapeau à Serge Deyglun : Un air de famille

L’hommage, fort pertinent, que propose cette année Coup de coeur francophone à l’homme libre que fut Serge Deyglun, mort en 1972, risque bien d’être l’une des soirées les plus courues de l’événement. Une initiative dont la maternité revient à Guylaine Maroist, éminence grise des Musicographies à Musimax et fouineuse impénitente de nos archives musicales.

L’hommage, fort pertinent, que propose cette année Coup de coeur francophone à l’homme libre que fut Serge Deyglun, mort en 1972, risque bien d’être l’une des soirées les plus courues de l’événement. Une initiative dont la maternité revient à Guylaine Maroist, éminence grise des Musicographies à Musimax et fouineuse impénitente de nos archives musicales depuis qu’elle travaille avec Dennis Pantis des Disques Mérite, grand archiviste de bandes sonores du patrimoine musical québécois. "Parmi toutes les bandes qui appartiennent à Dennis Pantis, explique-t-elle, celle de Serge Deyglun ressortait vraiment du lot. Parce que, musicalement, ça ne ressemble à rien. C’est complètement atypique. Serge Deyglun, de toute sa vie, a enregistré un seul album, en 1959: la moitié en studio, la moitié en spectacle au Quartier Latin."

C’est donc dire qu’au total, l’oeuvre complète de Deyglun tient en 18 chansons. Pas une de plus. Afin de mieux cerner le personnage, il faut aussi le situer dans son contexte: "En 1959, explique Maroist, il contrastait avec l’époque des cabarets. Les premières chansons qu’on entend sur le disque (paru récemment chez Mérite) sont plus françaises dans l’approche (d’où une certaine connivence avec Boris Vian, ou même Brassens). Le reste du répertoire verse plutôt dans la parodie de musique western chantée en joual, sorte de façon de renvoyer l’ascenseur aux Marcel Martel et Paul Brunelle du moment, qui, eux, ne bénéficiaient d’aucun réseau de diffusion. De cette approche est née la chanson "canayenne" de Tex Lecor et, bien plus tard, celle, parodique, de Plume. Il a vraiment marqué les gens du milieu; le public, moins, sauf pour sa chanson Cinq pieds deux, les yeux bleus, qui fut son seul succès."

Serge Deyglun est le cas patent du type qu’il faut approcher sans le moindre a priori. Pas complètement country (il est beaucoup plus vaste que ça), il livre une sorte de folk-blues décharné, comme si Mississippi John Hurt ou Hank Williams chantaient en français: on est sur un manège enchanté, mais des têtes de morts pendent du plafond. Deyglun distille une poésie narquoise et satirique, chasse gardée des meilleurs songwriters esseulés en manque d’exorcisme.

En montant ce projet, Guylaine Maroist à fait appel à sa veuve, Marie-Christine Deyglun, pour les précieux souvenirs; mais aussi à Mouffe, pour la mise en scène. Parmi les invités de cette soirée pas ordinaire: Michel Chartrand, Tex Lecor, Jacques Languirand, Jean-Guy Moreau, Chloé Sainte-Marie, Biz et Chafiik de Loco Locass, Mononc’ Serge, Steve Normandin, gagnant du Festival de Petite-Vallée cette année, ainsi que le fils de Serge, Stéphane Deyglun. Fils de la comédienne Mimi d’Estée et de l’auteur et producteur Henri Deyglun (qui épousera plus tard Janine Sutto, mère de Mireille Deyglun, qui coanimera la soirée avec Gildor Roy), Serge Deyglun ne manque donc pas de ramifications généalogiques: "C’est pour cela que le 5 novembre, on fait un party de familles, avec un "s"", tient à souligner Guylaine Maroist.

"Au-delà de tout ce qu’il a fait en musique et ailleurs, Deyglun était un maniaque de chasse et de pêche, et sa connaissance de la faune et la flore du Québec était apparemment prodigieuse, relate Maroist. Il faut donc considérer son tour de chant comme un intermède, puisqu’il est rapidement passé à autre chose. Il a écrit des recueils de nouvelles, des guides de chasse et pêche, et, dans la même veine, a été chroniqueur dans les quotidiens. On raconte même qu’il aurait aidé à mettre sur pied le premier ministère de l’Environnement." On suppose donc qu’il appréciera cette joyeuse entreprise de recyclage…

Le 5 novembre
Au Lion d’or
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