Improvisators Dub : Dans la force du mixage
Musique

Improvisators Dub : Dans la force du mixage

S’il s’agit du premier pèlerinage des Bordelais d’Improvisators Dub en sol québécois, les preuves ne sont plus à faire de l’autre côté de l’Atlantique, où on les qualifie d’"activistes du dub live", une réputation justifiée par leur manière novatrice et évolutive d’aborder une musique qui, par essence, se veut un art de studio.

S’il s’agit du premier pèlerinage des Bordelais d’Improvisators Dub en sol québécois, les preuves ne sont plus à faire de l’autre côté de l’Atlantique, où on les qualifie d’"activistes du dub live", une réputation justifiée par leur manière novatrice et évolutive d’aborder une musique qui, par essence, se veut un art de studio. En France, où le mouvement s’est implanté il n’y a que quelques années, Improvisators Dub, s’est imposé en véritable chef de file du genre. "La scène anglaise relève d’une musique de D.J., il n’y a pas vraiment de grands groupes de musiciens, c’est plutôt des mixeurs, alors qu’en France, c’est l’inverse, les musiciens proviennent de la scène alternative", explique Nico, bassiste du groupe.

Issus des milieux rock, hardcore, punk et ska, mais possédant un attrait commun pour le reggae, les cinq membres du groupe ont bifurqué vers le dub pour son côté exempt de toutes règles établies. "Le dub, en fait, c’est le côté expérimental du reggae, comme chaque musique a son versant expérimental", soutient Nico. "C’est une musique totalement libre, il n’y a pas vraiment de canon à respecter, une bonne chanson se constitue en général de la même façon avec son intro, ses couplets et ses refrains, alors que le dub, c’est beaucoup plus libre dans ses structures."

Ainsi, ils ont pris part à l’aventure en 1995 en se commettant dans les rues et devant le magasin de disques que possédait leur ingénieur du son. Ils seront intronisés deux ans plus tard dans l’industrie par Junior Delgado, pilier jamaïcain du genre, et enregistrent alors leur premier 45 tours.

La fidélité aux ancêtres et aux racines reste primordiale dans leur musique, comme le claironne d’ailleurs Nico: "Dub is reggae, reggae is dub, c’est indissociable." En ce sens, leur son demeure ancré dans une approche roots, mais combine du même coup les élans électroniques du dub d’outre-Manche. La rythmique est mise de l’avant par une basse et une batterie soutenues, conjuguée à un fond dense et hypnotique nappé d’écho et d’effet de reverb. Mais là où réside toute l’originalité hybride des Improvisators, c’est dans la diversité des instruments employés. Cet apport provient de l’expérience des membres, et non d’une recherche particulière de style: "Quand on a commencé, relate Nico, c’était assez traditionnel: guitare, basse, batterie, ensuite, au hasard, la batterie est devenue électronique, le guitariste a rajouté des effets et moi, des claviers. Notre saxophoniste, qui était en voyage, est revenu en sachant jouer de la sitar et de différentes flûtes." Mélodica, bol tibétain et harmonium sont aussi savamment intégrés à leur travail. On pourrait avec raison percevoir ce pluralisme musical comme une transposition de l’ouverture d’esprit du quintette qui prône ardemment le métissage des cultures. Dans une optique similaire, ils puisent beaucoup de la rencontre avec d’autres créateurs. Comme le veut la tradition dub, qui s’appuie énormément sur le partage des visions et sur les collaborations, Russ D., de la formation britannique The Disciples, s’est joint à eux l’an dernier pour le mixage de leur deuxième album, Dub & Mixture. Il s’agit pour eux d’une manière enrichissante de travailler qui confronte des manières dissemblables de faire.

Ce n’est cependant qu’en spectacle que la puissance de leur talent atteint son zénith et que leur nom prend tout son sens: "On reste dans une approche musicale assez improvisée, on essaie de recréer sur scène ce que peut faire l’ingénieur du son en studio, on , on applique des effets, le sonorisateur mixe en direct et c’est assez libre comme musique." On peut donc s’attendre à voir une prestation scénique intense et méditative où, à la manière d’un work in progress, tout se joue dans l’impulsion du moment. "Sur scène, on démarre à partir d’une intro ou d’un thème et tout se fait alors au fur et à mesure, on bricole un morceau qui ne sera jamais joué deux fois de la même façon, car il n’y a aucune fin établie, ça peut durer trois minutes, cinq minutes, et quand on sent que le morceau est fini, eh bien… on l’arrête."

Le 3 novembre
Au Club Soda
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