

Lucid Beausonge : Acquis de conscience
Le 2 octobre dernier, LUCID BEAUSONGE lançait Laissons passer l’amour, un disque profondément marqué par la transformation. Le regard limpide qu’elle pose maintenant sur sa vie et sur son oeuvre démontre que même après 20 ans de métier le pseudonyme si évocateur qu’elle porte lui colle toujours aussi bien à la peau.
Clémence Risler
L’auteure-compositrice-interprète française dont la carrière a connu un départ fulgurant en 1982 avec la chanson Lettre à un rêveur a toujours entretenu une relation privilégiée avec le Québec. Afin de s’incruster un peu plus dans notre paysage et d’y avoir un contact encore plus étroit avec le public, elle a enregistré ce 10e album à Montréal. Elle s’est également entourée de musiciens québécois, qui l’accompagneront sur scène lors de son passage à Québec pour le festival Coup de coeur francophone ainsi que pour une importante tournée de la province prévue pour février. À la tête de cette équipe, se retrouve le bassiste et arrangeur Jacques Roy, qui a, entre autres, signé la musique de Bouscotte avec le violoncelliste Claude Lamothe.
Après avoir traversé un parcours jalonné d’épreuves, Lucid Beausonge a aujourd’hui acquis une quiétude qui correspond à un idéal auquel elle aspirait depuis longtemps, voire depuis toujours. "Je suis devenue une artiste beaucoup plus consciente d’elle-même. J’étais autrefois quelqu’un de très instinctif, ce qui me donnait une certaine force, mais qui faisait en sorte qu’il y avait des choses auxquelles je n’avais pas accès, tout allait trop vite", explique-t-elle en précisant que cette maturité se traduit de façon très tangible dans son art. Laissons passer l’amour reflète effectivement cette renaissance par laquelle elle est devenue maîtresse de ses choix et même de son bonheur. Les chansons y sont empreintes d’un optimisme patent et multiplient les références à des concepts comme l’ouverture, la foi et la confiance.
Par ailleurs, si elle réussit à mieux contrôler son travail, ce n’est pas sans se soumettre à une certaine discipline, car la maîtrise de son art passe par un processus rigoureux consistant à l’étude quotidienne de la musique classique. "Il s’agit d’un moment où je suis complètement avec moi-même et qui m’a permis de sortir de mon ego et d’être plus en contact avec ma propre création tout en la démystifiant." En 1992, elle a sorti un album uniquement consacré à la musique classique intitulé De Mozart à Bernstein, et elle se promet de réitérer l’expérience.
"Aujourd’hui, affirme Lucid Beausonge, c’est un recommencement, parce qu’intérieurement je suis totalement différente, j’ai une implication par rapport à ce que je fais qui est beaucoup plus forte, et je suis beaucoup plus présente dans ma relation aux autres." C’est à partir de cette nouvelle confiance envers son entourage qu’elle a pu déléguer la réalisation du disque à Jean-Paul Dréau, auteur du texte J’veux de la tendresse dont la version anglaise a été interprétée par Elton John. Polnarff, Fabienne Thibault et Ginette Renaud ont également chanté ses paroles. En ce qui concerne Lucid Beausonge, la rencontre avec cet homme fut cruciale puisqu’il lui a ouvert de nouvelles perspectives. "C’est quelqu’un qui sait parfaitement transmettre l’émotion. Je l’ai complètement laissé agir selon la façon dont il avait envie de me voir. Son approche est très dépouillée contrairement à moi, qui sens toujours le besoin de remplir, et le résultat, au fond, en est qu’il a su faire émerger l’essentiel." Ainsi, en comparaison avec les disques précédents, la production s’épure et la musique s’affine, plaçant la voix chaleureuse de l’interprète à l’avant-plan. L’émotion y gagne par conséquent en justesse et en intensité.
De par cette même nécessité de rapprochement avec les autres, elle fera partie de la distribution de Jeanne la romantique, une comédie musicale écrite par Jean-Paul Dréau sur une musique de Saint-Preux. Une expérience qui constituera un tournant majeur dans la carrière de celle qui, pendant 10 ans, a présenté un spectacle où elle était seule au piano.
Enfin, une relation plus authentique s’établit aussi avec le public vis-à-vis duquel elle adopte une attitude plus sereine, qui lui permet d’atténuer la crainte de décevoir qui l’habite depuis le début de sa carrière. "C’est une question de confiance, il faut savoir que les gens nous aiment pour ce qu’on est et pas pour ce qu’on croit qu’il faudrait être. Je suis maintenant capable d’être plus dans l’instant et la vérité."
Le 2 novembre
À la Maison de la Chanson
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