Elbow : Jouer du coude
Musique

Elbow : Jouer du coude

On ne sait pas ce qu’il y a dans l’eau de Manchester, mais la ville britannique a vu naître son lot de groupes importants au fil des ans: après les pionniers Joy Divison, puis The Smiths, ce fut au tour des Happy Mondays, Stone Roses, Oasis et, plus récemment, Badly Drawn Boy et Alfie. Et l’une des grandes révélations de l’année nous arrive justement de ce coin: Elbow, qui a réussi à s’imposer avec un sublime premier disque, Asleep in the Back.

On ne sait pas ce qu’il y a dans l’eau de Manchester, mais la ville britannique a vu naître son lot de groupes importants au fil des ans: après les pionniers Joy Divison, puis The Smiths, ce fut au tour des Happy Mondays, Stone Roses, Oasis et, plus récemment, Badly Drawn Boy et Alfie. Et l’une des grandes révélations de l’année nous arrive justement de ce coin: en effet, Elbow a réussi à s’imposer avec un sublime premier disque, Asleep in the Back, qui lui a valu des comparaisons avec Travis, Radiohead et, surtout, Coldplay. Pourtant, même si l’on retrouve sur Asleep in the Back le même goût pour la mélancolie, la palette d’émotions est plus riche sur le disque d’Elbow. Si les membres de Coldplay ont tous la jeune vingtaine, ceux d’Elbow sont ensemble depuis plus de 10 ans, et cela transparaît inévitablement dans leur musique.

La route a été longue pour Elbow, originaire de Bury, une petite ville tout près de Manchester. Après avoir signé un contrat avec Island, en 1998, et enregistré une première maquette décevante en France, le groupe a été abandonné par sa compagnie de disques un an plus tard. "Le premier jet qu’on a produit était difficile à écouter, parce qu’on avait été trop prudents. On avait créé une musique trop mécanique, sans âme", explique le bassiste Pete Turner. Les gars se sont alors retroussé les manches, et ils ont lancé deux mini-albums dans leur région natale, ce qui a piqué la curiosité des dirigeants de V2, leur nouvelle étiquette de disques. Finalement, le groupe a pu endisquer Asleep in the Back, sorti le printemps dernier, et qui a reçu d’excellentes critiques jusqu’à maintenant.

Ce premier disque est donc le reflet de 10 ans dans la vie des membres de la formation. Voilà pourquoi on trouve cette ambiance empreinte de tristesse, de révolte et de questionnement. Pas facile, la vie dans un petit bled perdu. Se qualifiant lui-même de dépressif, le chanteur et parolier Guy Garvey a puisé dans sa propre vie, et il a abordé des sujets comme la drogue, la rupture amoureuse et la déprime. Entre douceur et violence, Asleep in the Back se démarque donc par sa grande honnêteté. "On ne perd pas de temps à prendre des poses, à pratiquer des gestes et à être des rock stars; on est là pour jouer de la musique", lance Turner.

Quand on regarde le parcours d’Elbow, on ne peut s’empêcher cependant de rigoler en constatant que le groupe a amorcé sa carrière en jouant… du funk! À ce moment-là, le quintette s’appelait Soft. "Au collège, on écoutait beaucoup de Red Hot Chili Peppers et de Beastie Boys, et on essayait de reproduire ce type de son. Mais, avec le recul, je peux te dire que c’était de la musique horrible, et même déshonorante pour nous, lance avec franchise Pete Turner. C’était idéal pour la scène, mais on n’aurait jamais pu enregistrer un disque avec ça." Même chose pour les influences; il est assez étonnant de constater que les membres d’Elbow sont de grands amateurs de rock progressif. D’ailleurs, Pete a déjà avoué à un journaliste que la musique d’Elbow était du "prog-rock sans les solos". "Je sais, c’est très mal vu d’affirmer qu’on aime la musique progressive. En fait, c’est le côté expérimentation qu’on apprécie le plus, comme Genesis ou King Crimson ont pu le faire à leurs débuts." Vraiment, on ne peut accuser les gars d’Elbow de manquer de sincérité…

Avec Goldfrapp
Le 25 novembre
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