Kelly Joe Phelps : Voix lactée

On vous l’a dit maintes fois: Kelly Joe Phelps est un musicien fascinant dont l’originalité musicale commande l’admiration. Faisant partie d’un vaste mouvement de transhumance vers le folk sous toutes ses déclinaisons, l’homme solitaire à la guitare acoustique privilégie la matière sonore plus que la phrase musicale. Démarqué, dites-vous?

En juxtaposant gospel et blues, folk et un songwriting sans excès de polissage, Phelps est un créateur exemplaire d’atmosphères où le rêve, la parole et la paix se répondent. À preuve, la matière de ses quatre disques est toujours impeccablement articulée. Il déploie une inventivité (notamment avec sa guitare couchée sur ses genoux), une rigueur (aux contours mélodiques néanmoins imprévisibles) et une élégance qui le distinguent largement de ses contemporains. Vous aurez compris que maintenant tout le monde craque pour Kelly Joe. Lorsque je lui confie qu’avec son timbre vocal singulier et envoûtant qui anesthésie l’âme, il pourrait chanter le bottin de téléphone sans que personne ne lui en tienne rigueur, le calme habituel du résidant des montagnes de l’Oregon se transforme en un éclat de rire franc et continu. "C’est une voix qui s’est développée toute seule et elle fait partie de mon musical package, mais elle ne cherche à s’inspirer de personne. Pourtant, l’émotion la plus palpable sur mes albums en est une de confusion et de mystère. Mes chansons parlent beaucoup de recherche intérieure, ce qui m’incite à relater mes histoires en images plutôt que de façon directe: en créant des personnages, en les campant dans des sketchs. Au-delà de ça, j’essaie de ne pas me demander ce que je suis en train de faire, je n’y cherche aucune explication."

Le nouvel album s’intitule Sky Like a Broken Clock, titre aussi étrange que son précédent, Shine Eyed Mister Zen: "Ces titres sont des paroles extraites de mes chansons, tout simplement." Et comme Phelps ne pouvait faire son numéro en éternel solitaire, il s’est adjoint la collaboration du bassiste de Tom Waits, Larry Taylor, et du batteur des défunts Morphine, Billy Conway. "Ils ont joué sans aucune restriction de ma part", précise Phelps, peu habitué à incarner les maîtres de cérémonie. Je suis content de l’expérience parce que l’esprit intrinsèque de ma musique n’est pas trafiqué."

Contrairement à ce qui a été annoncé, Kelly Joe Phelps ne vient pas présenter un nouveau spectacle: "Parce que je viens seul encore une fois et que le nouveau spectacle, avec Larry et Billy, fera escale à Montréal cet été." Ne manquez la première partie sous aucun prétexte, puisque les Montréalais Penny Lang et Michael Browne, auteurs respectifs de brillants nouveaux disques, seront chargés de réchauffer la salle.

Le 23 novembre
Au Spectrum
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