Docteur Landry : Toubib or not toubib
Musique

Docteur Landry : Toubib or not toubib

Compagnon des premières heures de Plume Latraverse, le Docteur Landry émergeait d’un long silence discographique le printemps dernier en faisant paraître son premier album solo. Il remonte maintenant sur les planches en première partie du Rêve du diable.

Vous connaissez bien sûr le célèbre refrain "Oui nous avons le soleil" du Retour à la terre. Et vous attribuez sans doute la chanson, avec raison, à Plume Latraverse. Mais saviez-vous que le Docteur Landry l’a co-écrite avec l’Oncle Pluplu, comme une dizaine d’autres chansons telles Le loup fuck? Fuck le loup! et Métropole B.B.Q.? Il y a fort à parier que non.

Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls. Pierre Landry semble d’ailleurs avoir tout fait pour qu’on l’oublie: après avoir passé un an à jouer Le vice au sein de La Sainte Trinité avec Dieu la mère (Latraverse) et Le sain d’esprit (Pierrot Léger), ainsi qu’un autre à oeuvrer en duo avec Plume – qui donnera notamment naissance au mythique Triniterre -, le Doc a décidé de se faire communard durant 14 ans, soit de 1972 à 1986. "Ce n’était pas une commune religieuse ou macrobiotique, mais politique, qui voulait se réaliser dans le développement régional, explique-t-il. Il faut se rappeler que La Sainte Trinité était un groupe très contestataire et l’idée pour moi était de mettre en pratique ce qu’on avait prêché sur les scènes. Je suis un homme de lettres, si on veut, mais aussi un homme d’action."

Après ce long séjour qui, malgré la réussite de certains projets, se solde par un échec financier, Doc Landry renoue avec son individualité par le biais de l’écriture et retrouve Plume à Montréal, alors en train de faire, incognito, un certificat en création littéraire à l’UQAM. Satisfait de son expérience, le père de Bobépine conseille à son ami de l’imiter: "Il m’avait dit: "Ah! Landry, tu devrais suivre quelques cours en création", car il savait que j’avais des ambitions dans ce sens-là, raconte le Doc. On s’est donc recroisés sur les bancs d’école, on a même eu des cours ensemble près de 20 ans après nos folies de jeunesse! C’était assez amusant."

Devenu homme de lettres, le Docteur Landry signe une colonne dans Le Mouton noir (journal qu’il dirige présentement, par intérim) et publie deux recueils de poésie: Prescriptions (1996) et Intraveineuses (1997). Et d’un cours à l’autre, celui qui n’avait eu jusque-là du docteur qu’un penchant pour les expériences mystérieuses et, comme il aime à le dire, un "nom de Plume" qu’il devait à son vieil ami, s’est retrouvé maître. En effet, il a mené à terme une maîtrise en création littéraire dont le volet créatif était la réalisation d’un recueil de chansons. Ce sont ces chansons que l’on trouve aujourd’hui sur son premier album solo, La Cuvée du Docteur, une vendange pour le moins tardive, réalisée avec la complicité d’une foule d’artistes dont André Vanderbiest (Les Colocs), Francis Grandmont, Bernard Buisson et Alain Lamontagne.

Quelque 30 ans après ses débuts, le chanteur et flûtiste s’apprête à remonter sur scène pour partager en formule trio ce répertoire qu’il a longtemps fignolé dans l’ombre. Oscillant entre pop, bossa, reggae et rock, l’univers du Doc traduit ses revendications sociales, ses soucis de l’environnement et son amour du calembour. Si vous appréciez cette première cuvée solo du Doc, savourez-la paisiblement, car bien que le Docteur Landry vienne de renouer avec la chanson après un très long détour, ce retour se fait sans urgence: "Mon premier objectif était de faire l’album et de me démontrer que j’étais capable de faire des chansons, de les chanter et que ça fasse un peu de sens. Je suis maintenant à voir ce que je peux faire avec ça…"

Le 21 décembre
Au Cabaret du Capitole
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