Duke Robillard : Le loup, le renard et le lion
Musique

Duke Robillard : Le loup, le renard et le lion

Vous vous souvenez de Harvey Keitel dans Pulp Fiction? Son personnage, Wolfe, règle des problèmes. N’importe lesquels. T’as besoin d’aide? Wolfe sera là en moins de 20 minutes. Duke Robillard, c’est le Wolfe du blues. Tout le monde s’arrache les services de l’érudit multi-guitariste du Rhode Island: une session par-ci, une production par-là, l’homme est un bourreau de travail, un vrai forcené.

Vous vous souvenez de Harvey Keitel dans Pulp Fiction? Son personnage, Wolfe, règle des problèmes. N’importe lesquels. T’as besoin d’aide? Wolfe sera là en moins de 20 minutes. Duke Robillard, c’est le Wolfe du blues. Tout le monde s’arrache les services de l’érudit multi-guitariste du Rhode Island: une session par-ci, une production par-là, l’homme est un bourreau de travail, un vrai forcené. Tiens, juste dans les 12 derniers mois, le guitariste de 55 ans, en plus des 200 concerts qu’il donne bon an, mal an, s’est investi dans pas moins de 10 projets différents comme producteur-musicien: ceux de Billy Boy Arnold, du groupe canadien Rockin’ Highliners, du légendaire pianiste Jay McShann (deux albums déjà, tandis qu’un troisième est sur les rails), un disque en duo avec le vétéran guitariste jazz Herb Ellis, Conversations in Swing Guitar, les prochains compacts de Roscoe Gordon et Eddie Clearwater et deux tournées, l’une avec les W.C. Handy Allstars (les Félix du blues, remis tous les mois de mai à Memphis) et l’autre avec le New Guitar Summit (dont font partie J. Geils et Gerry Beaudoin). Aussi, une source très fiable m’annonce que Robillard est en studio à finaliser la production du prochain Bryan Lee… Et j’allais presque oublier: son douzième album en tant que soliste paraît cette semaine: Living With the Blues, retour au blues pur fruit, après huit ans de jazz-blues, donc successeur logique au stimulant Duke’s Blues de 1993.

Existe-t-il un dénominateur commun entre tous ces projets? "Il faut qu’on sente une vérité avec la musique jouée, qu’elle raconte une histoire, résume-t-il. Pour moi, la musique telle quelle en dit plus sur l’histoire que les paroles. On me considère comme perfectionniste, on l’a souvent dit; chaque fois que j’écris une chanson, c’est comme si j’étais en répétition"

Pareil au renard, son jeu plein de finesse et tout en ruses lui fit, en 1990, remplacer Jimmie Vaughan au pied levé au sein des Fabulous Thunderbirds; avant ça, il avait accompagné l’icône du rockabilly Robert Gordon; puis, récemment, il fut recruté par Bob Dylan pour la session de Time Out of Mind (1998). C’est avec un grand bonheur qu’on se laisse étourdir par ces entrelacs de rythmes et de mélodies. "J’aime me faire dire ce qu’on attend de moi, avoue Duke. Dans un groupe, c’est important de mettre les personnalités en valeur. Les gens pensent que je suis polyvalent mais dans le fond, j’essaie de trouver ma propre voie dans tous ces genres." Au coeur de cette fascinante affaire, Robillard étale toute sa suprématie en lion: le blues de Chicago, le r & b de Kansas City (il a travaillé avec Big Joe Turner, Eddie Cleanhead Vinson et même Count Basie!), le son de New Orleans (souvenez-vous de ses Pleasure Kings) ou de la West Coast; Robillard la tête chercheuse est constamment au service de scénarios captivants. Point de simagrées.

Un petit mot sur Living With the Blues, en terminant? "Il est encore possible aujourd’hui de rendre hommage à Tampa Red (Hard Road) ou Willie Dixon (I Live the Life I Love) sans être dépassé", conclut Robillard. En voilà un qui appartient à une espèce de musiciens devenue rare. Une occasion de vérifier cette semaine que la notoriété n’a en rien entamé la sincérité du propos de ce véritable héros.

Le 6 février
Au Café Campus
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