Trio Fibonacci : Chiffre magique
Musique

Trio Fibonacci : Chiffre magique

Après quatre ans d’existence, le trio Fibonacci est déjà sur une belle lancée. Cet ensemble qui regroupe trois musiciens de grand talent a fait paraître un premier, et excellent disque, à la fin de l’année dernière, et prépare un concert de musique  soviétique.

Le mathématicien du 13e siècle Leonardo Fibonacci, mieux connu à l’époque sous le nom de Leonardo Pisano (eh oui, Léonard de Pise), est célèbre entre autres choses pour avoir découvert une suite dans laquelle un chiffre donné est toujours la somme des deux chiffres qui le précèdent. Ça semble futile comme ça, mais lorsqu’on prend le temps de s’y arrêter, ce n’est pas rien. Parce que dans cette suite, n’importe quel chiffre divisé par celui qui le précède ne révèle rien de moins que le fameux nombre d’or, cher aux artistes comme aux scientifiques.

Fibonacci est plutôt connu aujourd’hui pour avoir prêté son nom à un trio montréalais qui n’a encore que quatre printemps et affiche pourtant déjà une belle feuille de route. Le trio parcourait l’Europe en octobre, l’Amérique du Sud en novembre, et sera à New York en février avant d’entreprendre une tournée canadienne en mars; au mois de mai, les destinations seront la Chine et le Japon. On aura tout de même une chance de voir le trio Fibonacci à Montréal, ce 31 janvier. C’est à un programme de musique soviétique que nous sommes conviés: un duo pour violoncelle et piano de Galina Ustvolskaya (de 1959) et deux trios d’Alfred Schnittke (1985) et Edison Denissov (1971).

Le trio Fibonacci forme un rare concentré de talent. Originaire d’Angleterre, Gabriel Prynn a, entre autres activités, occupé la place de violoncelliste principal de l’Orchestre symphonique de Toronto. La violoniste Julie-Anne Derome accumule les distinctions depuis sa sortie avec un Premier Prix du Conservatoire de musique de Montréal en 1991. Le disque "Solo", paru chez Atma, nous permet d’apprécier son jeu dans une sélection d’oeuvres de Berio, Göritz, Lesage, Stravinski et Boulez, duquel elle interprète Anthèmes, une pièce qui lui valut en 1992 un prix spécial du jury à la prestigieuse compétition Yehudi Menuhin. Le pianiste André Ristic, également sorti du Conservatoire, est ensuite passé par l’UQAM pour y étudier les mathématiques et la microélectronique. En plus de cela, Ristic est un compositeur en pleine lancée, récemment récompensé par le Prix Opus du compositeur de l’année et par le Prix Québec/Flandre.

Un premier disque du trio Fibonacci est paru à la fin de l’année dernière. Entièrement consacré à la musique du compositeur anglais Jonathan Harvey, l’album offre non seulement une bonne idée du travail de ce compositeur, mais aussi un très beau portrait du trio et de ses sous-ensembles. Harvey est passé par l’IRCAM au début des années 80 et en a gardé un goût pour la musique électroacoustique qu’il arrive à faire passer même dans sa musique instrumentale grâce, sans doute, à des prouesses de la part des interprètes. Deux pièces mixtes sont au programme: Advaya, pour violoncelle et traitements électroniques (servis par Patrice Coulombe) et un Tombeau de Messiaen microtonal, pour piano et bande. Le trio ne se rassemble que pour Piano Trio, une oeuvre qui démontre une cohésion étourdissante chez les interprètes. Quatre des oeuvres présentées ici sont des premiers enregistrements. Pour le trio Fibonacci, c’est un premier disque d’une grande qualité qui commence vraiment bien une discographie!

Réminiscences soviétiques: le 31 janvier, à la Chapelle historique du Bon-Pasteur. Entrée libre. Info: 872-5538.
Trio Fibonacci: Jonathan Harvey, ATMA Classique (ACD2 2254).

Les Idées Heureuses
Geneviève Soly voit Christoph Graupner dans sa soupe. C’est alors qu’elle faisait des recherches à la bibliothèque de l’Université Yale afin d’y découvrir des oeuvres pour clavecin non encore éditées que la codirectrice artistique des Idées Heureuses a rencontré son homme, avant de le revoir à Paris. Depuis, il n’y en a plus que pour lui. Déjà, en mai dernier, elle interprétait une de ses pièces en concert. C’est maintenant tout un concert qui lui est consacré. Concerto pour flûte à bec, concerto pour basson, extraits d’opéra, cantate, sonate pour quatuor à cordes et partita pour clavecin sont au programme. C’est que notre homme a un répertoire vaste et varié: 1798 oeuvres (!) parmi lesquelles huit opéras, 113 symphonies, 1418 cantates religieuses et 40 partitas pour le clavecin…

Aucune de ces dernières n’était d’ailleurs enregistrée avant que Geneviève Soly ne choisisse de lui offrir son aide. Déjà, un premier volume des partitas pour clavecin vient de paraître chez Analekta. Le compositeur serait sans doute heureux de mesurer toute la promotion faite autour de son oeuvre aujourd’hui. Mais peut-être pas après tout, puisqu’il semble bien que ce soit une modestie immodérée qui ait retenu Graupner dans l’ombre de ses contemporains Bach, Handel et Telemann. Avions-nous vraiment besoin d’un compositeur baroque de plus ? C’est ce que nous découvrirons dimanche prochain, avec les solistes Natalie Michaud (flûte à bec), Mathieu Lussier (basson baroque), Geneviève Soly (clavecin) et Ingrid Schmithüsen (soprano).

Chistoph Graupner, un maître à découvrir: le 3 février, à la salle Pierre-Mercure. Info: 987-6919.
Geneviève Soly, Graupner (1683-1760): Partitas pour clavecin, vol. 1. Analekta (FL2 3109).

SMCQ

La Société de musique contemporaine du Québec nous invite ce mardi 5 février à découvrir la musique contemporaine bulgare sous les doigts de feu de la pianiste Angela Tosheva. Walter Boudreau me disait récemment: "De tout ce que j’ai entendu, j’ai été très impressionné par le jeu d’Angela Tosheva, une pianiste absolument formidable." Ce sera sans doute une première écoute pour beaucoup de monde que celle des oeuvres de Lazar Kikolov, Roussi Tarmakov ou Vassil Kazandjiev, dont j’ai personnellement hâte d’entendre Le Triomphe des Carillons en direct. Nous pourrons également découvrir en création des pièces de Gheorghi Arnaoudov et Michail Goleminov. Le récital d’Angela Tosheva nous offrira aussi le plaisir de réentendre des oeuvres de Sylvio Palmieri, André Hamel et Claude Vivier (Shiraz). Roussi Tarmakov, qui réside maintenant à Toronto, présentera à 18 h une conférence sur la musique bulgare.

Angela Tosheva: Un clavier bien passionné. Le 5 février, à la salle Pierre-Mercure. Infos 987-6919.

The Rake’s Progress
Seul opéra de Stravinski et point culminant de sa période néoclassique, The Rake’s Progress est l’un des rares opéras modernes qui figurent régulièrement au programme des grandes maisons d’opéra. Créé en 1951, il est étonnant de constater que ce n’est que la deuxième fois que l’opéra est monté à Montréal. Le livret de W. H. Auden et Chester Kallman présente à la manière d’un conte de fées des références aux mythes d’Adonis, Vénus, Orphée, Faust et Don Juan sur des airs "mozartiens" revisités par le compositeur du Sacre du printemps… C’est à des étudiants de l’université que l’on doit cette reprise mise en scène par l’Américaine Sue Lawless. À voir.

Opéra McGill et l’Orchestre symphonique de McGill, direction Alexis Hauser: The Rake’s Progress, d’Igor Stravinski.
Les 31 janvier, 1er et 2 février, à la Salle Pollack. Info: 398-4547