Junior Marvin / Kaliroots : Mémoire et racines
Musique

Junior Marvin / Kaliroots : Mémoire et racines

Junior Marvin , celui qui a collé au message fédérateur de Bob Marley les plus apocalyptiques solos de guitare, un Wailer patenté, donc fabuleux (évitons le terme "mythique"), accepte l’invitation d’un disciple, le groupe québécois Kaliroots, à joindre les "vibrations positives" sur une même scène.

Junior Marvin

, celui qui a collé au message fédérateur de Bob Marley les plus apocalyptiques solos de guitare, un Wailer patenté, donc un musicien fabuleux (évitons le terme "mythique"), accepte l’invitation d’une bande de disciples, le groupe québécois Kaliroots, à fusionner les "vibrations positives" sur une même scène.

Marvin a un parcours pour le moins singulier: présenté à Bob Marley par le réputé producteur Chris Blackwell (il devint guitariste des Wailers en 1977), il a inscrit son nom dans la légende en participant à l’enregistrement de l’essentiel Exodus, décrété "album du siècle" (!) par le magazine Time. Marvin revenait alors d’un exil en Angleterre, où il avait élargi ses horizons musicaux; son incursion vers le blues, avec T-Bone Walker, fut une révélation. Blues ou reggae: même souffrance, même exutoire, même rédemption.

"Depuis que j’ai quitté les Wailers en 1997, raconte Marvin, je suis devenu un pigiste: j’ai fait un album (Junior Marvin & Roots Rock) avec le bassiste de Maxi Priest, le claviériste d’Alpha Blondy, etc. Ces jours-ci, je travaille avec de nouveaux musiciens en studio (Burning Love paraîtra au début de l’été); mais pour mes spectacles, j’accepte des invitations comme celle de Kaliroots." Marvin, à l’instar d’Isaac Hayes, anime aussi, dans la région de Washington D.C., sa propre émission de reggae, The Joint

La rencontre entre Marvin et le groupe québécois a eu lieu au Lion & Fox Studios de Washington alors que Kaliroots enregistrait Rien à perdre, qui allait remporter le Félix "Musique du monde" en 2001. "Jean (Sébastien, clavier de Kaliroots) m’a invité une première fois le 30 novembre dernier et la soirée a connu un énorme succès (1600 personnes). On ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il y ait tout ce monde! De toute évidence, il fallait répéter l’expérience, et l’idée de faire coïncider ma seconde visite avec l’anniversaire de Bob amène une dimension formidable au déroulement de la soirée (baptisée Love Marley Vibes)."

"J’aime leur son en tant que groupe, admet-il: très bonne section rythmique, les claviers et les harmonies de voix sont toujours au diapason, la section de cuivres est très efficace, full reggae sound, tu vois? C’est ce qu’on appelle du vrai roots reggae."

En observant les composantes du collectif, telles que décortiquées par Marvin, on voit tout de suite la ressemblance avec les Wailers: "Lors du Survival Tour de Bob, en 1977, les Wailers avaient une section de cuivres pendant toute la tournée; Kaliroots me rappelle cette époque. Mais, ajoute-t-il en précisant son analyse, ils aiment bien mélanger les possibilités qu’offre le reggae sans, par contre, sonner trop dancehall. Ils exploitent bien le côté musical du reggae en priorisant la chanson, non le beat."

Ainsi, personne n’osera maugréer à l’idée d’un petit set d’une heure bien tassé de Kaliroots en guise d’ouverture. Et n’espérez surtout pas une séance de réchauffement. Maîtrisant chacune de ses pénétrantes facettes, Kaliroots ne s’est pas contenté d’enlacer admirativement ses dreadlocks blanches autour du reggae, il lui a apposé une griffe: "On est tous des frères", m’a déjà confié Jean-Sébastien.

Lors du deuxième set, celui où le Wailer original se moulera à la formation de Kaliroots, on repassera dans les empreintes de Marley l’instant d’une quinzaine de chansons. On n’ose pas imaginer toute la portée des dommages lorsque Exodus se fera entendre.

Le 9 février
Au Medley
Voir calendrier World / Reggae