Le tour du monde en accordéon : Les appas du regain
Musique

Le tour du monde en accordéon : Les appas du regain

Pour ceux qui entretiendraient toujours quelques préjugés défavorables en ce qui a trait à l’accordéon, voici l’occasion idéale de les infirmer tous. Un rendez-vous d’exception, réunissant Matapat, Laudat-Dubanton et les  Fedorov.

Il y avait plusieurs décennies que l’accordéon était pour ainsi dire boudé. Le regain de popularité de l’instrument, si l’on excepte le tango (où l’on joue d’ailleurs du bandonéon) et quelques musiques d’Afrique ou d’Amérique du Sud, s’observe surtout dans la chanson, dans le jazz et, surtout, dans la musique traditionnelle et dans la musique tsigane, là où il a toujours su souffler sous les semelles des danseurs. Le Carrefour mondial de l’accordéon, les Arts de la scène de Montmagny et le Grand Théâtre unissent leurs forces pour nous présenter une rencontre exceptionnelle animée par l’accordéon, que l’influence soit de musique traditionnelle, jazz ou classique: Matapat, Laudat-Dubanton et les Fedorov.

L’accordéoniste Jean-Claude Laudat s’est senti appelé, il y a 10 ans, par le renouveau de cette musique: "Le bal musette, c’est notre folklore à nous – urbain, bien sûr – qui est né précisément dans le quartier de la Bastille… Il y a eu comme un malentendu à propos de l’accordéon. On a sans doute méprisé son origine populaire." En réponse à la question sur le regain de popularité de l’accordéon, Laudat parle avec amour de son instrument: "On découvre différentes sortes d’accordéon (à clavier, à touches, à boutons), mais surtout des qualités d’expressivité, des qualités propres, comme sa polyvalence, des trucs impossibles à faire au piano." Le guitariste Jean-Yves Dubanton s’est joint à Laudat (et à Gilles Le Taxin à la contrebasse) pour offrir un album de chansons jazz et java: Mon village au clair de lune, Chez moi, de Paul Misraki, un hommage au grand accordéoniste belge Willy Staquet et, surtout, une chanson récente du duo Romain Didier-Allain Leprest, Sur les pointes. Dubanton fait de la chanson depuis toujours, et il considère comme stimulante une rencontre avec Allain Leprest, dont il admire le travail d’animateur (ateliers de chanson) à Ivry-sur-Seine. Comme guitariste, il ne peut nier l’influence de Django Reinhardt, mais insiste aussi sur bon nombre de guitaristes dont Barney Kessell. Parallèlement à ce travail en trio, Laudat et Dubanton font partie d’une formation plus large (sextuor), Alma Sinti, aux côtés du guitariste Patrick Saussois.

Matapat est composé de Benoît Bourque (accordéon, gigue), de Gaston Bernard (violon) et de Simon Lepage (basse). Bourque et Bernard (aux côtés de Daniel Thonon) ont longtemps fait partie de la formation légendaire Ad vielle que pourra qui, comme la Bottine souriante au début, connaissait plus de succès aux États-Unis qu’ici. Bourque est l’un des fondateurs du Carrefour mondial de l’accordéon. Matapat travaille à faire connaître des racines françaises autant que des racines celtiques. Youri et Ludmilla Fedorov sont de formation classique. Youri est un virtuose du bayan, cet accordéon russe dont les cinq rangées de touches permettent l’exécution de n’importe quelle pièce classique. Ludmilla Fedorov chante (soprano) et s’accompagne à la bandoura, instrument de musique traditionnel et national de l’Ukraine, dont le principe tient à la fois de la harpe et du luth. Instrument très associé à la danse.

Ce que l’accordéoniste Jean-Claude Laudaut espère retrouver dans ce type de rencontre internationale, c’est d’"être d’abord au coeur de musiques traditionnelles qui ont en commun la danse. Aussi, à la fois la rigueur du tempo [cadence] et le côté festif".

Le 20 février
Au Grand Théâtre
Voir calendrier Chanson