

Luce Dufault : À son image
Quatrième album de LUCE DUFAULT, Au-delà des mots présente l’interprète dans un contexte folk-rock où les guitares et les mots ont la part belle. Tantôt sombre, tantôt radieuse, la chanteuse poursuit son aventure musicale en terrain sensible.
Nicolas Houle
Il n’y a pas si longtemps, c’était une Luce Dufault timide et réservée qui montait sur les planches, heureuse de chanter devant un public, mais ennuyée que ledit public soit présent pour l’entendre. Aujourd’hui, les premiers soucis professionnels de l’interprète semblent bien loin. Son parcours, qui l’a menée à quitter les bars pour être choriste (Dan Bigras, Roch Voisine) et ensuite joindre les opéras rock La Légende de Jimmy et Starmania, l’a délivrée de ses angoisses scéniques: "Quand Dan m’a sortie des clubs, ça m’a permis de prendre du recul par rapport à la soliste que j’étais, de prendre confiance et d’avoir le goût d’être là, en avant, raconte-t-elle. Et avec les opéras rock, je partageais le stress des premières et des salles pleines avec d’autres solistes. C’est allé vite, mais à un rythme qui m’a permis d’apprivoiser ce métier-là."
Au-delà du studio
Désormais aussi à l’aise sur scène qu’en studio ou avec les médias, Luce Dufault a su se constituer un répertoire qui lui est propre, cerner un son et des paroles qui collent à sa personnalité. En ce sens, Au-delà des mots, son nouvel album, réunit sans doute les chansons qui lui ressemblent le plus. Misant sur des arrangements où les guitares – que la chanteuse affectionne beaucoup – ont la part du lion et sur des textes qu’elle habite comme s’ils étaient siens, Au-delà des mots tranche avec la première visite en studio de la chanteuse qui, quoique intéressante, trahissait la griffe des Dan Bigras (Les Soirs de scotch) ou Richard Séguin (Ce qu’il reste de nous).
"Avec le temps, je sais plus ce que je veux et j’arrive à le communiquer davantage aux gens avec lesquels je travaille, explique l’interprète. C’est sûr que le premier album a été arrangé par deux ou trois personnes et vu que c’était Dan qui avait arrangé Les Soirs de scotch, forcément, ça lui ressemblait beaucoup. […] Quand on commence, on n’ose pas tellement changer les chansons que l’on reçoit par respect pour le compositeur, mais après on se rend compte qu’au contraire, les compositeurs ne se sentent pas du tout frustrés de ça, car ils savent que l’autre doit se l’approprier pour que ça lui ressemble."
La chanson miroir
En moins de 10 ans, Luce Dufault peut se targuer de s’être constitué l’une des plus belles équipes du showbiz québécois. C’est en effet rien de moins qu’un Who’s who du milieu artistique qui gravite autour d’elle et s’évertue à lui écrire un répertoire à la mesure de son talent. Sur Au-delà des mots, ce sont notamment Nancy Dumais, Michel Rivard, Alain Simard, Thierry Séchan, Daniel Lavoie et Sylvain Cossette qui ont mis l’épaule à la roue. "C’est vraiment un privilège d’avoir des collaborateurs qui sont généreux, à l’écoute et qui m’écrivent de belles chansons, confie la chanteuse. Il y a un lien qui est là et qui grandit, et je crois que c’est une des raisons pourquoi plus ça va et plus les chansons me ressemblent."
Or même si l’équipe de collaborateurs de Luce Dufault est des plus prestigieuses, personne n’impose ses créations à l’interprète. C’est toujours elle qui pose son verdict, sachant identifier à tout coup les pièces auxquelles elle donnera vie, sans pour autant être capable d’expliquer rationnellement comment les chansons viennent l’habiter: "C’est physique, il faut vraiment que ce soit un coup de coeur, que ça vienne me chercher, indique-t-elle. Ça peut me faire sourire, pleurer, me mettre en colère, mais il faut que ça me fasse vibrer. Et souvent il faut que ce soit du premier coup. J’ai de la misère à me faire imposer un texte. Il a beau être bien écrit, actuel, et paraître parfait, s’il ne vient pas me chercher, je ne le chanterai pas."
Des soirs de première
Près de deux ans après la série de spectacles qui ont présidé à la parution de Soir de première, Luce Dufault renoue avec la scène. Cette fois, la chanteuse se propose un segment de spectacle davantage acoustique, songe à essayer de nouvelles instrumentations et promet de nouvelles lectures de ses succès, question de les mettre au goût du jour. Bien sûr, plusieurs de ses nouvelles chansons seront au programme, mais la grande nouveauté sera sans doute qu’elle projette de varier le contenu de ses prestations d’une soirée à l’autre. Prenant place sous le signe de la simplicité, les spectacles seront donc des moments uniques, chaque soir pouvant être considéré comme un soir de première: "En ayant des shows différents des autres, ça nous évite de tomber dans la routine et ça nous donne une grande liberté. En fait, tout peut arriver!"
Le 19 mars
À la salle Albert-Rousseau