Michel Pagliaro : Tournée dans le rock

Assis dans le salon du Grand Théâtre pour faire la promo du spectacle qu’il offrira avec Les Respectables, Michel Pagliaro a bien peu à dire sur l’événement, sinon qu’il est toujours heureux lorsqu’il est sous les feux de la rampe.

Ce n’est pas que la collaboration avec le quatuor ne l’intéresse pas, loin de là.

Il dit prendre plaisir à jouer sur les chansons des Respects ou à laisser la troupe de Sébastien Plante entonner ses propres hits, mais pour lui, la mini-tournée n’est qu’une occasion de plus de pratiquer le drôle de métier qu’il affectionne. Le reste, il s’en balance: "Sûrement que je vais voir un autre public que je n’aurais pas vu autrement, mais je ne pense pas à ça. Mon souci n’est pas de rejoindre un public, qu’il soit plus jeune ou pas, mon souci est de trouver quelque chose qui me fait assez bander pour dire "oui, je tripe à faire ça". Et si je tripe à le faire, peut-être que d’autres vont triper à l’écouter."

Pour Pag, le métier se résume donc à la passion. C’est à ce plaisir de jouer qu’il croit devoir son succès et le fait qu’il soit devenu un mythe, un véritable emblème du rock québécois. Quant à son impérissable popularité, il l’explique avec beaucoup de modestie: "Si le public m’apprécie encore aujourd’hui, je pense que c’est simplement parce que je suis toujours présent. Si je ne faisais plus de musique, je ne serais plus là…" Peut-être. Or on ne peut pas dire que Pag ait gâté son public en nouveautés ces 15 dernières années. On devrait plutôt dire qu’il s’est fait désirer par ses fans. "Oui, mais le désir sera comblé", assure aussi malicieusement qu’évasivement le rocker.

Revoilà qu’il est question de son fameux album. Celui sur lequel il bosse depuis près de 10 ans. Le sujet tabou que les médias n’osent plus aborder. L’album auquel plus personne ne croit, sauf Pag. Mais le rocker a beau assurer que l’improbable album dont il monte et démonte les bandes depuis trop longtemps aura des sonorités modernes, il n’est toujours pas question de grandes nouveautés. Est-ce que notre rocker national s’est remis à l’écriture? Est-ce qu’il a toujours le feu sacré de la création? "Je ris à chaque fois que j’entends le mot écriture dans un contexte rock, je trouve que ça fait "Dostoïevski": Il est en train d’écrire son disque, avec sa plume et ses 400 pages de texte. Moi, je n’ai jamais écrit d’album. Je fais de la musique, je cherche des osmoses, je cherche à générer une énergie avec une idée, et après ça, quand j’ai trouvé quelque chose de stimulant, de là peut jaillir une idée et je peux écrire quelque chose."

Bien qu’il ne veuille à peu près rien révéler, le rocker admet qu’il a tout de même plusieurs nouvelles chansons en poche, en plus de celles qui constitueront son prochain album. Mais il ne désire pas les jouer avant la parution de son fameux disque. Chaque chose en son temps. Après 35 ans de métier, Pag s’apprêterait-il à surprendre ses fans et à relever un nouveau défi? "Je ne me réveille pas en me disant: "Il s’est passé toutes ces années-là", j’ai réglé ça il y a longtemps; pour moi, c’est juste un autre lundi. Tout est toujours à refaire, à continuer, à développer. Le défi, c’est d’être aussi stimulé aujourd’hui qu’hier."

Le 20 mars

Au Grand Théâtre