Noir Désir / Discographie : Un jour en France.
Musique

Noir Désir / Discographie : Un jour en France.

Avant la parution de 666.667 Club, qui a percé ici grâce à des hits comme Un jour en France et L’Homme pressé, les albums de Noir Désir étaient distribués au compte-gouttes au Québec, le plus souvent en importation, à des prix prohibitifs.

Un jour en France…

Avant la parution de 666.667 Club, qui a percé ici grâce à des hits comme Un jour en France et L’Homme pressé, les albums de Noir Désir étaient distribués au compte-gouttes au Québec, le plus souvent en importation, à des prix prohibitifs. Discographie raisonnée du plus important groupe de rock français.

Où veux-tu qu’je r’garde (1987, réédité en 1989)

Premier disque mineur (il s’agit en fait d’un maxi – ou d’un mini, comme l’indique la pochette – de six chansons), il sera réédité en 1989 à la suite du succès de Veuillez rendre l’âme… On découvre un mal de vivre plutôt individualiste, mais on sent déjà poindre le côté politique du groupe dans La Rage. Musicalement, l’influence du Gun Club (incontournable jusqu’à Du ciment sous les plaines) est plus qu’évidente et Cantat a la voix un peu frêle, presque adolescente, mais la réalisation de Théo Hakola arrive à lier la sauce.

Veuillez rendre l’âme à qui elle appartient (1989)

Le disque fondateur, qui restera longtemps inégalé. Du bon rock aux accents folk (beaucoup d’harmonica) qui a porté quelques classiques comme Aux sombres héros de l’amer, Le Fleuve et À l’arrière des taxis, l’un des seuls "vieux morceaux" à avoir passé l’épreuve du remix sur One Trip One Noise. Bertrand Cantat affine son écriture, manie avec justesse les jeux de mots et nous prouve à nouveau qu’il a des lettres, faisant rimer "taxi" avec "Maïakovski".

Du ciment sous les plaines (1990)

Disque assez méconnu, mais pas inintéressant. Encore une fois, l’influence du Gun Club est palpable mais le groupe affirme son propre son. À côté de la rage contre le méchant Capital de The Holy Economic War, au texte un peu simpliste mais mordant, Cantat glisse quelques titres plus intimistes et romantiques comme Elle va où elle veut, qui ressemble à du Bashung de fond de ruelle. Un peu de violon, un rock qui prend du coffre et un titre qu’on retiendra: Charlie, le meilleur morceau du disque (mention honorable à En route pour la joie).

Tostaky (1992)

1992, année du grunge. Chez Noir Désir, on se demande ce qui, de la rage intérieure (la révolte politique au coeur des textes) ou du bruit ambiant, a provoqué pareil durcissement du son, mais Tostaky est clairement le disque le plus explosif du groupe. Les guitares sont sales, Cantat beugle et râle au point de perdre toute contenance et la batterie enfonce un clou chauffé à blanc. On se demande encore comment Lolita nie en bloc, avec ses breaks de guitare cacophoniques dignes de Sonic Youth, a pu devenir un hit en France. Étrangement, la chanson-titre sera découverte sur le tard chez nous et tournera en boucle à MusiquePlus pendant plusieurs mois.

Dies Irae (1994) et Noir Désir (1994)

Pour ceux dont le latin serait rouillé, le titre se traduit par Jours de colère. Précision inutile, puisque l’auditeur prend en pleine gueule un album double de guitares saturées et de vociférations rageuses témoignant de la tournée Tostaky (dont la version scénique offre une vélocité et une rage décuplées). Éreintant pour l’auditeur, mais surtout pour le groupe, qui devra se reposer et se poser de sérieuses questions existentielles. La même année paraît la compilation Noir Désir (destinée au marché international), qui propose, en plus des habituels greatest hits, plusieurs titres de Dies Irae.

666.667 Club (1996)

La fée électricité, sortie de sa boîte sur Tostaky, tire à nouveau les ficelles, mais le groupe n’a pas la même intensité. Étrangement, il s’agit de l’un des disques les plus "datés" du groupe, en partie à cause de son angoisse fin de siècle. Un jour en France, et son implacable riff de guitare (presque aussi accrocheur que celui de Smells Like Teen Spirit), laisse tomber les paraboles pour attaquer directement le pourrissement politique de l’Hexagone ("Quelques fascisants autour de 15 %" et "FN, souffrance: on est bien en France…"). Musicalement très rock, 666.667 Club marque l’arrivée du bassiste Jean-Paul Roy et d’un nouveau collaborateur, le saxo Akosh Szeleneyi.

One Trip One Noise (1998)

Une anomalie. Le groupe, pourtant de plus en plus rock, se plie au jeu du remix avec des résultats pas toujours heureux (voir les "gossages" paresseux de Gus Gus) mais certes étonnants (Lolita nie en bloc en version lounge?). Tout a commencé par une cassette envoyée par un fan de Belgrade, un certain André Acin, qui avait revu et corrigé Septembre, en attendant, que l’on retrouve ici. Aux extrêmes, Yann Tiersen livre un superbe et dépouillé À ton étoile et Treponem Pal, un excellent dub de la pièce-titre.

En route pour la joie (2000)

Coffret de trois disques difficile à trouver ici mais essentiel pour le fan. Des succès, oui, mais aussi des faces B (Là-bas, Twilight Zone, Drunken Sailors), des live inédits, des hommages (Lennon et les Beatles sont à l’honneur avec Helter Skelter[C H1], I Want You et Working Class Hero) et des collaborations (Volontaire, avec Bashung). Le livret est un peu chiche et le contenu multimédia (un clip minimaliste de Hoo Doo), famélique, mais l’objet a de la gueule.

Des visages, des figures (2001)

Il est toujours un peu con de parler de l’album de la maturité, mais c’est exactement ça. Apaisé en apparence, mais bouillonnant à l’intérieur, c’est une merveille de retenue et de subtilité. Entre une reprise de Ferré (Des armes) et la présence de Manu Chao (Le vent nous portera) et de Brigitte Fontaine (L’Europe), le groupe se réinvente, adulte mais pas édenté. Il est peut-être trop tôt pour l’affirmer, mais c’est probablement ce que les Noir Déz ont fait de mieux à ce jour.