

Claude Gauthier : Chansons pour durer toujours
CLAUDE GAUTHIER, l’un des grands représentants de la chanson québécoise, célèbre ses 40 ans de carrière. Pour l’occasion, il s’offre une rétrospective musicale où passé et présent cohabitent en parfaite harmonie.
Nicolas Houle
Pour être juste, il faudrait écrire que Claude Gauthier fête ses 43 ans de carrière. C’est en effet en 1959 que le grand six pieds remportait le premier prix aux Étoiles de demain, à CKVL, avec sa chanson Le Soleil brillera demain.
Qu’importe, une quinzaine d’albums et une vingtaine d’apparitions au grand comme au petit écran, ça se fête! Et GSI, la maison de disques du chanteur, a eu la bonne idée de souligner l’occasion avec un spectacle concept où projections et quatuor à cordes viennent enrichir l’univers de Claude Gauthier. "C’est très émouvant, indique le chanteur. J’ai rêvé de ça souvent et là on est sept musiciens sur scène: mon trio, plus le quatuor. C’est extraordinaire de chanter avec des musiciens qui sont là pour vous, qui vous écoutent et qui font votre musique."
Heureux de se prêter à l’exercice, Gauthier refuse toutefois de se complaire dans le passé et de faire de l’événement une entreprise strictement nostalgique. Aussi, presque l’entièreté de son récent album, L’Homme qui passait par là , sera interprétée, en plus d’une chanson inédite. "Mon bonheur, c’est d’abord d’écrire et d’aller chanter mes nouvelles chansons aux gens, précise-t-il. Je dis toujours: "Je vais vous faire vos 10 vieilles pantoufles, que j’aime bien, mais laissez-moi faire mes 10 nouvelles." Et ça fonctionne bien, cet amalgame-là, ce n’est pas un compromis."
Au fil des ans, Claude Gauthier s’est efforcé de rester fidèle à lui-même. Tout en étoffant son chant pour mieux camper ses textes, il a articulé son langage poétique autour de la thématique du pays. Un pays qui se veut d’abord intérieur, pétri d’une vaste gamme d’émotions, ensuite géographique, soit l’espace habité et habitable, puis, enfin, rêvé, celui d’une société. L’Homme qui passait par là l’illustre bien: de Notre-Dame-de-Pontmain, sorte de pendant québécois du Plat pays, à Inuksuk, hommage aux autochtones, sans oublier Chez nous, le poète traduit en mots et en notes cette terre qui le fascine. "Le pays est un mot qui m’a marqué beaucoup, reconnaît-il. Peut-être que cette idée de pays du Québec n’est pas morte. Moi j’y crois toujours, mais je ne veux pas m’arrêter à ça uniquement dans ce que j’ai à dire. J’ai des choses à dire qui sont plus intérieures, plus intimistes, plus près de l’humain, comme la valeur du couple ou la valeur de l’amitié. Je n’écris pas uniquement pour voir un drapeau flotter, mais on est catalogué un jour. Je l’ai été avec Le Grand Six Pieds. Le Plus Beau Voyage a enfoncé le clou à tout jamais… J’espère que ce n’est pas dans le cercueil!"
La chanson que pratique Claude Gauthier n’a pas toujours eu la cote auprès du public. Au cours des 20 dernières années, le poète et chanteur s’est fait parfois discret au profit du comédien qui sommeille en lui. Mais la chanson n’était jamais bien loin et aujourd’hui plus que jamais, Gauthier est heureux de partager ce pays musical et poétique auquel il a toujours été fidèle: "Ma plus grande fierté, c’est d’avoir persisté et signé, confie-t-il. J’ai toujours essayé de grandir sans faire la chanson de personne d’autre et je parviens, encore maintenant, à avoir ma propre signature. Si ça vend, tant mieux, si ça vend moins, ça ne m’empêchera pas d’écrire! Il y a des moments en 40 ans de métier où on a envie d’accrocher ses patins et je suis très fier de ne pas les avoir accrochés!"
Le 19 avril
Au Cabaret du Capitole