The Chemical Brothers : Sous observation
Musique

The Chemical Brothers : Sous observation

Après avoir été acclamés comme l’un des groupes les plus fédérateurs d’un monde musical aux prises avec une explosion technologique sans précédent, il semble qu’avec la parution de leur quatrième album, les CHEMICAL BROTHERS doivent affronter une nouvelle étape dans leur cheminement de carrière: le retour du balancier…

À lire les critiques mitigées qui ont suivi la parution de Come With Us en février, on peut soupçonner les Chemical Brothers d’être entrés de plain-pied dans l’étape ingrate et cruelle où ceux et celles qui s’émerveillaient devant la fraîcheur et l’innovation de leurs premiers albums commencent à se demander si l’inspiration ne s’est pas un peu essoufflée.

Réactions de mauvaise foi ou jugement lucide? Il faut dire que les frères chimiques l’ont un peu cherché… Come With Us n’a visiblement pas le même attrait que les disques précédents: on attend en vain les moments étonnants; les gros sons rentre-dedans qui faisaient leur marque ont été remplacés par de sirupeuses influences de house progressive; et même les habituelles collaborations vocales (Beth Orton qui joue la Hope Sandoval de service et Richard Ashcroft qui se prend pour le chanteur d’Underworld) ne sont pas à la hauteur de ce qu’ont fait les Bernard Sumner et Noel Gallagher sur l’album précédent.

À l’autre bout du fil, le lunetté Tom Rowlands, à quelques minutes de monter sur une scène allemande, prend le ton de celui qui ne se sent pas concerné par cet éternel retour du balancier qui a, un jour ou l’autre, affecté même les créateurs les plus estimés: "Ce n’est pas nécessairement mauvais… La musique est une des choses les plus relatives sur cette terre. Un album qui me satisfera ne comblera pas nécessairement quelqu’un d’autre. À notre stade d’évolution musicale, on ne fait que ce qui nous plaît. On n’a pas à se soucier de savoir si ça plaira à ceux qui définissent les tendances musicales… S’il y avait d’autres groupes qui faisaient ce qu’on fait mieux que nous, il y aurait un problème; mais il ne semble pas que ce soit le cas… C’est certain que depuis la sortie de Come With Us, on ressent un backlash des critiques musicaux, mais comme nous avons une certaine confiance en ce que nous faisons, nous n’avons pas vraiment l’impression de nous être trompés."

En fait, les Chemical Brothers semblent provoquer deux sortes de réactions: soit on est terriblement reconnaissant envers eux d’avoir su convertir un très large public aux musiques électroniques en l’accrochant avec une attitude des plus rock’n’roll; soit on méprise cette prétention d’originalité déguisée en racolage pop, alors qu’il existe des artistes électroniques autrement plus affairés à repousser réellement les frontières du genre. Et parmi les crimes de lèse-majesté que leur reprochent certains critiques, on retrouve celui d’utiliser les voix invitées selon des considérations strictement commerciales. Tom proteste vivement: "Nous n’avons pas d’approches créatives différentes entre les pièces vocales et instrumentales. Les gens croient que lorsqu’on décide de mettre une voix sur nos pièces, c’est nécessairement pour en augmenter les chances de réussite commerciale, mais c’est faux! Nos plus grands succès parmi nos singles s’intitulent Hey Boys, Hey Girls ou Block Rockin’ Beats, qui ne sont pas vraiment des chansons pop typiques…"

Malgré tout, il ne faut pas croire que Come With Us soit à ce point sans intérêt, au contraire. Car, côté arrangements, maîtrise musicale et exploration de nouvelles avenues, même les détracteurs les plus farouches sont forcés d’avouer que Tom et Ed ne font pas de surplace. "Tout ce que nous savions lorsque nous avons commencé à composer, c’est qu’on ne voulait pas se répéter. C’est ce que l’on se dit chaque fois. Pour ce disque, nous voulions accoucher de quelque chose de full on, funky, breaky kind of thing. Et je crois qu’on y est arrivé… Une pièce comme Hoops, par exemple, me donne beaucoup de satisfaction, car je crois qu’elle ne ressemble à rien de ce qui se fait en musique électronique en ce moment. Lorsque nous avons cette impression, même après quatre albums, c’est très excitant et je crois que c’est bon signe."

De plus, contrairement à beaucoup de leurs collègues adeptes des machineries technologiques, il faut admettre que les Chemical sont quasi imbattables pour faire vivre leur musique sur scène. "Cette musique que nous enregistrons en studio est faite pour être partagée avec une foule, s’enthousiasme Tom. Elle n’a rien d’une musique introspective qu’on peut écouter tranquillement en background avec sa blonde un dimanche matin en se levant; elle est faite pour s’amuser, pour donner des émotions et de l’énergie. C’est pourquoi l’expérience live est si stimulante pour nous. Elle nous permet de redonner à notre musique sa fonction première. Et le fait de pouvoir compter sur quatre albums dans lesquels piger rend le tout plus varié et dynamique. Maintenant je dois te quitter, je monte sur scène dans 20 minutes…"

Le 18 avril
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