Aux oiseaux de passage : Pierre Jobin
Il y a près de trois ans, Pierre Jobin inaugurait Aux oiseaux de passage, sa petite boîte à chansons sise au 499 de la 4e Avenue, à Limoilou. La vieille banque qu’il venait d’acquérir en vendant sa demeure de l’île d’Orléans était appelée à changer de vocation: le sous-sol deviendrait une loge, le rez-de-chaussée, une salle de spectacle et les étages supérieurs, des bureaux et des résidences.
Il y a près de trois ans, Pierre Jobin inaugurait Aux oiseaux de passage, sa petite boîte à chansons sise au 499 de la 4e Avenue, à Limoilou. La vieille banque qu’il venait d’acquérir en vendant sa demeure de l’île d’Orléans était appelée à changer de vocation: le sous-sol deviendrait une loge, le rez-de-chaussée, une salle de spectacle et les étages supérieurs, des bureaux et des résidences. Quant à la chambre forte, elle abriterait désormais de précieuses archives, dont quelques bandes maîtresses des enregistrements de Félix Leclerc.
Six cents représentations plus tard, force est d’admettre que celui qui a dirigé le Petit Champlain durant près de 15 ans a fait des miracles. Avec peu de moyens, il a su remplir plus souvent qu’autrement les quelque 80 sièges de sa petite salle. "C’est de plus en plus facile pour nous, tout en gardant la nuance que ce n’est pas facile, indique-t-il. On a été chanceux d’hériter des "derniers vieillissants" comme Graeme Allwright ou Jacques Bertin, qui nous ont amené du monde. Les gens, en redécouvrant ces artistes, ont découvert la spécificité du lieu: le seul endroit où l’on peut retrouver la chanson dans son état le plus près de son point de création. On essaie toujours que les artistes, même connus, se remettent en état de virginité première en se produisant en solo ou en duo et ça a répondu à un besoin."
Le carrefour de la chanson
Les Oiseaux de passage sont plus qu’une simple salle de spectacle. Pierre Jobin parle de "lieu de rencontre pour les amoureux de la chanson" et il a sans doute raison. Car outre les Isabelle Mayereau, Stephen Faulkner et consorts, la boîte accueille ou chapeaute une foule d’activités reliées de près ou de loin à la chanson: discussions gratuites où Jobin fait le portrait d’un artiste, parutions d’albums, dont ceux de Jacques Bertin et de Jean-Claude Darnal, voyages à Paris sur les traces des chansonniers, etc.
Et en plus de ces maintes activités, la dynamique salle de Limoilou abrite une somme importante de documents d’archives. Elle pourrait éventuellement devenir, de façon plus modeste, ce que Jobin rêvait de faire du Petit Champlain: un lieu de mémoire et de spectacles. "Le centre de chanson qui n’a jamais existé, je veux le mettre en opération aux Oiseaux de passage pour qu’il soit au moins à la disposition des chercheurs, explique-t-il. On est présentement à mettre ces archives à jour et on veut tout faire pour mettre ça en valeur, même si on manque de place."
Nid douillet, nid fragile
Preuve que la petite boîte à Pierre Jobin répond à un besoin et participe à la vie culturelle de la région, elle compte quelque 300 membres et de nombreux mécènes qui n’ont pas hésité à débourser des sommes allant jusqu’à 7000 $ pour que la chanson reste en vie à Québec. "On arrive à une période où des gens qui ont assisté régulièrement à nos spectacles viennent me dire: "Si tu fais revenir tel artiste, je paie son billet d’avion", c’est incroyable! raconte Jobin, tout sourire. Ce qu’on n’est pas encore arrivés à faire, c’est de convaincre les gens de faire leurs propres choix de sorties, de prendre des chances. On veut qu’ils s’auto-alimentent, qu’ils deviennent des espèces d’antennes et ça commence à porter fruit tranquillement…"
Malgré toute la bonne volonté du public, les Oiseaux de passage, même en faisant salle comble à l’année, ne sauraient prétendre à l’autonomie ou à la permanence. Aussi, après s’être efforcé de trouver tous les moyens de financement possibles durant trois ans, Pierre Jobin, fier du chemin parcouru, espère qu’il pourra consolider ses acquis et garantir un avenir à la chanson qu’il chérit grâce à des organismes subventionnaires. "Mon rêve, c’est de trouver un jeune qui va continuer l’aventure, confie-t-il. On doit développer des subventions, ne serait-ce que pour assurer la pérennité du lieu, et pour pouvoir transférer cette expertise-là à quelqu’un d’autre. Car sinon, le jour où je vais m’arrêter, ça va s’arrêter, et j’ai maintenant 59 ans… Ce n’est pas la peine d’avoir fait tout ça pour que ça s’arrête."
Campagne de financement
La seconde campagne de financement des Oiseaux de passage est présentement en cours. On espère amasser 40 000 $ et faire passer le nombre d’adhérents de 300 à 600. Il en coûte 20 $ pour être membre régulier, 50 $ pour être membre de soutien et 250 $ pour être membre corporatif. Un encan aura également lieu à la petite salle le 4 mai prochain à 14 h. Disques d’occasion et biens ayant appartenu à des artisans de la chanson seront mis en vente.