Khan : Bienvenue dans l’univers métissé de Khan

"Mon penchant pour l’alcool vient certainement de mon côté allemand; mon obsession pour le sexe, elle, remonte sûrement à mes racines turques; quant à mon héritage finlandais, il m’a laissé un petit côté romantique à la Sibelius…"

Bienvenue dans l’univers métissé de Khan, alias Can Oral (son vrai nom, juré craché), citoyen du monde qui se partage, depuis une dizaine d’années, entre New York (où il réside plus ou moins officiellement), Berlin (où il a grandi) et Mexico (où il se fait bronzer). Né d’un père turc et d’une mère finlandaise, élevé au biberon du punk et de la new-wave, et porteur d’innombrables identités musicales (Cube 40, H.E.A.D., PSI-Project, etc.), cet olibrius technoïde n’est pas du genre à rester en place très longtemps. Lors de notre entretien téléphonique, il tenait à partager sa plus récente trouvaille artistique, une sorte d’anomalie dans un parcours pour le moins éclaté: "Depuis deux ou trois concerts, je joue complètement sobre, ricane Khan (ha! ha!). Les shows ne sont pas tellement différents, mais je suis un peu plus intéressant et intelligent lorsque je m’adresse au public. Et puis normalement, ma journée commence avec une splendide gueule de bois, alors que ce matin, je suis complètement réveillé!"

Les derniers concerts de cet homme-machine, D.J. et producteur, qui bénéficie d’une certaine notoriété underground, sont différents pour d’autres raisons. Sur son récent disque, No Comprendo, il a invité plusieurs chanteurs et chanteuses (dont Julee Cruise, Françoise Cactus de Stereo Total, Hanin Elias d’Atari Teenage Riot, Diamanda Galas, Jon Spencer et autres); mais pour la tournée, il se contentera de Kid Congo Powers, qui l’accompagnera au chant et à la guitare, "parce que ça m’aurait vidé financièrement et émotivement d’emmener tous ces gens en tournée", précise Khan.

En effet, on imagine mal pareil aréopage d’ego surdimensionnés réunis sur la même scène, d’autant que chacun des participants de ce projet collectif semble avoir été shooté aux hormones avant de passer en studio. Inspirés par la porno-techno de 1-900-Get-Khan, le disque précédent, et par leurs propres penchants naturels, des chanteurs comme Jon Spencer et ce vieux fou lubrique d’André Williams ont donné une touche salace à No Comprendo. "Williams, je n’ai pas eu à l’encourager; c’est vraiment un fou, précise Khan. En fait, je pense qu’il ne se souvient même pas d’avoir participé à mon disque." Heureusement, les choses se sont parfois bien passées, notamment avec son partenaire de tournée. "Kid Congo est l’une des personnes que je ne connaissais pas avant de faire l’album; j’étais au courant de son travail avec le Gun Club, avec Nick Cave et avec les Cramps, mais on ne s’était jamais rencontrés. Depuis, on est devenus de grands copains et de vrais complices; il apporte une petite touche rock’n’roll bienvenue à ma musique."

Et si on ne peut vous garantir que Khan livrera un de ces strip-teases dont il est coutumier lors de cette soirée techno-roll, attendez-vous tout de même à une performance chaude, à l’image du disque. "Sur 1-900-Get-Khan, il va sans dire que l’omniprésence du sexe relevait d’une approche conceptuelle. Mais pour No Comprendo, je n’avais pas de concept défini à l’avance. J’ai simplement envoyé des musiques aux différents chanteurs qui ont fait leur truc sans que je leur donne d’indications. Alors si ma musique éveille les pulsions sexuelles de chacun, c’est bien malgré moi!"

Le 1er mai
À la Sala Rossa
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