

Pet Shop Boys : Flagrant déni
On ne peut pas vraiment accuser les Pet Sop Boys de profiter de la vague rétro années 80. Après tout, il ne sont jamais partis. Rencontre avec Chris Lowe, le plus taciturne de ces deux survivants.
David Desjardins
À moins d’avoir passé les 20 dernières années sous congélation cryogénique, la seule évocation du nom des Pet Shop Boys éveille instantanément chez quiconque le souvenir de mégasuccès populaires dont les titres s’alignent comme autant de trophées au palmarès Billboard: West End Girls, It’s a Sin, Always on My Mind, What Have I Done to Deserve This (avec Dusty Springfield) et, bien sûr, Domino Dancing, dernier hit radiophonique du célèbre duo britannique, remontant à la toute fin des années 80.
Depuis, le son des Pet Shop Boys n’a guère évolué mais il s’est raffiné, empruntant les voies déjà maintes fois arpentées en y ajoutant une légère touche de modernité ici et là. N’allez cependant pas dire à Chris Lowe, l’une des deux moitiés de cette formation, que les PSB sont une icône de la musique pop des années 80, il vous répondra: "Nous ne nous voyons pas comme un groupe des années 80; nous étions là à la toute fin, et la majeure partie de notre carrière s’est déroulée au cours de la décennie suivante." En termes de temps, certes, mais en termes de visibilité radiophonique et plus généralement médiatique, pas vraiment.
Leurs fans sont pourtant fidèles, et malgré des ventes d’albums modestes, leurs concerts généralement tenus à guichets fermés faisaient récemment dire au magazine Rolling Stone que les Pet Shop Boys étaient devenus les "Grateful Dead of Euro-Cheese Disco".
"Je ne suis pas tellement familier avec les Grateful Dead, je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire", marmonne timidement Chris Lowe depuis la toujours ensoleillée Miami où les PSB préparent la tournée suivant la sortie de leur plus récent album, Release.
Et ce n’est certainement pas innocemment que le duo qui, depuis près de deux décennies, décrit avec sensibilité la mélancolie que dissimulent les oiseaux de nuit impénitents a choisi cette destination reconnue pour son nightlife trépidant: "Je sors encore pas mal, avoue Lowe, mais désormais, je préfère passer mon temps à discuter dans la section VIP plutôt que de me trémousser sur la piste de danse."
De ce septième album, Release, on retiendra surtout la présence d’une autre figure imposante de la pop britannique, le guitariste Johnny Marr, ex-Smiths et collègue de l’autre moitié des PSB, Neil Tennant, au sein du groupe Electronic. "La contribution de Johnny est fabuleuse", affirme simplement Lowe, expliquant par la suite que ces mêmes pistes de guitare, élément singulier dans l’univers hautement synthétique du duo, avaient été enregistrées par Tennant au préalable, et que, insatisfaits du résultat, nos deux légendes de la pop en plein déni auraient demandé les services du guitariste, qui ne sera cependant pas de la tournée.
Une tournée qui s’amorce dans une Amérique aux prises avec un inconfortable flash-back culturel remettant Kraftwerk, Soft Cell, New Order et les Pet Shop Boys de la première heure au goût du jour. Exaspéré par les sempiternels retours vers le passé de la musique pop, Lowe conclut: "J’en ai assez de la nostalgie. On nous avait dit qu’il y avait un revival des années 80 en Amérique, mais je ne pensais pas que c’était grave à ce point. Dans les radios de Miami, on ne fait jouer que des trucs de cette époque, c’est à croire que les gens sont incapables de s’identifier à la musique qui se fait aujourd’hui."
Le 23 mai
Au Théâtre Saint-Denis
Voir calendrier Rock / Pop