Mononc Serge : La guerre des boutades
Musique

Mononc Serge : La guerre des boutades

Envers et contre tout, MONONC SERGE s’inscrit en faux devant la rectitude politique avec Mon voyage au Canada, un album que d’aucuns considèrent comme le sommet – ou le sous-sol – d’un humour destructeur qui ne fait pas de prisonniers. Aux  abris.

Pourfendeur des bien-pensants, Mononc Serge alias Serge Robert prend depuis maintenant quelques années son pied à trucider les personnages de l’actualité et du domaine culturel. De sa voix caricaturale, il envoie paître Maman Dion, vilipende les tenants du fédéralisme et alimente en humour l’ensemble des préjugés à l’endroit des Canadiens anglais. Mais n’allez pas croire que ce lubrique Mononc s’est pour autant donné comme mission d’éveiller le public ou de défendre la "bonne culture".

Rejoint à son domicile, celui qui balance napalm et fiel sur scène s’avère sage et poli en ce matin de juin, rompant avec l’image de vilain cabotin qu’il projette habituellement: "Je ne m’octroie pas de rôle, je ne suis pas la voix de la résistance, j’écris seulement des trucs qui me passent par la tête et qui m’amusent, affirme-t-il. Quand je parle de Maman Dion ["Fuck you Maman Dion, fuck tes recettes pis fuck tes chaudrons (…) Non, non, non! Comment fuir Maman Dion?"], je ne fais que réagir au fait qu’il y a des personnalités qui sont omniprésentes dans les médias et qui semblent nous poursuivre, qu’on le veuille ou non. Cette chanson-là, je l’ai faite en réaction au fait que même si je ne suis pas un consommateur de tous les Dion, Plamondon et autres, je suis obligé de les subir malgré moi. C’est certain que je charrie un peu et quand je compare l’émission La Fureur au Troisième Reich, j’exagère, mais c’est du défoulement, c’est une sorte d’exutoire, si tu veux. Je suis conscient que mon humour ne vole pas toujours très haut, mais je ne vais quand même pas changer pour rejoindre le plus bas dénominateur commun."

Avec des chansons aux propos scatologiques, comme Fini d’chier, et d’autres où la vulgarité franchit des sommets que les plus audacieux des humoristes ne rêvent même pas d’approcher, son plus récent album intitulé Mon voyage au Canada applique la politique de la terre brûlée, laissant la rectitude politique agoniser quelque part au milieu des plaines canadiennes. Serge se défend cependant de chercher à choquer: "C’est très libérateur de crier des insanités. C’est sûr que sur scène je suis baveux, je crie, je suis ben sauvage, mais dans la vie, je suis très calme. Je présume que la réalité se situe entre les deux, qu’il y a une sorte d’équilibre. Dans Fourrer, par ailleurs ["Parce que fourrer, c’est une fatalité, c’est ma finalité, c’est ma raison d’être…"], je pense que j’exprime quelque chose qui est absolument vrai. J’essayais d’écrire quelque chose de plus sérieux à propos du Grand Nord et je me trouvais pas mal plate, je me suis demandé ce que j’avais en tête: ben, fourrer! Oui, oui, fourrer (rires)! Des fois, on me demande si c’est une dénonciation de l’obsession sexuelle; c’est plutôt une constatation. Je pense que tous les gars ont cette bête en eux. Dès que tu vois une fille un peu sexy, ça occupe tout ton esprit."

Reste à voir si Mononc Serge aura le courage de haranguer une foule aussi nombreuse que celle du Woodstock en Beauce comme il a pris l’habitude de le faire dans les plus petites salles. Mais gageons d’emblée que oui, car bien que plus récemment, ses propos sarcastiques concernant les "gens des régions" n’aient pas toujours été bien reçus, l’ancien bassiste des Colocs ne craint pas les représailles: "Dans Charlevoix, il y a du monde qui sont allés voir Olivier [Langevin, le guitariste] parce qu’ils étaient offusqués que je me moque d’eux (rires). J’ai déjà reçu une mise en demeure (…), mais je ne pense quand même pas me faire casser la gueule un jour, je ne pense pas que ça ira jusque-là."

Le 28 juin

À Woodstock en Beauce