Festival des chants de marins : Vagues musique
Musique

Festival des chants de marins : Vagues musique

Invités par le Festival des chants de marins de Saint-Jean-Port-Joli, le Mystic Seaport Forbitter s’amène dans la région, une valise remplie de chansons qui relatent l’espoir comme la tristesse de générations entières de matelots qui, se laissant porter par le vent du large, entonnaient de magnifiques chants dont le groupe se fait l’un des derniers échos. Aux sombres héros de l’amer.

À des miles nautiques des chansons à boire qu’évoque l’expression chants de marins, les sublimes musiques du Mystic Seaport Forbitter ont bien plus à voir avec l’envoûtant appel des sirènes qu’avec les tristes mélopées imbibées de rhum qui furent jadis l’apanage des tavernes portuaires.

Diplômé en histoire de la musique folklorique, Craig Edwards occupe un poste permanent au Musée de la mer de Mystic, dans la région de Boston. Chaque jour, il y présente un spectacle, avec ses collègues du Forbitter, prodiguant par le chant et la musique une habile leçon sur les chansons entendues sur le pont des navires d’autrefois.

D’emblée, c’est à son rôle de pédagogue que l’on fait appel, réclamant certaines précisions quant aux spécificités des chants de travail et des forbitters, le second étant un genre méconnu cependant prisé par son groupe.

"La structure des chansons de travail [chanteys ou work songs] comprend des refrains et il s’agit de morceaux qui sont chantés sans accompagnement, car, tel que leur nom l’indique, ceux qui les chantaient étaient au travail et avaient donc les mains pleines. Certaines chansons de type forbitter comprennent parfois des refrains, mais n’ont pas les mêmes rythmiques typées héritées des chants d’esclaves", explique Edwards.

S’accompagnant de petits instruments qu’ils pouvaient aisément transporter à bord des navires sans trop s’encombrer (petits accordéons, violons, etc.), les marins abandonnaient parfois leur poste, s’installant à la proue (le forbit) du navire et y chantant leur désespoir. Craig Edwards et sa bande en font d’ailleurs autant, utilisant même certains instruments antédiluviens, dont le clavinetta, petit accordéon diatonique s’apparentant au bandonéon.

C’est en s’inspirant de nombreux documents d’archives, d’enregistrements rares et du savoir de quelques vieux loups de mer à la retraite qu’Edwards et collègues se sont bâti un répertoire qu’ils agrémentent d’arrangements plus contemporains. Mais l’aspect pédagogique de l’entreprise se fond littéralement dans la beauté de ces chants harmoniques qui racontent la houleuse relation qu’entretient l’homme avec la mer depuis la nuit des temps.

"Ce qui me touche dans cette musique, conclut Edwards, c’est avant tout la nature vitale de ces chansons, généralement faites par des gens qui travaillaient très fort, l’énergie qui s’en dégage est incroyable. Il y a aussi cet inconfort permanent de types qui passaient le plus clair de leur temps au large qui m’inspire et qui se traduit par une certaine mélancolie dans le ton. Ce qui est touchant dans cette musique, c’est avant tout l’appel, l’espoir, la manière à la fois très artistique et viscérale d’exprimer le mal du pays et de la terre ferme."

Le 17 août

À Saint-Jean-Port-Joli
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