Greg Macpherson : Le son du peuple
Musique

Greg Macpherson : Le son du peuple

On est souvent forcé de mener une existence qui n’est pas notre premier choix pour des raisons purement économiques", affirme Greg Macpherson, auteur-compositeur de Winnipeg dont les chansons sont constellées de personnages tristes à pleurer, vivant leur spleen à plein régime.

"Je ne pose pas de jugement sur la manière de vivre qu’adoptent les gens, mais je constate qu’il y a beaucoup de désespoir autour de moi. On est souvent forcé de mener une existence qui n’est pas notre premier choix pour des raisons purement économiques", affirme Greg Macpherson, auteur-compositeur de Winnipeg dont les chansons sont constellées de personnages tristes à pleurer, vivant leur spleen à plein régime. Mû par une guitare fiévreuse, il brosse un portrait paradoxalement émouvant d’une société qu’il accuse d’avoir tué l’envie.

Fils de militaire, Macpherson a fait des études en droit du travail avant de se consacrer à une musique que l’on pourrait décrire comme un rock de prolétaire (ou blue collar rock) moderne. Sur son plus récent album, Good Times Coming Back Again – qui fait suite à la parution très confidentielle des Balanced on a Pin et The Year of the Record Break -, il pose d’ailleurs un regard à la fois poétique et réaliste sur les gens sans histoire. Ceux dont on tait l’existence.

Macpherson y décrit une humanité noyée dans le cynisme, le regard tourné vers un rêve inaccessible, attendant que se produise quelque chose qui viendra la sauver de l’ennui au quotidien. Une manière d’envisager la classe ouvrière qui rappelle celle de plusieurs chanteurs folk et rock, notamment Springsteen. "Je n’ai jamais recherché cette comparaison, mais je trouve cela très flatteur. Je suis aussi issu de cette classe de gens où tout est désespoir, frustration, et je constate que, pour plusieurs personnes, le travail au quotidien abrutit et éloigne de rêves qui, la plupart du temps, ne se réalisent jamais. Les gens sont apathiques, mais je conserve de l’espoir et demeure convaincu que les humains sont bons à la base."

Ce rockeur des masses oubliées oppose cependant à la violence du punk – qui brandit aussi le flambeau de la dénonciation des iniquités sociales – mélodie et subtilité, dans le sillage de ses collègues des Weakerthans. Ces derniers croient d’ailleurs fermement que la mise en scène du quotidien des gens ordinaires recèle un message politique encore plus efficace que la dénonciation, tout comme Macpherson qui y voit aussi certaines qualités purement poétiques. "Je partage la colère du punk, mais c’est une musique qui m’a été étrangère pendant très longtemps, je ne m’y suis intéressé que récemment même si nos visées sont souvent les mêmes. Et pour moi, parler des gens ordinaires n’est pas seulement une position politique, c’est aussi quelque chose de très beau, d’esthétiquement attrayant et empreint d’un romantisme très touchant", conclut-il.

Le 7 septembre
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