Rentrée spectacles : Passages obligés
Musique

Rentrée spectacles : Passages obligés

Parmi les nombreux spectacles annoncés pour les prochains mois, en voici quelques-uns qui ont particulièrement retenu notre attention. Sélection.

Amon Tobin

Personnage effacé, Amon Tobin préfère aborder la facette obscure de son être à travers sa musique. Constituées de collages et de mutations sonores souvent lugubres sur des rythmiques brutales qui n’ignorent pas la piste de danse, ses pièces fascinent public et critiques depuis la parution de son premier essai sur l’écurie Ninja Tune: Bricolage. Depuis, le Brésilien qui vivait jusqu’à tout récemment sur la côte britannique a fait paraître deux autres excellents albums (Permutation et Supermodified) en plus de ressortir un long essai, plus rare ici, enregistré sous le pseudonyme de Cujo (Adventures in Foam). Et voici que Tobin, attiré par la chaleur locale, vient tout juste de s’installer chez nous, à Montréal, d’où il lancera un nouveau disque, intitulé Verbal. Compte tenu de la qualité de sa performance lors de son dernier passage, nous l’attendons de pied ferme, avec Bonobo, au Kashmir le 10 octobre.

Fredric Gary Comeau
Malgré son indéniable talent d’auteur-compositeur, Fredric Gary Comeau n’échappe toujours pas aux comparaisons. Et c’est sans doute guidé par celles-ci que le public s’est précipité pour se procurer son second album, Hungry Ghosts, principalement composé de ballades imbibées d’alcool, marquées par la route et la fin des beaux jours. Avec sa voix qui allie la chaleur d’un Cohen et la virulence passagère d’un Murat, Comeau triture les zones d’ombre, autopsie l’amour perdu et entreprend une fuite vers l’avant en nous amenant avec lui jusqu’aux confins des continents. Sur scène, l’homme rompt absolument avec l’image du poète torturé, désamorçant la tragédie à grands coups d’autodérision et de sarcasme. À voir, à l’Autre Caserne, le 17 octobre.

Tomas Jensen
Si on se fie à l’excellente performance qu’il offrait l’été dernier aux Francofolies de Montréal, Tomas Jensen est au faîte de sa courte mais brillante carrière. Mélange habile de chanson, de musiques latines et d’avant-garde, ses pièces respirent la fête, l’agréable dissidence et l’engagement social. Un métissage sonore et linguistique (français, espagnol et portugais) qui brille par la qualité du texte comme des arrangements, tel qu’en témoigne son plus récent album, Pied-de-nez, paru au printemps. Et s’il était autrefois confiné au confidentiel parcours des bars, Jensen s’amène maintenant avec tambours et trompettes à la Maison de la Chanson, les 2, 16 et 23 octobre en compagnie de son groupe les Faux-Monnayeurs. À ne pas manquer.

Jean-Marie Vivier
Artisan d’une chanson sur laquelle le temps n’a plus d’emprise, Jean-Marie Vivier ne nous avait pas rendu visite depuis presque 10 ans. Favorisant des arrangements simples qu’il colore à la guitare sèche, l’homme qui a jadis quitté l’enseignement pour se consacrer à la chanson (tel que lui avait conseillé Félix Leclerc) est surtout préoccupé par la recherche du mot juste, entreprise périlleuse à laquelle il excelle cependant. À l’image d’un Brassens, il dénonce la stupidité ambiante, touche par sa sensibilité et génère quelques sourires, approchant la vie avec un angle critique qui n’exclut pas les dérives humoristiques. Prolifique anar, Jean-Marie Vivier est peut-être de ces bêtes que l’empire du divertissement a placées sur la liste des disparus, mais il persiste pour notre plus grand bonheur. Aux Oiseaux de passage les 27, 28 et 29 septembre.

Fly Pan Am
Issu des légendaires Godspeed You Black Emperor (GYBE), le guitariste montréalais Roger Tellier-Craig mène aussi de front le projet Fly Pan Am. Misant sur une approche plus minimaliste que chez GYBE, le quartette échafaude un rock expérimental (postrock) où priment l’insinuation, le psychédélisme, la puissance d’évocation des musiques et une approche entre le degré zéro du glamour et l’indéniable désir de surprendre par l’énergie déployée. Hypnotique, renversante et souvent troublante, sa musique flirte avec le bruitisme (voir son plus récent album: Ceux qui inventent n’ont jamais vécu) et abhorre toute forme de symétrie. Et puisque son passage – rare, très rare – se fera en compagnie des Shalabi Effect et Below the Sea, il serait dommage de rater si belle occasion. Le 30 septembre au Kashmir.