Forestier chante Louise : Ça commence aujourd'hui
Musique

Forestier chante Louise : Ça commence aujourd’hui

Malgré une longue carrière jalonnée de moments qui resteront profondément gravés dans l’histoire de la chanson québécoise, LOUISE FORESTIER n’alloue aucune place aux regrets. Son regard, lucide et indulgent, demeure obstinément braqué vers  l’avant.

Forestier chante Louise

, c’est le titre d’un album paru en 1997 et de la série de spectacles qui a suivi. Aujourd’hui, si la soirée que nous présente Louise Forestier en compagnie du musicien Jean-François Groulx porte toujours le même nom, il ne faudrait pas s’imaginer que l’artiste trimballe la même formule depuis cinq ans. Il s’agit plutôt de l’amorce d’un tout nouveau spectacle où se côtoient des chansons inédites et des grands succès. "C’est un spectacle qui évolue sans cesse et que je pourrais faire jusqu’à la fin de mes jours puisque les chansons sont chaque fois complètement transformées. On en fait une relecture totale avec de nouveaux accords, de nouvelles harmonies", affirme l’auteure et interprète pour qui le passé est loin d’avoir une mainmise sur sa carrière actuelle. Contrairement à certains artistes, Louise Forestier serait en effet incapable de se contenter de la notoriété de ses "classiques". Elle admet même franchement que si une de ses vieilles chansons ne lui inspire plus rien de nouveau, elle ne la refera tout simplement plus: "Les choses m’ennuient vite, il faut toujours que j’avance."

Ce spectacle, elle le veut poétique, intimiste, mais surtout, exempt de toute complaisance nostalgique. "En fait, le mot nostalgie ne colle pas du tout à moi, explique-t-elle. Je suis tout sauf nostalgique. Comme je le dis d’ailleurs souvent, je n’ai pas de mémoire, je n’ai que de l’imagination." Un trait de personnalité qui lui permet d’une part de toujours garder intactes sa passion et son impulsion créatrice, et qui joue aussi un rôle hautement salutaire: "Je n’ai pas beaucoup de mémoire des faits, des choses de ma vie; je suis donc quelqu’un qui vit dans le présent. Ce n’est peut-être pas pratique pour écrire ses mémoires, mais en même temps, c’est l’idéal pour être capable de ne pas souffrir de cette nostalgie."

Louise Forestier ne se décourage donc pas devant le constat que les choses ont bien changé pour la chanson d’expression française. Celle qui a connu la fin des années 60 et les années 70, une période où la chanson s’est imposée comme un puissant moyen de prise de parole, reconnaît sans amertume qu’il s’agit aujourd’hui d’une sphère artistique qui peut difficilement se soustraire aux contraintes de l’industrie. Et c’est également d’un oeil bienveillant qu’elle observe la désaffection d’un public qui se détourne de plus en plus des chanteurs à textes au profit d’autres formes de divertissement: "Il y a des modes, des cycles, c’est le cours normal des choses. Je ne suis pas là pour dénigrer quoi que ce soit et je ne suis pas là non plus pour dire que les gens ont tort… C’est une réalité qui reflète des besoins qui sont inscrits dans la société et il faut faire avec. Oui, il y a une époque où la chanson occupait une plus grande place, maintenant c’est autre chose; les gens trouvent peut-être la vie difficile, ils ont envie de s’amuser autrement… why not?"

Le 14 septembre
À la Maison de la Chanson
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