Arthur H : Coup de H
Musique

Arthur H : Coup de H

Faisant preuve de retenue en demeurant sérieux plus d’une nanoseconde, Arthur H revient sur une aventure solo qui s’étire agréablement, d’un disque enregistré en spectacle à un retour sur scène, muni de chansons qu’on s’est plu à redécouvrir dans leur plus simple appareil.

Faisant preuve de retenue en demeurant sérieux plus d’une nanoseconde, Arthur H revient sur une aventure solo qui s’étire agréablement, d’un disque enregistré en spectacle à un retour sur scène, muni de chansons qu’on s’est plu à redécouvrir dans leur plus simple appareil.

S’il avance d’abord à la blague que "c’est le plaisir pervers de la déstructuration" qui l’a poussé à effeuiller ses chansons a priori habillées d’arrangements complexes, le Higelin que le temps a affranchi de la filiation y voit d’abord une obligation d’épuration technique qui l’a amené à revoir sa manière de rendre les émotions.

"C’est un exercice difficile, avoue-t-il, j’ai dû changer la manière dont je pose ma voix, ma façon de jouer du piano. Et tout est audible. Le moindre changement de sens s’entend. Il faut dire qu’avec mes amis [du Bachibouzouk Band], on était parti sur une musique assez dansante, assez moderne, avec beaucoup d’énergie, et peut-être que ça me manquait un peu, le côté doux, plus mystérieux, plus émotionnel d’une vraie chanson qui est vraiment autour du texte."

En ouverture de Piano solo, le témoin gravé de cette tournée qu’il reprend chez nous cette semaine, une interprétation fixe l’ambiance en invoquant l’esprit du Gainsbourg des débuts, comme à l’époque où ce dernier pianotait ses chansons jazz douces-amères et hautement cyniques pour les clients du Milord l’Arsouille: Alcool. Un référent efficace qu’il a choisi pour donner le ton? "Oui, pour le ton, mais pas pour le référent. Pas parce que c’est Gainsbourg, ou que ça fait référence à la chanson française des années 50, mais plutôt pour la force de la chanson", précise-t-il.

Tantôt insondable, tantôt d’une déconcertante ouverture, Arthur H cultive un mystère qui semble le suivre jusque dans l’intimité. Il évolue dans un univers particulier auquel on voudrait bien avoir accès autrement que par ses chansons, tellement la vie y semble magnifique, insufflant au morne quotidien une poésie hallucinée qui sourit à l’existence.

Une alternance entre le réel et le fantastique devenue la marque de commerce du chanteur et qu’on soupçonne être un mécanisme de protection ou une voie d’égarement vers laquelle il se plaît à aiguiller le journaliste qui voudrait creuser plus profondément qu’il ne le permettra. Est-ce vraiment le cas?

"C’est une question un peu perverse", rigole celui qui, dans une entrevue précédente à propos d’un hommage à Brassens auquel il avait participé [Les Oiseaux de passage], avait révélé sans rire qu’il faisait des cauchemars dans lesquels l’auteur-compositeur moustachu lui apparaissait nu sur un cheval ailé, l’enfumant d’une immense pipe!

"Je ne sais pas, conclut-il, j’ai une attirance pour la magie et je ne sais pas à quel degré elle est réelle ou si c’est juste ma perception qui se fourvoie. Mais ce climat de magie, je le trouve agréable et j’ai envie de le partager, de le communiquer et de le cultiver." Une voie qu’il aborde sans retenue dans ce spectacle à voir et à revoir.

Le 28 septembre
Au Spectrum
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